🇵🇪 Pérou: le musée de la Mémoire sous pression des autorités locales et nationales (Martin Chabal / RFI)
Le Lieu de la mémoire, de la tolérance et de la réconciliation, à Lima, est un musée au nom sans ambiguïté. Cet édifice en béton qui surplombe l’océan Pacifique, essaye de remplir ces trois missions : se souvenir des 70 000 victimes mortes ou disparues du conflit armé péruvien des années 1980 et 1990, faire exister la voix de différentes victimes et enfin réconcilier tous les Péruviens avec cette histoire douloureuse.

Mais cette vision de la mémoire du conflit dérange les autorités péruviennes, notamment pour l’implication des forces gouvernementales dans certains crimes. Dans son virage à l’extrême droite, le gouvernement péruvien a pris la décision de renvoyer le président du musée, Manuel Burga Díaz ; une éviction brutale pour celui qui a été à la tête du musée pendant plus de six ans. « Le pouvoir politique ne veut pas d’un Lieu de mémoire, mais d’un musée pour montrer le triomphe des Forces armées de l’État », nous explique Manuel Burga.
L’orientation politique du musée change totalement de cap comparé à son objectif jusque-là affiché. « Au Lieu de la mémoire, on se souvient des violations des droits des paysans et de toutes les populations, de la brutalité du Sentier lumineux, de la brutalité du mouvement révolutionnaire Tupac Amaru et de certaines patrouilles militaires et policières qui ont agi sans retenue. C’est quelque chose dont il faut se souvenir pour pouvoir le critiquer et s’assurer que cela ne se reproduise plus parce que cela pourrait se répéter dans les prochaines décennies », ajoute Manuel Burga Díaz.
Une nouvelle attaque contre la mémoire des victimes selon les associations
Après avoir limogé Manuel Burga Díaz de la présidence du musée, la nouvelle administration a annulé tous les événements prévus. Pour les associations, c’est une nouvelle attaque contre la mémoire des victimes. Le musée avait déjà été fermé sans raison valable.
En juillet, le Congrès a approuvé une loi protégeant les responsables de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis avant 2002. Rosario Narvaez, bénévole pour l’association Chemin de la mémoire, est préoccupée par les changements politiques sur la mémoire des années sombres du Pérou. (…)
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