Pérou: destitution du président Vizcarra (revue de presse)

Deux mois après une première tentative, le Parlement péruvien a approuvé ce lundi 9 novembre la destitution du président Martin Vizcarra pour « incapacité morale permanente » suite à des soupçons de corruption, à quelques mois seulement de l’élection présidentielle prévue en avril 2021. Manuel Merino, le président du Congrès, a endossé, mardi, la fonction de président du pays. Pour de nombreux responsables politiques péruviens, il s’agit là d’un coup d’état déguisé. Des manifestations de protestation ont eu lieu à Lima et dans plusieurs grandes villes du pays.

Le Pérou, ce pays qui dévore ses présidents ( François-Xavier Gomez / Libération / 13 novembre)

Le président péruvien, Martin Vizcarra en conférence de presse devant le palais présidentiel à Lima le 9 novembre. Photo via Reuters

Depuis 1990, tous les chefs de l’État ont été poursuivis pour malversations, jugés et emprisonnés pour certains. Dernier en date : Martin Vizcarra, destitué cette semaine pour corruption par les députés, eux-mêmes notoirement corrompus.

En 2019, le Pérou présentait une particularité sans doute unique au monde : ses cinq anciens présidents vivants étaient tous soit condamnés par la justice, soit inculpés. Jusqu’à ce qu’Alan García, deux fois président (1985-1990 et 2005-2010), éclabousse de sang la statistique : sur le point d’être arrêté et conduit en prison, il se suicidait le 17 avril, chez lui, d’une balle dans la tête. Nouvel épisode dans la saga Odebrecht, ce géant du BTP brésilien qui s’est développé dans toute l’Amérique latine à coups de pots-de-vin. Le scandale avait déjà poussé à la démission, un an auparavant, le président en exercice, Pedro Pablo Kuczynski (dit PPK). Son vice-président et successeur, Martín Vizcarra, vient à son tour de quitter la Maison de Pizarro à Lima : lundi, le Congrès a voté sa destitution en l’accusant d’avoir reçu des dessous-de-table en 2014, quand il était gouverneur d’un département. Mais le cas de Vizcarra n’est pas comparable à ceux de ses prédécesseurs : c’est sa croisade anticorruption qui lui vaut l’acharnement des députés, dont 69 sur 130 font l’objet de poursuites judiciaires. Depuis lundi, les mobilisations se multiplient dans le pays, en défense d’un président au taux de popularité record. Les manifestants dénoncent le «congrès putschiste» et dénient toute légitimité au chef de l’Etat par intérim, le président du Parlement, Manuel Merino, qui prend les rênes du gouvernement jusqu’à la prochaine présidentielle, prévue en avril. (…)

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Au Pérou, le chef du Parlement devient officiellement le nouveau président (Le Monde / AFP / 11 novembre)

Manuel Merino a endossé, mardi 10 novembre à Lima, la fonction de président du pays. HANDOUT / via REUTERS

Le chef du Congrès péruvien, Manuel Merino, a endossé, mardi 10 novembre, la fonction de président du pays, au lendemain de la destitution par ce même Parlement de l’ex-président Martin Vizcarra, qui a mis en cause la « légitimité » de son successeur.

« Je jure par Dieu, par le pays et par tous les Péruviens que j’exercerai fidèlement » la fonction de président, a déclaré M. Merino, un ingénieur agronome de centre droit de 59 ans presque inconnu des Péruviens, qui devient le troisième président du pays andin depuis 2016. M. Vizcarra est remplacé par le président du Congrès, le poste de vice-président étant vacant depuis la démission non remplacée de Mercedes Araoz, il y a un an, lors d’une crise politique distincte.

Une trentaine d’arrestations

Manifestation à Lima, le 10 novembre. Sebastián Castaneda / Reuters

Dans les rues du centre historique de Lima, proches du Parlement, quelque 600 policiers ont dispersé avec du gaz lacrymogène des groupes de manifestants hostiles à la procédure de destitution, approuvée lundi par 105 parlementaires sur 130. Une trentaine de manifestants ont été arrêtés et plusieurs personnes blessées, selon la police et des médias locaux. D’autres manifestations se sont déroulées dans des grandes villes du pays. (…)

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Manuel Merino à Lima le 10 novembre 2020. 
Vidéo de France 24 © via Reuters
Pérou : le président Martin Vizcarra destitué par le parlement
Vidéo: Euronews

Pérou : le président destitué par le Parlement à la suite d’accusations de corruption (Le Monde / AFP / 10 novembre)

Le président péruvien Martin Vizcarra a assuré lui-même sa défense devant le Parlement de Lima, le 9 novembre. Photo: Reuters

Considéré comme le porte-drapeau de la lutte anticorruption, Martin Vizcarra a contesté « avec véhémence et catégoriquement » avoir reçu le moindre pot-de-vin. Moins de deux mois après une première tentative, le Parlement péruvien a voté, lundi 9 novembre, la destitution du président de la République, Martin Vizcarra, pour « incapacité morale », sur fond d’accusation de pots-de-vin présumés qu’il aurait reçus en tant que gouverneur en 2014. La motion pour déposer le chef de l’État, populaire en raison de son intransigeance contre la corruption, a recueilli davantage de votes que les 87 nécessaires, avec 105 voix pour, 19 contre et 4 abstentions.

« La résolution déclarant la vacance de la présidence de la République a été approuvée », a déclaré à l’issue du vote le président du Parlement, Manuel Merino, qui va désormais prendre les rênes du gouvernement jusqu’à la fin du mandat de M. Vizcarra, le 28 juillet 2021.

Vu par la population comme le héraut de la lutte contre la corruption, M. Vizcarra, qui s’est retrouvé à la tête du pays après la démission, en 2018, de son prédécesseur, Pedro Pablo Kuczynski dont il était le vice-président, n’était en revanche membre d’aucun parti politique et ne disposait d’aucun soutien du côté des législateurs.

Le président du Parlement prendra la direction du Pérou à l’issue de la prochaine session du Parlement, prévue mardi. M. Merino deviendra ainsi le troisième président du Pérou depuis 2016, signe de fragilité institutionnelle qui caractérise l’ancienne colonie espagnole, indépendante depuis 1821.

« Je quitte le palais du gouvernement comme j’y suis entré il y a deux ans et huit mois : la tête haute. Je ne lancerai aucune action légale » pour lutter contre la destitution, a déclaré M. Vizcarra, entouré de ses ministres dans le jardin de palais, ajoutant qu’il allait rejoindre sa résidence particulière. (…)

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Voir également:
Pérou: le président Martin Vizcarra destitué par le Parlement (RFI)
Au Pérou, le chef du Parlement Manuel Merino devient le nouveau président (France 24)

Crise politique au Pérou : lire le communiqué de France Amérique Latine ici