🇺🇸 Donald Trump annonce l’envoi de migrants sans papiers à Guantánamo : «une perspective inhumaine et illégale» dans une zone de non-droit (RFI)


Aux États-Unis, Donald Trump continue d’imprimer sa marque sur le gouvernement fédéral. Assénant les thèmes qui ont fait son succès et son élection, surtout celui de l’immigration, il a ordonné ce mercredi 29 janvier la mise en place d’un camp géant pour y enfermer 30 000 migrants à Guantánamo. Le premier vol transportant des migrants clandestins vers la base militaire de Guantánamo a eu lieu mardi 4 février.

Le président Donald Trump après avoir signé la loi Laken Riley lors d’un événement dans la salle est de la Maison Blanche, mercredi 29 janvier 2025, à Washington. © Evan Vucci / AP

Pour gouverner, il faut manier le symbole. Guantánamo, c’est la base américaine sur l’île de Cuba qui a accueilli et qui continue d’accueillir certains ennemis combattants capturés par les États-Unis après le 11 septembre 2001.

Le message véhiculé par Donald Trump ce mercredi 29 janvier, c’est donc que les terroristes et les migrants, au moins les plus criminels, doivent se retrouver au même endroit. « Nous aurons 30 000 lits à Guantanamo pour détenir les pires étrangers illégaux criminels qui menacent les Américains. Certains d’entre eux sont si mauvais que nous ne faisons pas confiance à leurs pays pour les retenir, parce que nous ne voulons pas les voir revenir. Donc, nous les envoyons à Guantánamo », résume le président américain. 

Tom Homan, conseiller spécial de Donald Trump en matière d’immigration, a indiqué lors d’un court échange avec la presse qu’il s’agirait d’agrandir un centre de rétention existant déjà sur la base, distinct de la prison.  (…)

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Rétention de migrants à Guantánamo: «Une perspective inhumaine et illégale» dans une zone de non-droit (entretien avec Brian Concannon / RFI)

Le président Donald Trump veut faire de la base étasunienne de Guantánamo, située à Cuba, un centre géant de rétention pour 30 000 migrants sans papiers. Une annonce qui suscite de vifs débats et rappelle des souvenirs douloureux. Entretien avec Brian Concannon, avocat aux États-Unis et directeur de l’Institut pour la justice et la démocratie en Haïti.

Base militaire prise de Guantánamo Photo : AP – Alex Brandon (2021)

La base américaine de Guantanamo, située à Cuba, a déjà servi de centre de détention pour migrants dans son histoire. Dans les années 1990, le président Bill Clinton y a envoyé 30 000 Cubains et Haïtiens illégaux interceptés après leur traversée vers les États-Unis sur de simples embarcations. La volonté du président Donald Trump d’y ouvrir un nouveau centre de rétention ravive de très mauvais souvenirs pour ces populations.

Brian Concannon : Je suis très perturbé par ce projet, tout d’abord en raison du fait que Guantánamo – sur l’île de Cuba – a déjà été utilisé comme un camp de concentration avec des conditions de détention inhumaine et que cet endroit échappe à toute juridiction aux États-Unis. Mais aussi parce que la politique récente de l’administration Trump a été de s’affranchir de la loi internationale et de prôner la maltraitance envers les populations immigrées aux États-Unis.

Ces deux aspects mis ensemble sont très perturbants, car selon une loi récente passée aux États-Unis, une personne venant de l’étranger peut être arrêtée même si elle a commis un délit mineur et par la suite expulsée à Guantanamo, si Donald Trump met en œuvre son plan. C’est très inquiétant d’imaginer une personne détenue dans ces conditions dignes d’un camp de concentration pour un délit mineur, et cela, d’un point vu humain, légal et pour ce qui est des droits humains. 

C’est un terme très fort en effet, mais je ne l’utilise pas à la légère, car la dernière fois qu’un grand nombre de personnes étaient détenu là-bas, c’étaient des Haïtiens dans les années 1990 et ils étaient 20 000 – Donald Trump parle de la possibilité d’en rassembler 30 000 aujourd’hui – et leurs conditions de détention étaient terribles. Ils étaient dans des tentes surpeuplées en plein soleil, entourés de fer barbelé, sans nourriture convenable et sans la possibilité de faire de l’exercice.

Ils étaient aussi sans aucun recours légal, car les tribunaux américains ont dit qu’ils n’avaient aucune forme de juridiction à Guantánamo puisque la base n’est pas située aux États-Unis. Donc une personne détenue là-bas n’avait aucun moyen de dénoncer ses conditions de détention ou les mauvais traitements qu’elle subissait. Donc, on peut dire que la perspective que cela se reproduise, c’est inhumain et c’est illégal. Et l’on peut même dire qu’être détenu dans ces conditions, dans une base militaire en zone de non-droit, cela rappelle les camps de concentration. 

C’était l’une des promesses de campagne du président Barack Obama quand il a été élu en 2008, mais nous sommes en 2025 et cela n’a toujours pas été fait. Je pense qu’il y a plusieurs raisons à cela : politiques tout d’abord, car pour plusieurs prisonniers la question de les renvoyer dans leur pays est un problème, car ces pays n’en veulent pas. Il y a aussi le fait que les républicains et les démocrates ont pensé qu’il était risqué politiquement de détenir ces prisonniers aux États-Unis, car il y a le risque d’évasion et cela pourrait avoir un impact politique important. (…)

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Les États-Unis commencent à expulser des migrants vers Guantánamo (RFI)

Le premier vol transportant des migrants clandestins vers la base militaire américaine de Guantanamo, devenue un symbole des dérives de la lutte anti-terroriste, a eu lieu mardi 4 février.

Premier avion militaire de transport des migrants détenus aux États-Unis, vers un centre de rétention de Guantánamo, 4 février 2025. © DHS via REUTERS

[…] Un vol a eu lieu mardi « avec environ une douzaine d’étrangers clandestins présentant un grand danger », a précisé à l’AFP un responsable au sein du ministère américain de la Défense, qui a requis l’anonymat. « Ils seront hébergés dans le centre de rétention […], mais ne seront pas logés aux côtés des détenus de grande valeur », a-t-il ajouté, en référence aux prisonniers soupçonnés de terrorisme. Plus tôt, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait annoncé sur la chaîne Fox Business que les premiers vols depuis les États-Unis vers Guantanamo étaient « en cours » mardi. (…)

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