🇧🇷 L’invasion du Congrès à Brasília par des partisans de Bolsonaro (Revue de presse)


Triste nouvelle pour la démocratie brésilienne… Dimanche 8 janvier 2023, le Congrès brésilien, le palais présidentiel et la Cour Suprême à Brasilia ont été envahis par des partisans de Bolsonaro. La démocratie brésilienne est-elle en danger ?Voici quelques articles, photos et vidéos pour vous éclairer sur ce drame qui démontre encore plus à quel point le Brésil est fracturé.

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Interview de Maud Chirio, historienne (Un jour dans le monde / France Inter / 9 janvier 2023)

Une semaine après l’investiture du Président fraîchement élu Lula da Silva, les principales institutions démocratiques ont été envahies par des centaines de brésiliens contestant le résultat de l’élection présidentielle du 30 octobre dernier.

Des partisans de Bolsonaro prennent d’assaut le Congrès national à Brasilia, Brésil, le 8 janvier 2023. — © André Borges / keystone-sda.ch

Les sympathisants de l’ex-président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, ont saccagé ces symboles démocratiques, allant jusqu’à s’emparer de l’exemplaire original de la Constitution de 1988. Le parallèle avec l’invasion du Capitole américains par des militants pro-trump du 6 janvier 2021 est frappante.

Cette attaque était pourtant à prévoir. Le refus de Jair Bolsonaro à reconnaître la victoire de Lula n’a fait qu’attiser la méfiance de ses partisans envers les institutions brésiliennes. La responsabilité de l’ex-président est donc engagée. Mais de nombreux points restent encore à éclaircir, comme le rôle des forces de l’ordre. Comment ont-elles pu se laisser déborder par un rassemblement pourtant prévu ?

Pour son début de mandat, Lula fait donc face à un pays extrêmement polarisé et une capitale en état de siège. Cette insurrection est-elle une menace concrète pour la démocratie brésilienne ? Ou signe t-elle le déclin à venir du mouvement de Jair Bolsonaro ? (…)

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La démocratie brésilienne attaquée en son cœur
(France 24 / 9 janvier 2023)

Des partisans de Jair Bolsonaro prennent d’assaut le palais présidentiel à Brasília, le 8 janvier 2022. © Reuters

Au Brésil, une tentative d’insurrection prévisible?
(RFI) – Le 9 janvier 2023

Des milliers de partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro ont envahi le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême à Brasília, dimanche 8 janvier, une semaine après l’investiture du président de gauche Lula. Les forces de sécurité ont semblé dépassées. Pourtant, les signes annonciateurs étaient nombreux. 

Des partisans de l’ancien président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro ont investi le Congrès après que des manifestants ont envahi le palais présidentiel et la Cour suprême, à Brasília, le 8 janvier 2023. REUTERS – STRINGER

Ce qui a surpris, c’est la facilité avec laquelle les manifestants ont approché les bâtiments officiels, alors qu’on savait qu’il y avait des tensions, que beaucoup de partisans de Jair Bolsonaro contestaient la victoire de Lula et cherchaient à en découdre, rappelle Martin Bernard, notre correspondant au Brésil. Les manifestants ont franchi un barrage de police, apparemment sans grande résistance, et ils ont tout saccagé dans leur sillage à la présidence, au Congrès et à la Cour suprême. Si les autorités semblaient dépassées, cela faisait pourtant des mois que les militants bolsonaristes évoquaient une action violente. Dès la victoire de Lula, des centaines de pro-Bolsonaro ont, en effet, commencé à camper devant les QG de l’armée pour réclamer un coup d’État. Fin décembre, la police avait déjoué une tentative d’attentat.

« Les différents groupes se sont organisés ces derniers mois »

Brasília, Sao Paulo, Rio, Belo Horizonte… Dans toutes les grandes villes, les Bolsonaristes campaient toujours jusqu’à vendredi, quand la police les a évacués. Avant qu’ils ne regagnent les lieux le lendemain. Des bus remplis de partisans de Bolsonaro n’ont alors cessé d’arriver dimanche, tandis que sur les réseaux sociaux, les appels à la violence et à l’insurrection devenaient de plus en plus violents. Les médias et les élus pro-Lula ont alors été forcés de tirer le signal d’alarme.

Pour Odilon Caldeira Neto, professeur d’histoire de l’université fédérale de Juiz-de-Fora et coordinateur de l’Observatoire de l’extrême droite, « c’était prévu. Les différents groupes se sont organisés ces derniers mois, articulés par Bolsonaro puis mobilisés par certains militaires comme le général Braga, le général Augusto Heleno. Et ils ont eu le soutien financier de chefs d’entreprise de secteurs financiers stratégiques pour le camp Bolsonaro, comme le secteur de l’agronégoce. Par ailleurs, il faut souligner que certains secteurs de la police militaire, qui démontraient déjà un certain degré de bolsonarisation au cours de ces dernières années, ont été plus que laxistes face aux agitations antidémocratiques », souligne-t-il.


