🇦🇷 🇪🇸 Javier Milei à Madrid le 8 juin 2025 (Jean-Jacques Kourliandsky / Nouveaux Espaces Latinos)
Le président argentin, Javier Milei avant de rencontrer à Nice, loin des Océans, son homologue français, Emmanuel Macron, pour parler de lithium, cuivre et autres minéraux, a fait halte à Madrid. Là comme à l’accoutumée il a laissé de côté les rituels diplomatiques. Il a ignoré le chef de gouvernement espagnol, le progressiste Pedro Sánchez, et a sauvagement dénoncé le socialisme.
Quel homme ! L’air d’un paysan malin, reniflant les bons coups, saluant à l’Arlequin, sa mauvaise foi était sidérante, en extase devant l’argent, il avait la bougeotte du mouvement ». « Euphorique, sautillant, chantant le tube du groupe de rock dur La Renga, il a fait irruption sur scène». Ces deux phrases, en continuité apparente, relèvent du collage, du copier-coller comme on dit aujourd’hui. La première fait allusion à un certain don Gaetano, présenté ironiquement par le romancier argentin Roberto Arlt, comme une « belle personne ». La seconde a été écrite par Iván Ruiz, journaliste du quotidien argentin La Nación, décrivant la performance physique et oratoire de Javier Milei au « Palacio Vista Alegre Arena » de Madrid le 8 juin 2025.
Le rapprochement était tentant. Les personnages du jouet enragé de Roberto Arlt sont loin des tatamis politiques de Milei. Les présidents n’y sont évoqués qu’une seule fois. Mais il est vrai sur un ton contemporain : « Le Président de la République a quatre « apaches » gardes du corps / Arrête de déconner / Non je te dis ils sont comme ça. Il ouvrait les bras comme un crucifié pour me donner une idée de leur capacité thoracique ».
Milei, jouet enragé ? Président physique, oui. Loin des codes policés de la diplomatie. Chef de barra brava, chanteur de rock, supporteur des Libertariens de l’économie. Comme certaines équipes sportives, il a ses terrains préférés. Madrid est manifestement de ceux-là. Il y a pris ses marques, bien avant sa victoire électorale de 2023. Là il a un public complaisant. Là il a des amitiés complices, Santiago Abascal, chef de Vox, le parti d’extrême-droite, Isabel Diaz Ayuso, présidente de la Région de Madrid, animatrice du courant le plus droitier du parti Populaire. Le 8 juin 2025 était son troisième déplacement « officiel » en Espagne, toujours sans voir son alter ego, Pedro Sanchez. Il est vrai qu’en mai 2024, au cours d’un rassemblement du parti d’extrême droite Vox, il a grossièrement attaqué la femme de Pedro Sánchez.
La mise en scène est d’un show à l’autre toujours la même. Le livret est sans surprise, mais attendu avec gourmandise par ses fanatiques. « Mort à l’État, mort aux services publics, mort au social, assistanat insupportable, mort à ses suppôts socialistes, mort aux journalistes, « poubelles médiatiques ». Tout cela a été scandé et repris de façon litanique dimanche 8 juin, dans le « Bercy » de la capitale espagnole. La partition s’est achevée sur le point d’orgue cher à ce M. Loyal du barnum politique, « Vive la liberté, putain !».
Seule concession à la coexistence pacifique d’antan, qui sous d’autres cieux, était alors pratiquée entre ennemis, il n’a pas interpellé cette fois-ci, son « homologue », président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez. Les pompoms girls and men, assis sur les gradins du cirque s’en sont chargés. Entonnant collectivement, un « Pedro Sánchez, fils de pute », auquel il leur a tout de même répondu, « Sachez que contre les socialistes de merde, je serai toujours à vos côtés ».
Il était là aussi pour une autre raison, « l’extase » partagée « devant l’argent ». Les puissances organisatrices de l’évènement, baptisé comme il se doit, Madrid Economic Forum 2025, étaient deux plateformes de promotion de crypto-monnaie, Racks Labs, Orion Funded, et une société d’optimisation fiscale, Abast Global. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, assister à ce one man show n’avait rien de philanthropique. Le droit d’addiction demandé aux aficionados de l’argent invisible, 7 à 8 000, n’avait rien de virtuel, de cent euros la place, pour l’entrée standard à 7 500 pour les Diamonds, en passant par 1 450 pour les Gold. (…)
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