🇲🇽 Au Mexique, l’ancien parti hégémonique perd son dernier bastion (Les Enjeux Internationaux / France Culture)


Le parti de gauche au pouvoir au Mexique a arraché le poste de gouverneur dans l’État de Mexico, bastion pendant plus de quatre-vingt-dix ans du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). Le parti Morena consolide ainsi sa domination à un peu plus d’un an de la prochaine présidentielle.

Entretien avec Willi Sonnleitner professeur de sociologie politique au Colegio México par Baptiste Muckensturm

Delfina Gómez, candidate au poste de gouverneur de l’État de Mexico pour une coalition menée par le parti politique Morena au pouvoir ©AFP – Claudio Cruz

Le Mexique vit cette semaine une grande agitation politique. Le ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard vient d’annoncer sa démission afin de se consacrer à l’élection présidentielle de 2024 et pour tenter de succéder à Manuel López Obrador, arrivé au terme de son mandat non renouvelable. Cette déclaration suit la victoire du parti de gauche Morena, pour le poste de gouverneur de l’État de Mexico, la région la plus peuplée du pays. Le résultat est historique et mets fin à quatre-vingt-dix ans d’hégémonie du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). Dimanche dernier, le parti a perdu cette place-forte au profit du parti Morena.

La victoire d’une coalition

L’élection du gouverneur de l’État de Mexico fait office de scrutin symbolique qui annonce le coup d’envoi de la présidentielle de 2024. C’est Delfina Gómez, enseignante de soixante ans, qui a été élue à 54 % des suffrages dans un contexte de forte rivalité entre les deux coalitions candidates. À la tête de la coalition Juntos Hacemos Historia, Delfina Gómez a une grande expérience en politique : après avoir été gouverneure de l’État de Texcoco, elle se présente au même poste pour l’État de Mexico, mais échoue de peu en 2017, puis intègre le gouvernement du président Obrador de 2018. Cette fois-ci, le jeu des coalitions sera à son avantage, lui permettant de remporter cette élection bi-partisane très serrée. Willi Sonnleitner le précise : ” l’écart des voix a été bien plus faible qu’estimé : seuls 8% ont départagé les deux candidates, contre 20 % prévus dans les sondages.”

Pour le PRI, la fin de l’hégémonie ?

La victoire de Delfina Gómez est aussi la défaite historique du PRI, le Parti révolutionnaire institutionnel et de la coalition composée avec les partis PAN et PAD. Ces trois partis ont été à la tête du pays durant ces vingt-cinq dernières années. Toutefois, depuis les années 1990 on assiste à la fin progressive du PRI dans la vie politique mexicaine. Willi Sonnleitner le souligne : ” Le PRI n’est plus ce qu’il était historiquement, c’est-à-dire un parti d’État. Le PRI n’était pas un parti dans le sens conventionnel, mais une famille révolutionnaire, un groupe de pouvoir caractérisé par son autoritarisme, mais aussi par son ouverture aux différents partis politiques et où s’organisaient des alternances internes. Les élections de dimanche participent à tourner la page de ce modèle”.

Toutefois, dimanche dernier également, dans l’État de Coahuila, frontalier des États-Unis, le PRI a largement remporté l’élection. Rien n’est donc gagné du point de vue électoral pour Morena, dans la perspectives des élections présidentielles de 2024. (…)

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Pour rappel, voir : Mexique: Delfina Gómez, candidate soutenue par le parti présidentiel, remporte l’État de Mexico (Gwendolina Duval / RFI)