🇺🇸 🇻🇪 Pourquoi le Venezuela est dans le viseur de Donald Trump ? (La grande histoire – Brut / Tristan Waag – Le Vent se Lève / Isabel Cortes – Alter Québec / François Bougon – Médiapart)
Frappes aériennes contre des narcotrafiquants et déploiement militaire… Le média Brut, 100% vidéo, consacre son émission « La grande histoire » à la nouvelle montée des tensions entre le Venezuela et les États-Unis et à l’escalade de tensions entre les États-Unis et le Venezuela… En vingt-cinq minutes, tour d’horizon et retour sur l’histoire des relations entre les deux pays depuis les débuts de la Révolution bolivarienne.
Avec les éclairages de Jeremy McDermott, journaliste et cofondateur du site d’investigation InSight Crime et Christophe Ventura auteur du livre Géopolitique de l’Amérique latine aux éditions Eyrolles.
Menaces américaines au Venezuela : derrière la « guerre contre la drogue » (Tristan Waag / Le Vent se Lève)
La tension est à son comble entre le Venezuela et l’administration Trump. Alors qu’elle a déployé plusieurs navires de guerre au large des côtes vénézuéliennes, se disant prêt à éradiquer un « narco-État » supposément responsable de l’exportation de cocaïne sur son sol, Nicolas Maduro mobilise ses soutiens à Caracas et se dit prêt à « lutter contre l’envahisseur ». Pour légitimer cette confrontation, les États-Unis usent d’une rhétorique de « guerre contre la drogue » employée depuis maintenant cinquante ans pour tenter de liquider la gauche anti-impérialiste. Dans le même temps, l’Équateur, à présent premier pays exportateur de cocaïne au monde, conserve les bonnes grâces de Washington…
Frappes militaires en mer des Caraïbes
2 septembre. Les images satellites sont saisissantes : le petit bateau, qui navigue au large des côtes vénézuéliennes mais hors de son espace maritime, est littéralement pulvérisé par une série de frappes provenant de navires militaires nord-américains sillonnant les mers à proximité. Bilan : onze morts.
15 septembre : une deuxième frappe vise un autre bateau, faisant trois morts. Dans les jours qui viennent, les frappes se poursuivent, coulant des navires similaires, avec un nombre de victimes non précisé. A chaque fois, la Maison-Blanche invoque la même rhétorique : ces petits bateaux interceptés au large des côtes vénézuéliennes seraient liés à des gangs actifs dans le trafic de drogues en provenance du Venezuela et à destination des États-Unis. Ils seraient captifs des gangs, à l’instar du « Tren de Aragua », le grand cartel de drogues vénézuélien présent jusque sur le sol étatsunien, et directement mentionné par Donald Trump au cours de plusieurs discours.
Dans sa déclaration à la presse faisant directement suite à cet événement, Donald Trump annonce qu’il a lui-même supervisé l’opération du 2 septembre et que les frappes menées contre les « narcoterroristes » ont permis de détruire des cargaisons de drogue, notamment de fentanyl et de cocaïne, sans pourtant apporter la moindre preuve publique détaillée. Donald Trump affirme également que les frappes menées en mer des Caraïbes pourront laisser place, dans un futur proche, à des frappes terrestres. Dans le même temps, son secrétaire d’état aux affaires étrangères, Marco Rubio, accuse directement Nicolas Maduro d’être un narcotrafiquant à la tête d’un des plus importants cartels de drogue d’Amérique du Sud.
Ces frappes interviennent dans un contexte d’intensification des pressions mises en œuvre par l’administration Trump à l’égard du gouvernement vénézuélien. Elle débute avril 2025 par la mise en place d’un train de sanctions visant une série de haut responsables vénézuéliens. Sont concernés des haut-fonctionnaires de PDVSA, l’entreprise pétrolière nationale vénézuélienne, mais aussi de hauts dignitaires militaires et policiers que la Maison-Blanche. Les avoirs de ces personnalités sont gelés, et dans le même temps, le département du Trésor annonce que la récompense associée à la transmission d’informations pouvant mener à la capture du « narcotrafiquant » Nicolas Maduro atteint désormais 25 millions de dollars – un montant qui double quelques mois plus tard.
Le 24 mars 2025, un décret exécutif annonce quant à lui l’imposition d’un tarif douanier de 25% sur tous les biens importés aux États-Unis en provenance de pays qui importeraient du pétrole vénézuélien – qui constitue 79% des exportations du pays. Dans le même temps, le gouvernement de Donald Trump annule la licence autorisant notamment la compagnie américaine Chevron à exploiter et exporter du pétrole vénézuélien vers les États-Unis – pourtant bon marché en comparaison d’autres sources d’approvisionnement. Cette licence, concédée par son prédécesseur, avait pour fonction de pallier les effets du conflit ukrainien sur la fourniture de pétrole.
