🇨🇴 🇪🇨 🇲🇽 L’Équateur, la Colombie et le Mexique face aux narcos et à l’insécurité (France Culture)


Face au trafic de drogue et à une recrudescence de la criminalité, l’Équateur permet aux civils de s’armer. La Colombie a été la plus meurtrière pour les défenseurs des droits humains en 2022. Le Mexique répond aux craintes sécuritaires et touristiques des États-Unis.

3 avril, un militaire équatorien monte la garde à un poste de contrôle de Guayaquil, après que l’état d’urgence a été déclaré pour répondre au trafic de drogue ©AFP – Gerardo MENOSCAL / AFP

En Équateur, les civils peuvent désormais porter des armes, en public : c’est ainsi que le président de droite Guillermo Lasso veut lutter contre l’insécurité croissante dans le pays, explique El Telegrafo, média d’état en ligne. Son discours à la nation, prononcé samedi 1er avril, et son décret pour autoriser “la détention et le port d’armes civiles pour la défense personnelle”, dans la rue, dans les lieux publics, suscite, depuis, bien des critiques. Crainte d’un nouvel engrenage de violences, écrit El Universo. Ce titre, pourtant conservateur, fait valoir les arguments de deux universités, qui ont “rejeté la décision de l’exécutif d’autoriser le port d’armes parmi la population”“Lorsqu’une personne a accès à une arme, elle peut se sentir plus puissante et plus confiante pour agir violemment”, déclare par exemple le syndicat d’étudiants en psychologie. C’est “irresponsable”, estime, de son côté, la principale organisation indigène d’Équateur. Cette décision va, selon elle, provoquer “un environnement de terreur permanente pour la population avec plus de violence, de criminalité et d’assassinats”. Le président équatorien Guillermo Lasso a tenté de répondre à toutes ces critiques sur Ecuavisa, télévision privée équatorienne : “il s’agit d’une détention et d’un port d’armes réglementés”, insiste le président équatorien, car il faudra notamment, pour posséder une arme, “passer un test psychologique, délivré par le Ministère de la Santé Publique et obtenir un certificat d’aptitude au maniement des armes, délivré par le Ministère de la Défense Nationale, ne pas avoir été condamné pour crime”.

Armer les citoyens,”n’est-ce pas un aveu d’impuissance de la part de l’État ?” C’est la question que pose la journaliste de la chaîne Ecuavisa. “C’est une demande des entreprises de sécurité privée”, rétorque le président équatorien. Avec des vigiles et gardes de sécurité pouvant désormais utiliser un pistolet ou un revolver, “les sociétés de sécurité privées pourront prêter assistance aux forces armées et à la police nationale”, déclare Guillermo Lasso. Le quotidien El Comercio organise un sondage, en Une de son site, pour savoir si ses lecteurs accepteraient de porter des armes pour se défendre. Une majorité a répondu “oui”. Mais le journal donne aussi la parole à des experts, pour qui le port d’armes à usage civil pour la défense personnelle peut accroître la violence” en Équateur. Quant aux certificats nécessaires pour acquérir ces armes, “il existe un risque” que certaines personnes y accèdent via la corruption, note encore El Comercio.

Hausse dramatique des homicides en Équateur

La chaîne Al Jazeera rappelle la hausse dramatique du taux d’homicides en Équateur. Il est passé de 5,8 homicides pour 100 000 habitants en 2017 – l’un des taux les plus bas du monde occidental – à 25,5 en l’an dernier. Les choses pourraient empirer selon Agustín Burbano de Lara, sociologue de l’Université de Buenos Aires, interrogé par le quotidien équatorien El Universo : “à l’exception de la Suisse, tous les pays qui autorisent le port d’armes par des civils ont des taux d’homicides élevés pour 100 000 habitants […] La portabilité n’y a pas généré plus de violence parce qu’elle dispose de capacités de régulation adéquates — ce qui en Équateur est inexistant — et qu’elle fait partie des pays qui connaissent les indicateurs de développement humain les plus élevés. (…)

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