Les femmes, moteur de la métamorphose de la ville de Medellín en Colombie (Marie Delcas / Le Monde)

Sur les flancs de la butte de Moravia, les plates-bandes carrées dessinent un ravissant patchwork. Le métro aérien qui traverse la ville de Medellin passe juste au pied du monticule de verdure. Côté ouest, le paysage se fait parpaings et tôles. « Quand je suis arrivée, tout était poubelle », se souvient Elsy Torreglosa en désignant d’un geste le quartier de Moravia, devenu symbole du processus de rénovation de Medellín. Berceau de l’industrialisation du pays au XIXe siècle, la deuxième ville de Colombie se veut aujourd’hui modèle d’innovation urbaine.

Elsy est une des fondatrices de Cojardicom. La coopérative réunit aujourd’hui une douzaine de femmes. Elles s’occupent, en bénévoles, de la superbe pépinière qui, en haut de la butte, abrite orchidées et anthuriums. « Nous voudrions cultiver un potager bio, raconte Elsy. Mais il nous faut des fonds pour investir et faire de la culture hydroponique. Le sol, ici, est trop toxique pour une culture vivrière. » La verdure ne doit pas tromper. Sous le jardin de Moravia, la terre regorge de métaux lourd et de gaz toxiques.

Medellín: les femmes du quartier de la Moravia ont créé une coopérative et cultivent des plantes sur ce qui était auparavant une montagne de déchets. AFP/Raul Arboleda

Sourire éclatant et ongles impeccablement vernis, Angela Holguien, 42 ans, a grandi ici au milieu des ordures. Elle raconte l’histoire du quartier aux touristes qui viennent en admirer la métamorphose. « Dans les années 1960, les gens venaient ici jeter leurs poubelles, sans que personne ne s’en soucie, explique Angela. De 1972 à 1984, Moravia est devenu officiellement décharge municipale. Les paysans qui fuient la violence et la misère des campagnes arrivent par milliers. La gare routière est juste de l’autre côté de la voie, alors les nouveaux arrivants n’ont qu’à la traverser pour s’installer sur les ordures. » Le quartier grossit, la butte grandit dans la puanteur. Elle atteindra 40 mètres de hauteur. (….)

(…) Lire la suite de l’article sur le site du Monde