Quatre défenseurs de l’environnement tués par semaine en 2019 (Aude Massiot / Libération)

Le rapport annuel de l’ONG Global Witness, publié ce mercredi, recense un nombre record d’homicides perpétrés contre des militants défendant la nature. Une nouvelle fois, l’Amérique latine reste la région la plus dangereuse pour ces activistes.

Le 21 février 2020 à Mexico, lors d’une manifestation en hommage à Samir Flores, activiste qui s’opposait à un projet de construction de centrale thermique au Chiapas. Photo Eyepix. Sipa

D’année en année, le décompte s’alourdit. Dans son rapport publié ce mercredi, l’ONG Global Witness montre, une nouvelle fois, les risques mortels auxquels s’exposent les défenseurs de l’environnement partout dans le monde. En 2019, 212 militants ont été tués, soit en moyenne quatre par semaine. Un record. «Le nombre réel est probablement bien plus élevé, car beaucoup de cas ne sont pas enregistrés et font rarement l’objet d’enquête, souligne le rapport. Et bien plus de personnes ont été attaquées, emprisonnées, ou ont été visées par des campagnes de dénigrement à cause de leur travail.»

Une nouvelle fois, l’Amérique latine reste la région la plus dangereuse pour ces activistes et ces communautés. Deux tiers des assassinats de l’an dernier ont été perpétrés sur son sol. La situation s’est particulièrement dégradée en Colombie où 64 défenseurs de la nature ont été tués, soit plus du double de 2018. Et le nombre le plus haut que Global Witness ait jamais enregistré. Parmi ces meurtres, 14 étaient liés à des tentatives de substitutions de cultures illégales de coca ou de marijuana. Des actions menées, aussi, pour défendre les terres des autochtones.

Les mines meurtrières

Au Honduras, le nombre d’assassinats a aussi fortement augmenté. Passant de 4 en 2018 à 14 l’an dernier, cela en fait le pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l’environnement, en comptant en nombre de meurtres par habitant. En Amazonie, 33 militants sont morts, dont 90% au Brésil où les politiques de libéralisation de l’exploitation des terres déforestées, menées par le gouvernement de Jair Bolsanoro, ont attisé les tensions entre populations locales et exploitants industriels.

Autre pays où la forêt est une ressource précieuse, et donc fortement disputée, les Philippines deviennent une terre de plus en plus dangereuse pour les militants. L’an dernier, 43 y ont été tués, contre 30 l’année précédente. L’Europe n’est pas épargnée. Deux gardes forestiers ont été abattus en Roumanie pour avoir enquêté sur des affaires de déforestation illégale. D’après Global Witness, 16 autres ont été agressés pour les mêmes raisons.

Le développement des mines, et les dégâts qu’elles provoquent sur l’environnement et la santé des populations vivant à proximité, cristallise les tensions et la violence la plus meurtrière. 50 défenseurs tués l’an dernier l’ont été dans des campagnes d’opposition à des projets miniers.

Surtout, plus d’un tiers des personnes assassinées (40%) sont des membres de communautés autochtones ayant voulu défendre leurs terres, souvent sacrées dans leurs cultures. Cela, alors qu’ils ne représentent que 5% de la population mondiale. Mais ils se trouvent sur les lignes de front de la protection de l’environnement et ont peu de moyens de faire entendre leurs voix.

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