🇵🇪 Pérou: Mort d’Alberto Fujimori, ancien président du Pérou et génocidaire condamné pour crimes contre l’humanité (Luis Reygada / L’Humanité) Du choc d’austérité à la répression et la prison (Justine Fontaine/ RFI)


Condamné pour crimes contre l’humanité, l’ex-président dictateur (1190-2000) est mort en liberté, et sans jamais avoir présenté le moindre remords. Escadrons de la mort, exécutions, disparitions et stérilisations forcées… Son image restera associée à celle des nombreuses atrocités commises durant ses dix ans de mandat (1990-2000), ainsi qu’à la corruption. 

L’ancien président Alberto Fujimori dans le box des accusés, en 2013. ©Luis Camacho/XINHUA-REA

L’ancien président péruvien Alberto Fujimori (1990-2000), le premier dans l’histoire latino-américaine à avoir été condamné pour « crime contre l’humanité », est décédé mercredi 11 septembre à l’âge de 86 ans à son domicile de Lima, où il se remettait d’un traitement contre le cancer.  

Merci pour tout papa!“, ont annoncé ses quatre enfants dont son héritière politique, Keiko, déjà trois fois candidate malheureuse à l’élection présidentielle ; “nous demandons à ceux qui l’ont aimé de nous accompagner par une prière pour le repos éternel de son âme“. S’il est vrai qu’après l’annonce de la mort de celui qu’on surnommait “El Chino” (le Chinois ; Fujimori était en réalité d’origine japonaise) des partisans ont défilé devant sa résidence pour lui rendre hommage, l’activité sur les réseaux sociaux a laissé transparaître le peu d’amour que lui vouait une très grande partie de la population. 

Génocidaire“, “despote“, “tyran le plus corrompu de l’histoire du Pérou“… Sur X, nombreux sont les messages célébrant le décès d’un “assassin d’extrême droite qui a soumis le peuple péruvien à une dictature criminelle“. “Nous espérons que son héritage sera enterré avec lui” a exprimé Anahi Durand, ancienne ministre des Femmes et des Populations vulnérables dans le gouvernement de Pedro Castillo (2021-2022), un message accompagné du hashtag #fujimorinuncamas (“plus jamais de Fujimori“). 

Un “plus jamais” qui sonne comme un appel à ne pas oublier les atrocités commises durant ses dix ans de mandat ultra-libéral, dirigé d’une main de fer et sous la tutelle du FMI. Escadrons de la mort issus des rangs de l’armée, exécutions extra-judiciaires, disparitions forcées, stérilisations forcées de femmes autochtones, massacres de Canto Grande, de Barrios Altos et de La Cantuta… Des crimes qui ne sont pas sans rappeler les récentes violation des droits humains commises par l’actuelle présidente Dina Boluarte, qui a décrété un deuil national de trois jours.  

Proche du “clan Fujimori”, cette dernière avait approuvé, en 2023, la décision du tribunal constitutionnel de libérer Alberto Fujimori qui purgeait une peine de 25 ans de prison pour des tueries commises dans le cadre de la lutte contre le Sentier lumineux (le hasard aura d’ailleurs voulu qu’el Chino décède trois ans jour pour jour, et avec le même âge, après Abimael Guzmán, le leader de la guérilla maoïste). 

Fujimori avait ainsi été libéré en décembre dernier, “pour raisons humanitaires” et ce malgré l’opposition de la justice interaméricaine et de l’Onu, en ayant purgé seulement 16 ans de sa condamnation, dans une prison dans l’est de Lima. “Il devait payer pour ce qu’il a fait, mais maintenant qu’il est mort, que pouvons-nous faire… “, a réagi Juana Carrion, présidente de l’Association des proches des personnes enlevées, détenues et disparues du Pérou (AFP, 11/09/2024) (…)

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Du choc d’austérité à la répression et la prison (Justine Fontaine/ RFI)

Alberto Fujimori est mort à l’âge de 86 ans. Président du Pérou de 1990 à  2000, il restait dans la mémoire d’une partie des Péruviens comme celui qui a mis fin à la guérilla maoïste du Sentier Lumineux. Une politique répressive marquée par plusieurs massacres, ce qui lui vaudra d’être condamné à vingt-cinq ans de prison pour crimes contre l’humanité. Fin 2023, il était sorti de prison sans avoir purgé l’intégralité de sa peine. Il souffrait de problèmes de santé depuis plusieurs années.

Photo : AFP – HANDOUT

L’ancien président péruvien Alberto Fujimori (1990-2000) est décédé mardi à l’âge de 86 ans à Lima, a annoncé sa famille sur le réseau X. « Après une longue bataille contre le cancer, notre père, Alberto Fujimori, vient de partir à la rencontre du Seigneur. Nous demandons à ceux qui l’ont aimé de nous accompagner par une prière pour le repos éternel de son âme. Merci pour tout papa ! », ont annoncé ses enfants Keiko, Hiro, Sachie et Kenji Fujimori.

Alberto Fujimori aura passé les dernières années de sa vie entre les hôpitaux (où il a été soigné notamment pour des problèmes cardiaques) et la prison de Barbadillo, en banlieue de Lima, la capitale. Le bâtiment avec jardin a été aménagé pour lui sur un terrain appartenant à la police péruvienne. Il y purgeait depuis 2009 une peine de vingt-cinq ans de réclusion pour crimes contre l’humanité et de huit ans pour corruption. C’est là qu’il aurait pu finir sa vie, s’il n’avait pas été libéré en décembre 2023 sur ordre de la Cour Constitutionnelle, avant d’avoir purgé l’intégralité de sa peine et contre l’avis de la Commission interaméricaine des droits humains, qui y a vu un symbole d’impunité.

Fils d’immigrés japonais modestes, Alberto Fujimori crée la surprise en remportant l’élection présidentielle de 1990 face au célèbre écrivain péruvien et prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa.

En pleine période d’hyperinflation et de crise économique, il se présente comme le président des pauvres et des exclus. Il met rapidement en place une série de mesures économiques ultralibérales : le “Fujichoc”, marqué par une grande vague de privatisations.   

Un peu moins de deux ans après son élection, Alberto Fujimori dissout le congrès et prend un virage autoritaire. Il engage une politique de répression de la guérilla maoïste du Sentier Lumineux, qui conduit à la défaite de l’organisation terroriste d’extrême-gauche. Le conflit interne se soldera par près de 70 000 morts et disparus. (…)

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