🇲🇽 Mexique: le mouvement zapatiste EZLN fête son trentième anniversaire dans un contexte tendu (RFI / AFP)


Le 1ᵉʳ janvier 2024 célèbre le trentième anniversaire du soulèvement de l’EZLN – l’Armée zapatiste de libération nationale en français. Le mouvement fête en ce moment ses trente ans d’existence dans la forêt Lacandone au sud du Mexique avec les leaders du mouvement et des artistes et visiteurs venus du Mexique et de l’étranger. Trente ans après la première insurrection autochtone et après plusieurs années d’un silence relatif de la part des leaders, qu’en est-il de la résistance zapatiste, l’un des berceaux de l’altermondialisme ? 

Le sous-commandant Marcos (au troisième rang, avec la pipe) et des membres de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) arrivent pour une réunion avec les organisations autochtones dans l’État mexicain du Chiapas, le 13 août 2005. REUTERS/Daniel Aguilar

Venus du Mexique et d’Europe, les sympathisants sont invités aux festivités dans la forêt, à quatre ou cinq heures de route de San Cristóbal de las Casas, l’épicentre de l’insurrection de 1994. Malgré la route et un climat sécuritaire tendu, des milliers de personnes ont répondu à l’invitation des zapatistes dans leur territoire d’Ocosingo.  

Pour rappel, le 1ᵉʳ janvier 1994, au moment de l’entrée en vigueur du traité de libre-échange ALENA en Amérique du Nord, les populations autochtones esseulées du Chiapas, région pauvre et reculée, rassemblées autour du mouvement zapatiste (guidé alors par le célèbre sous-commandant Marcos) déclarent la guerre à l’État mexicain pour réclamer les mêmes droits que les autres citoyens et manifester leur opposition à la politique libérale du pays.

María de Jesús Patricio a représenté l’Armée zapatiste de libération nationale à l’élection présidentielle mexicaine de 2018. REUTERS / Violeta Schmidt / voir encadré en bas de page

Refusant toujours de se transformer en parti politique, même s’ils ont tenté de lancer une candidate à la présidentielle de 2018, les zapatistes incarnent un mouvement social qui s’érige contre la pauvreté, les inégalités et les diverses formes d’exploitations, qu’elles soient des individus ou de l’environnement.

Le mouvement zapatiste a vécu d’importantes modifications récemment, rappelle notre envoyée spéciale Gwendolina Duval. Une restructuration interne, qui selon les leaders, devraient permettre à l’organisation de s’adapter aux défis de la lutte pour la reconnaissance et l’autonomie des peuples autochtones au Mexique.

Les zapatistes, qui veulent expérimenter de nouvelles formes d’organisation notamment sur l’usage de la terre en commun et la non-propriété, se réorganisent. Les anciens conseils autonomes disparaissent pour laisser naître d’autres formes de gouvernance collective, comme les caracoles qui continuent d’exister, mais se ferment à l’extérieur jusqu’à nouvel ordre. La tendance est au repli sur soi, l’objectif étant de faire perdurer le mouvement dans un contexte d’augmentation de la violence au Chiapas et dans tout le Mexique. Mettre en place une nouvelle organisation plus adaptée à l’autodéfense dans un contexte durci. 

Le sous-commandant Moisé, porte-parole du mouvement, l’a martelé dans son discours : « Fini les discours, plus de simple poésie, des peintures, documentaires ou autres. C’est une chose de communiquer, c’en est une autre de passer des siècles à communiquer sans changement… Nous sommes seuls, comme il y a trente ans. Et nous allons nous défendre. Nous n’avons pas besoin de tuer des soldats et les mauvais gouvernements, mais s’ils viennent, nous nous défendrons. » (…)

(…) Lire la suite de l’article ici et écouter le reportage ci-dessous


Pour rappel, voir :
Mexique : le pari de Marichuy (Bernard Duterme/ CETRI- Centre Tricontinental)
María de Jesús Patricio Martínez aspirante à la présidence du Mexique: histoire et perspective d’une lutte pour la dignité indigène (Ophélie Parent/ Blog Femmes en terres indiennes)
État de Mexico: Marichuy et la douleur des femmes. (Blog: “De l’autre côté du charco”)