🇨🇱 Procès historique au Chili : la justice s’attaque au trafic d’enfants sous Pinochet (Andréa Elia / Nouveaux Espaces Latinos)


Pour la première fois, la justice chilienne ouvre un procès concernant un réseau organisé de vols et d’adoptions illégales ayant sévi sous la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). Un juge a prouvé l’implication de médecins, travailleurs sociaux, avocats, prêtres et même d’un magistrat dans un système de trafic d’enfants : des milliers de nouveau-nés, arrachés à des familles pauvres, ont été vendus à des couples étrangers, notamment aux États-Unis et en Europe, pour des sommes allant jusqu’à 50 000 dollars.

Parmi les méthodes utilisées lors de ces enlèvements, faux certificats de décès pour effacer l’identité des enfants ou encore tutelles frauduleuses permettant de les dérober.

L’enquête ouverte récemment cible notamment Ivonne Gutiérrez Pavez, ex-juge pour mineurs réfugiée en Israël, dont l’extradition est demandée. Bien que ces crimes soient connus depuis des décennies (avec environ 20 000 victimes estimées), ce n’est qu’en 2014 que les premières plaintes ont été déposées. Le gouvernement actuel de Gabriel Boric a lancé un programme pour identifier et réunir les familles séparées.

Si un procès semblable avait été réalisé en Espagne pour les enfants volés sous la dictature franquiste, il marque une première historique au Chili : jamais la justice ne s’était penchée de manière aussi approfondie sur le réseau structuré d’adoptions illégales ayant sévi sous la dictature de Pinochet. Le procès, au-delà de son importance judiciaire, constitue une étape symbolique majeure dans la reconnaissance par l’État chilien d’un système de trafic organisé, avec la complicité d’institutions publiques et religieuses. Il pourrait ainsi faire jurisprudence en Amérique latine, en rejoignant les dynamiques de justice transitionnelle à l’œuvre dans d’autres pays touchés par des pratiques similaires, comme l’Argentine ou le Guatemala. (…)

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