Quel rôle pour les forces de sécurité ?

Autant d’éléments qui posent la question du rôle des forces de sécurité. Les pro-Bolsonaro semblent avoir bénéficié de complicités auprès des forces de sécurité à Brasília. Et samedi, le chef de la sécurité de Brasília, Anderson Torres, a quitté le pays pour la Floride où se trouve encore Jair Bolsonaro.

Le président Lula a déclaré l’intervention fédérale, avec l’appui de l’armée, pour rétablir l’ordre à Brasília. Lula a qualifié ces manifestants de « fascistes fanatiques » qui « paieront pour ce geste antidémocratique ».

Ces images ne sont pas sans rappeler la prise d’assaut du Capitole, il y a deux ans, aux États-Unis. C’est une attaque frontale contre la démocratie brésilienne, une semaine après l’investiture de Lula. « Mais il faut aussi souligner les particularités brésiliennes, pointe Odilon Caldeira Neto. (…)

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A Brasília, les bolsonaristes imitent les trumpistes
(Libération) – le 8 janvier 2023

Il aura fallu plus de quatre heures aux forces de l’ordre pour achever de reprendre le contrôle de l’ensemble des édifices gouvernementaux, envahis par des partisans de l’ancien président, dimanche 8 janvier. La police a procédé à plus de 300 arrestations.

Des partisans de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro affrontent la police lors d’une manifestation devant le palais du Planalto à Brasília, le 8 janvier 2023. (Evaristo Sa /AFP)

Comme une impression de déjà-vu. Le 6 janvier 2021, des milliers de fanatiques de Donald Trump, galvanisés par un discours de l’ancien président d’extrême droite qui refusait d’admettre sa défaite, entraient de force dans le Capitole des Etats-Unis. Les réseaux sociaux étaient rapidement inondés d’images de ses partisans, assis dans le fauteuil d’un élu ou fanfaronnant dans les couloirs de l’imposant bâtiment.

Ce dimanche 8 janvier 2023, la scène semble se répéter en tous points, quelques milliers de kilomètres au sud de Washington. Un peu avant 15 heures au Brésil (19 heures à Paris), un cortège de bolsonaristes convaincus que l’élection qui s’est tenue fin octobre 2022 leur a été volée est arrivé aux abords de la place des trois pouvoirs de Brasília, où sont regroupés le Congrès, la Cour suprême et le Palais présidentiel. La marche était spontanée : les partisans de Jair Bolsonaro n’ont pas eu besoin d’un grand discours de leur chef adulé pour tenter un coup d’Etat.

Forçant bien facilement, comme aux Etats-Unis, des cordons de policiers, les manifestants ont réussi dans un premier temps à s’approcher plus encore du Congrès, avant d’entrer de force dans le bâtiment en brisant des vitres. Tout de vert et jaune vêtus, beaucoup fanfaronnaient de leur coup de force, publiant sur les réseaux sociaux des vidéos dans les travées du Parlement, dansant dans l’hémicycle du Sénat, drapeau du Brésil sur les épaules ou saccageant l’intérieur des bâtiments, trésors de l’architecture moderne qui regorgent d’œuvres d’art. Certains filmaient et retransmettaient même en direct les événements, tandis qu’au moins huit journalistes étaient agressés physiquement et leur matériel détruit.

Sur place, Lula dénonce «vandales et fascistes»

Quelques minutes plus tard, d’autres groupes de manifestants ont réussi à pénétrer dans la Cour suprême et le Palais présidentiel, reproduisant dans chaque bâtiment les mêmes scènes. «Cette tentative absurde d’imposer la volonté par la force ne prévaudra pas. Le gouvernement de Brasília va envoyer des renforts. Et les forces dont nous disposons sont à l’œuvre», a réagi Flávio Dino, le ministre de la Justice.

Le ministre du secrétariat de la Communication sociale, Paulo Pimenta, parle, lui, d’une «minorité violente», de «putschistes»  qui «n’acceptent pas le résultat de l’élection et prêchent la violence».

Il a fallu plus de quatre heures aux forces de l’ordre pour achever de reprendre le contrôle de l’ensemble des édifices gouvernementaux. La police a procédé à plus de 300 arrestations et annoncé travailler à l’identification d’autres personnes responsables de ce que le gouverneur de Brasília, Ibaneis Rocha, a qualifié d’un «acte terroriste». Le président fraîchement intronisé, Luiz Inacio Lula da Silva, qui était en déplacement dans l’État de São Paulo au moment des faits, avait rapidement réagi en décrétant un état d’urgence autorisant le gouvernement fédéral à intervenir «par tous les moyens nécessaires» pour restaurer l’ordre.

