Mexique : une journaliste assassinée à Tijuana (Monde / AFP / RFI)
Après les meurtres du journaliste José Luis Gamboa, poignardé le 10 janvier dans le port de Veracruz et du photographe Margarito Martínez, spécialisé dans les affaires policières, assassiné le 17 janvier 2022 à Tijuana, Lourdes Maldonado López est la troisième professionnelle des médias tuée depuis le début de l’année 20200 au Mexique, pays considéré comme l’un des plus dangereux au monde pour les journalistes.
Voir notre article précédent : Mexique : un photoreporter assassiné une semaine après le meurtre d’un ancien journaliste (Le Monde avec AFP)
Il s’agit du deuxième meurtre d’un professionnel des médias en une semaine à Tijuana. Une journaliste a été « assassinée », dimanche 23 janvier, dans cette ville du nord-ouest du Mexique située à la frontière des Etats-Unis, a annoncé le parquet régional. Collaborateur de plusieurs publications mexicaines, le photographe Margarito Martinez avait été tué lundi 17 janvier près de chez lui, à Tijuana également.
Lourdes Maldonado López a été tuée par « arme à feu alors qu’elle se trouvait à bord d’un véhicule », a précisé le parquet général de l’État de Basse-Californie. Des coups de feu ont été entendus vers 18 h 20 (3 h 20 à Paris), a rapporté le journal Zeta Tijuana. Une enquête a été ouverte.
Cette journaliste avait travaillé comme correspondante d’un média mexicain à Tijuana dans les années 1990. Elle avait ensuite travaillé pour plusieurs médias, dont Primer Sistema de Noticias (PSN) dirigé par Jaime Bonilla, gouverneur de l’État de Basse-Californie de 2019 à la fin de 2021, au sein d’une coalition intégrant le parti présidentiel Morena.
« On a peur pour ma vie »
Mme López avait gagné il y a quelques jours un procès contre PSN, qu’elle poursuivait depuis neuf ans pour licenciement abusif, avait rapporté la presse mexicaine. La journaliste avait demandé il y a deux ou trois ans au président de la République, Andrés Manuel López Obrador, « appui, aide et justice parce qu’on a peur pour ma vie », selon une vidéo republiée sur les réseaux sociaux à l’annonce de son assassinat.
« Je suis en procès depuis six ans avec [Jaime Bonilla] », y déclarait-elle, interpellant le chef de l’État lors de l’une de ses conférences de presse. Le président l’avait renvoyée vers son « coordinateur de communication sociale » (porte-parole) pour « qu’il [l]’aide et [l]’appuie, pour que l’on demande justice, pour qu’il n’y ait pas d’abus de pouvoir ».
La déléguée de l’organisation non gouvernementale Reporters sans frontière (RSF) au Mexique, Balbina Flores, a déclaré à l’Agence France-Presse qu’il restait à confirmer si Mme Maldonado disposait d’une protection officielle. Elle a demandé aux autorités d’enquêter de manière exhaustive et transparente.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ, association en 1981, sise aux États-Unis, ayant pour objectif d’observer les abus contre la presse et promouvoir la liberté de la presse à travers le monde) s’est déclaré « choqué » par ce dernier assassinat, et a demandé également aux autorités d’« enquêter de manière exhaustive et transparente ». La plupart des assassinats de journalistes restent non élucidés.(…)
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Mexique: manifestations dans tout le pays après des assassinats de journalistes
(Gwendolina Duval / RFI)
Quelques jours après le meurtre de Lourdes Maldonado, une reporter mexicaine à Tijuana, les professionnels de la presse se sont mobilisés au niveau national. Dans la plupart des villes, à travers tout le pays, les journalistes ont manifesté pour demander justice dans cette affaire et alerter sur les nombreuses menaces qui pèsent sur l’information au Mexique.
Sur la place de la mairie de Cancun, une cinquantaine de journalistes affichent des slogans et portraits de leurs collègues assassinés. Cécilia Solis se sent particulièrement concernée. Il y a un an, cette reporter indépendante a reçu dans la jambe une vraie balle tirée par un policier pendant qu’elle couvrait une manifestation. « Bien sûr, j’ai très peur. J’ai peur pour ma vie et pour la vie de mes enfants », confie-t-elle.
Au Mexique, la liberté de la presse est très précaire. Enrique Huerta, qui travaille dans un journal local, affirme que les pressions sont quotidiennes. « Au mieux, les menaces ne sont pas directes mais peuvent être déguisées. Par exemple : “Je connais le patron de ton journal.” Parfois, ils appellent les rédactions pour demander la tête des collègues pour les faire renvoyer. » (…)
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