🇵🇪 Au Pérou, urgence sanitaire face à une flambée de cas de Guillain-Barré, syndrome neurologique grave (Sarah Miansoni / Libération)


Après une épidémie de dengue, le Pérou connaît une recrudescence de cette maladie pouvant entraîner la mort. Le pays a adopté l’état d’urgence sanitaire pour trois mois.

Dans la ville de Piura (nord du Pérou), une maison est fumigée pour lutter contre l’épidémie de dengue, le 11 juin. (Ernesto Benavides/AFP)

Après la dengue, le Pérou n’en a pas fini avec les problèmes sanitaires. Le gouvernement péruvien a déclaré l’état d’urgence sanitaire national pour faire face à une «augmentation inhabituelle» des cas du syndrome neurologique de Guillain-Barré (SGB), a annoncé le ministère de la Santé César Vásquez Sánchez samedi 8 juillet.

«Guillain-Barré survient chaque année et il y a eu une augmentation significative ces dernières semaines, ce qui nous oblige à prendre des mesures au niveau de l’Etat pour protéger la santé et la vie de la population», a indiqué le ministre. Cet état d’urgence sanitaire national doit durer 90 jours et concerne donc l’ensemble des 33 millions d’habitants du pays.

Selon le ministère de la Santé, cette décision doit permettre au Pérou de s’approvisionner en immunoglobuline pour traiter les patients atteints de Guillain-Barré pendant les deux prochaines années. Plus de 12 millions de soles péruviens (environ 3 millions d’euros) seront ainsi affectés à l’achat de traitements et d’équipements pour lutter contre la maladie. Au 10 juillet, le ministère dénombre plus de 180 cas de SGB, dont quatre décès.

«Une infection préalable»

Le syndrome de Guillain-Barré est une maladie rare lors de laquelle le système immunitaire du patient attaque le système nerveux périphérique. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le syndrome se caractérise par une faiblesse musculaire qui peut entraîner une paralysie des membres, voire des difficultés respiratoires lorsque les muscles thoraciques sont atteints. Environ 30 % des malades du SGB nécessitent une assistance respiratoire d’après le professeur Nicolas Weiss, co-auteur de plusieurs études sur ce syndrome. Dans la plupart des cas, les patients finissent par se rétablir complètement, indique l’OMS.

Le syndrome de Guillain-Barré intervient généralement quelques semaines après une infection virale ou bactérienne. «On s’est rendu compte que dans deux tiers des cas, on retrouve une infection préalable» chez le patient, explique Nicolas Weiss, qui exerce au service de médecine intensive et réanimation du département de neurologie à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière.

En 2016, une étude de l’Institut Pasteur à propos de la Polynésie française établissait ainsi un lien de causalité entre «l’infection par le virus Zika et l’augmentation du nombre de cas de syndromes de Guillain-Barré». Zika, qui se transmet par la piqûre de moustiques du genre Aedess’est fortement propagé en Amérique latine à partir de 2016.

«Il faut rester prudent»

Au Pérou, cette recrudescence du SGB pourrait s’expliquer par l’épidémie de dengue que le pays subit depuis plusieurs mois. Le cyclone Yaku, qui a touché la région en mars, a en effet attiré le moustique transmetteur de cette maladie. Il s’agit de la plus forte vague de dengue au Pérou depuis sa réapparition dans le pays en 1990. «En pratique, s’il y a une épidémie de dengue et une épidémie de Guillain-Barré, on a envie de faire un lien entre les deux même si ce n’est pas encore totalement certain et qu’il faut rester prudent», observe le professeur Weiss. (…)

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Pour rappel, voir Dans les cimetières, on pleure les enfants: une épidémie de dengue ravage le Pérou (France 24)