Puis, une fois arrivé sur place après la fin des opérations d’évacuation, le chef de l’État a condamné des évènements «abominables», «sans précédent dans l’histoire de notre pays», et averti que tous les responsables, y compris les financiers de ces «vandales et fascistes», feraient l’objet d’investigation et seraient punis «avec toute la force de la loi». (…)

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Brésil : Lula annonce une opération sécuritaire après l’assaut des partisans de Bolsonaro
(France 24) – Le 8 janvier 2023

Voici les déclarations de Lula suite à l’invasion du Congrès.

Brésil : Lula annonce une opération sécuritaire après l’assaut des partisans de Bolsonaro – France 24

Invasion du Congrès au Brésil : ces élus accusent la police d’avoir laissé les bolsonaristes entrer
(Le Huffpost) – Le 8 janvier 2023

Plusieurs élus brésiliens ont souligné l’inaction du gouvernement fédéral, en charge de la sécurité des sites envahis par les pro-Bolsonaros. Le chef de la sécurité de la région de Brasília a d’ailleurs été limogé ce dimanche.

Sur cette image, des policiers brésiliens observent la marée humaine pro-Bolsonaro s’introduire dans les principaux lieux de pouvoir du Brésil, sans grande inquiétude apparente (Source: Twitter)

BRÉSIL – Les premières têtes commencent à tomber après l’invasion des principaux de lieux de pouvoir de Brasília par des pro-Bolsonaro. Ce dimanche 8 janvier, des centaines de manifestants aux couleurs du Brésil se sont introduits avec violence et sans grande difficulté apparente dans le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême.

Face au chaos ambiant près de la Place des trois pouvoirs, plusieurs députés brésiliens ont mis en doute le travail des services de sécurité et de la police fédérale, les accusant de complicité avec les manifestants. Les membres du gouvernement de la région de Brasília ont également été mis en cause pour leur inaction.

Et très rapidement, la situation a d’ailleurs contraint le gouverneur de la région de Brasília, Ibaneis Rocha, à annoncer le limogeage d’Anderson Torres, ministre de l’intérieur (appelé secrétaire à la Sécurité Publique), avant d’être lui-même démis de ses fonctions par la justice. Tous deux ont été des alliés politiques de Jair Bolsonaro.

Les excuses à Lula pour cette tentative d’assaut sur le Parlement, qu’il n’a pas su prévenir, n’auront pas suffi au gouverneur du District fédéral (DF), le territoire où se trouve la capitale Brasilia, à conserver son poste. « Ce qui s’est passé dans notre ville est inacceptable », avait reconnu Ibaneis Rocha.

Le gouvernement du District fédéral dans le viseur

Il faut dire que l’entourage de Lula n’avait pas retenu ses coups à l’encontre du gouverneur, à l’image de la présidente du parti politique du président, Gleisi Hoffmann. « Le gouvernement DF a été irresponsable face à l’invasion de Brasilia et du Congrès national », a-t-elle écrit sur Twitter, ajoutant que « le gouverneur et son secrétaire à la sécurité, bolsonariste, sont responsables de ce qui se passe ».

Autre membre du Parti des travailleurs, le député Jorge Solla a lui aussi montré du doigt Ibaneis Rocha, tout comme son désormais ex-secrétaire à la Sécurité Publique. « La responsabilité du gouverneur Ibaneis Rocha, du District fédéral, est incontestable. Les renseignements fédéraux étaient au courant de la menace et ont alerté le GDF, qui a assuré qu’il prendrait des mesures et ne l’a pas fait. Au lieu de cela, des images apparaissent de tous les côtés de la police aidant les manifestants », écrit-il, promettant que « celui qui est en faute paiera ».

Le laxisme des forces de sécurité

Si la zone où se côtoient le Palais présidentiel de Planalto, la Cour suprême et le Congrès, avait pourtant été bouclée par les autorités, les bolsonaristes sont quand même parvenus à rompre les cordons de sécurité. Les policiers, qui semblaient complètement débordés, ont tenté, en vain, de les repousser avec du gaz lacrymogène.

Ces derniers ont d’ailleurs été mis en cause par de nombreux autres élus sur les réseaux sociaux, les accusant d’être de mèche avec la marée humaine pro-Boslonaro.

Pour André Janones, député centriste du mouvement En Avant, il est inimaginable qu’une invasion pareille soit possible sans une aide extérieure, témoignant de l’important dispositif généralement en vigueur sur ces lieux. « Ceux qui ne se rendent pas quotidiennement au congrès ignorent la difficulté d’accès. Quand j’y emmène un membre de ma famille, l’entrée est très bureaucratique, à cause de la sécurité. Les bandits ne sont pas seulement dans la rue, ils sont infiltrés au PM et dans la police législative. Ils seront tenus responsables ! ».

Andréa Werner, député du parti socialiste brésilien se montre moins directe mais tout aussi loquace à propos de la manière d’agir des forces de l’ordre en déclarant que « Les balles en caoutchouc et les matraques sont réservées aux enseignants ».

Certaines images semblent même montrer des membres de la sécurité des lieux prendre en photos les événements et discuter avec certains manifestants, comme en témoigne une journaliste de Globo. (…)

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