Le cas Sarayaku : une victoire des résistances indigènes en Amazonie
Depuis, le peuple de Sarayaku n’a cessé de résister et de s’organiser pour empêcher l’activité pétrolière sur son territoire. Cependant en 2002 la compagnie argentine pénètre sur le territoire ancestral sans autorisation afin d’y effectuer des recherches sismiques, et entrepose près d’une tonne et demie d’explosifs dans le sous-sol : le Ministère de l’Energie dénombrera en tout 476 points d’entrepôts d’explosifs en territoire Kichwa et Achuar.
En 2003, Sarayaku demande l’intervention urgente de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme afin de faire valoir ses droits face à la compagnie pétrolière. La CIDH dictera ainsi des mesures préventives pour la défense de la vie et de l’intégrité de la communauté, cependant l’Etat équatorien n’en a jamais tenu compte.
En juillet 2011 s’est tenue l’audience du peuple de Sarayaku devant la CIDH au Costa Rica et finalement le 27 juillet 2012, après une décennie de combats et de résistances, la CIDH a déclaré à l’unanimité que l’Etat équatorien était responsable de la violation de droits collectifs, n’ayant pas respecté le principe de la demande de consentement préalable, le droit de propriété communale indigène, l’identité culturelle et l’intégrité du peuple de Sarayaku.
Cette sentence est une grande victoire pour les peuples indigènes de la région car elle établit que dorénavant tous les pays signataires de la convention Américaine devront consulter préalablement les peuples et communautés indigènes avant toute activité susceptible d’affecter les territoires et les peuples originaires.
La victoire du peuple résistant et emblématique de Sarayaku doit constituer un exemple pour la lutte des peuples amazoniens et indigènes latinoaméricains.
Actuellement, la fondation Pachamama prévoit d’organiser des échanges entre le peuple de Sarayaku et le peuple Achuar ,qui devra affronter la 11ème ronde pétrolière, en créant des ateliers de résistance et d’organisation collective qui s’inspirent de l’expérience de Sarayaku face à l’activité pétrolière en Amazonie.
1) La Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme est l’organe juridictionnel de protection des droits de l’homme de l’O.E.A., c’est en quelque sorte l’équivalent de la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour le continent américain. Elle est ainsi chargée de faire appliquer la Convention américaine relative aux droits de l’homme par tous les États membres de l’OEA ayant reconnu la compétence de la Cour.
Lucia Villaruel
Service civique de FAL à la Fondation Pachamama – Equateur