Révolte indigène au Paraguay (Cerveaux non disponibles)


Il y a environ trois semaines, des organisations indigènes ont convergé vers Asunción, capitale du Paraguay pour protester contre une loi visant à criminaliser la reprise de leurs terres, notamment face aux grands propriétaires. Complice du régime en place, il est important de rappeler le rôle désastreux de l’industrie agro-alimentaire. Situé en pleine “route du Soja”, le Paraguay paie un lourd tribut des effets dévastateurs de la déforestation, de la pollution des sols, et aussi de l’air dans les villes. Nous pouvons aussi citer le braconnage et le trafic d’animaux sauvages qui sont monnaie courante . 

Manifestation à Asunción le 29 septembre 2021. Photo : DR

Quatrième exportateur de soja au monde (à 98% OGM), sixième exportateur de viande, un sol riche en matières premières, surexploité et une déforestation qui se chiffre à plusieurs millions d’hectares perdus, le Paraguay est un exemple quasi caricatural des conséquences du capitalisme, des dérives de l’agrobusiness et de l’impérialisme américain.

Le président paraguayen actuel, Mario Abdo, membre du parti Colorado de droite ultra  conservatrice,  a entrepris d’adopter une loi face aux opposants indigènes bien décidés à reprendre leurs terres confisquées consécutivement par tous les différents dirigeants issus de ce parti. La démarche des indigènes étant par ailleurs de proposer autre chose que la vision de l’agriculture intensive, à l’instar d’autres pays d’Amérique du Sud global (Mouvement des sans terres). Les régimes consécutifs ont chassé les paysans de leurs terres. Oxfam chiffre à environ 900 000 (certains parlent même d’un million) le nombre de paysans expulsés de leur terre sur ces dix dernières années. Ceux ci finissant le plus souvent par vivre en périphérie de la capitale dans des bidonvilles ou des logements délabrés. C’est à dire un septième du pays qui compte un peu plus de 6 millions d’habitants. C’est dans cette dynamique d’opposition au régime coloradiste, qu’ont émergé des appels à bloquer les routes et à la grève.

Pour essayer de comprendre un peu mieux de quoi ces révoltes peuvent être le nom, et dans quel contexte elles interviennent, il est important de souligner le rôle du parti Colorado dans la construction moderne de ce pays. Situé à l’extrême droite, celui-ci gouverne le pays d’une main de fer depuis 1947 à l’exception de la période entre 2008 et 2013, le parti étant en proie de manière récurrente à des luttes internes et des règlements de comptes crapuleux entre hommes d’affaires peu scrupuleux.

Durant son règne, le dictateur Alfredo Stroessner, au pouvoir de 1954 à 1989, a mené une politique d’expropriation des terres : on estime que deux tiers des terres ont été confisquées durant la dictature, aboutissant parallèlement à l’exil forcé de certaines minorités indigènes, notamment les Aché, sédentarisés de force. Comme trop souvent en Amérique, on parle de meurtres, enlèvements d’enfants indigènes et une perspective d’avenir morne en travaillant dans des conditions proches de l’esclavage. Presque deux millions de personnes auraient choisi l’exil sous le règne de Stroessner, soit presque un tiers du pays.

Si la législation actuelle promet des élections censées être libres depuis 1993, le parti au pouvoir bénéficie d’un appareil politique structurellement très fort, véritable forteresse soutenue par les occidentaux, USA en tête, par des puissances régionales dont les régimes sont proches, notamment le Brésil et le Chili comme durant les années de dictature et du secteur de l’industrie agroalimentaire dont dépend une partie de l’économie. (…)

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