Le peuple vénézuélien prisonnier des frontières (Coralie Hodgson/ Le Journal des alternatives)
Plus de 4,6 millions de Vénézuélien·e.s ont fui leur pays au cours des dernières années en raison des crises politique, sociale, économique et humanitaire qui sévissent dans la république bolivarienne. Face à cet exode sans précédent, des pays de la région sud-américaine ont récemment imposé des conditions d’entrée plus strictes aux ressortissant·e.s vénézuélien·ne.s.
En juin 2019, le Pérou et le Chili ont instauré l’obligation pour les Vénézuélien·ne.s d’avoir un visa et un passeport en règle pour entrer sur leur territoire. Deux mois plus tard, l’Équateur leur a emboîté le pas. En effet, le président équatorien Lenín Moreno a affirmé vouloir ainsi garantir l’ordre et la sécurité dans le pays, autant pour la population locale que pour les migrant·es, en plus de faciliter la régularisation du statut de ces derniers.
Toutefois, ces nouveaux visas sont hors de portée pour la plupart des Vénézuélien·ne.s. D’une part, leur prix varie entre 20 et 100 dollars américains. À cela s’ajoute des pots-de-vin aux fonctionnaires qui peuvent s’élever jusqu’à 5000 dollars américains. D’autre part, il est pratiquement impossible d’avoir un passeport légal dans un délai raisonnable. En conséquence, le nombre d’entrées officielles de migrants en provenance du Venezuela a nettement baissé dans ces trois pays depuis juin. Malgré tout, certaines personnes migrantes tentent encore de passer les frontières en utilisant des chemins non officiels. En raison de l’irrégularité de leur statut, les migrant·es d’origine vénézuélienne risquent de tomber entre les mains de trafiquants ou de passeurs qui font des profits en ciblant les migrant·es désespéré·es d’intégrer le pays.
En refusant les migrant·e.s vénézuélien·ne.s à leur frontière, ces pays les empêchent donc d’y faire une demande de réfugié. Pourtant, bien que la plupart des pays de la région aient signé la Déclaration de Carthagène sur les réfugiés et intégré ses principes dans leur droit interne, ce sont plutôt des réponses ad hoc qui sont proposées pour éviter d’octroyer le statut de réfugié. De fait, cette Convention, adoptée en 1984 par dix pays latino-américains, inclut une définition élargie du statut de réfugié en considérant comme tel « les personnes qui ont fui leur pays parce que leur vie, leur sécurité ou leur liberté ont été menacées par la violence généralisée, les agressions étrangères, les conflits internes, les violations massives des droits de l’homme ou d’autres circonstances qui ont gravement troublé l’ordre public ». L’Organisation des États américains (OEA) a récemment réitéré que tous les pays devraient accorder le statut de réfugié aux Vénézuélien·es et a incité les signataires de la Convention à en appliquer les principes (…)
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