Finalement, à partir du 7 août 2025, la marine américaine est déployée en mer des Caraïbes. Les frappes militaires et les menaces d’intervention terrestre intervenues début septembre 2025 sont donc l’aboutissement d’un long processus, qui vise à faire du Venezuela un paria de la communauté internationale, au même titre que Cuba ou l’Iran. (…)
(…) Lire la suite de l’article ici
Tensions dans les Caraïbes : le pétrole vénézuelien, le véritable enjeu des interventions des États-Unis ? (Isabel Cortes – Alter Québec)
Le Venezuela fait face à un nouvel épisode de tensions géopolitiques. Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino López, a annoncé le déploiement d’un «renfort spécial» des Forces armées du pays dans cinq États côtiers Zulia, Falcón, Nueva Esparta, Sucre et Delta Amacuro à compter du lundi 8 septembre. Cette mesure répond à l’opération antidrogue menée par les États-Unis dans les Caraïbes, à quelques kilomètres des eaux territoriales vénézuéliennes, ce qui a fait monter l’inquiétude dans la région. Depuis lundi 8 septembre 2025, «des moyens et des forces» seront mobilisés dans les États Zulia, Falcón, Nueva Esparta, Sucre et Delta Amacuro.
Dans un message diffusé sur les réseaux sociaux, le ministre a assuré que ce déploiement vise à garantir la défense de la souveraineté nationale et à couper les routes utilisées par le narcotrafic international. Le président Nicolás Maduro a complété cette annonce en ordonnant la mobilisation de 25 000 militaires, tant à la frontière avec la Colombie que sur la côte caraïbe.
Narcotrafic et souveraineté : deux récits en conflit
La décision de Caracas intervient dans un contexte de frictions croissantes avec Washington. Deux interventions des États-Unis se sont soldées par la destruction de deux embarcations et la mort de onze personnes dans le premier cas, et de trois personnes lundi 15 septembre. Le gouvernement vénézuélien a dénoncé cette action comme une violation de sa souveraineté, tandis que les États-Unis l’ont justifiée comme faisant partie de leur stratégie régionale de lutte contre les drogues.
Cependant, les données récentes de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) nuancent le récit des États-Unis. Le Rapport mondial sur les drogues 2025 confirme que le Venezuela ne produit pas de coca ni d’autres drogues illicites à grande échelle et que son rôle comme voie de transit est minime comparativement à d’autres corridors régionaux. Selon le document, la majeure partie du flux de cocaïne vers les États-Unis transite par le Pacifique colombien et équatorien, tandis que seulement 5 % passent par le Venezuela.
En revanche, le rapport identifie les États-Unis comme le plus grand marché mondial de consommation de drogues, avec plus de 70 millions de personnes consommatrices en 2023, dont environ 50 millions présentent des troubles liés à la consommation.
(…) Lire la suite de l’article ici
Face au Venezuela, Trump fait fi des lois internationales (François Bougon / Médiapart)
Au moins 17 Vénézuéliens ont été tués en toute illégalité dans des frappes états-uniennes au large des côtes de leur pays. Donald Trump invoque la lutte contre le « narcoterrorisme », alors que le Venezuela mobilise ses forces armées et met en garde contre une éventuelle invasion.
Depuis le pupitre des Nations unies, mercredi 24 septembre, pour son dernier discours devant l’Assemblée générale, le président colombien Gustavo Petro, dont le mandat de quatre ans s’achève en 2026, a mis en garde contre la montée des tensions dans les Caraïbes. Des tensions provoquées par celui qui aimerait pourtant recevoir le prix Nobel de la paix et se targue d’avoir mis fin à sept guerres : Donald Trump. Il y a quatre ans, a rappelé Gustavo Petro, il s’était inquiété d’un possible conflit en Palestine, après celui survenu en Ukraine, réclamant une conférence de paix. « Ceux qui n’ont ni bombes ni budgets importants ne sont pas écoutés ici, a-t-il remarqué. Mais, quatre ans plus tard, aujourd’hui, la situation dantesque en Palestine m’a amené à penser que la même chose, ou quasiment, pourrait se produire dans les Caraïbes colombiennes, où des missiles sont tirés sur des jeunes gens désarmés en mer. »
Depuis le début du mois de septembre, des drones des forces armées états-uniennes ont en effet détruit, en toute illégalité, quatre embarcations qui naviguaient dans les eaux internationales en provenance des côtes vénézuéliennes, faisant au moins dix-sept morts.
Les autorités états-uniennes affirment qu’il s’agissait de bateaux transportant de la drogue destinée aux États-Unis, dans le cadre d’opérations menées notamment par le cartel vénézuélien El Tren de Aragua, que Washington a désigné en février comme « organisation terroriste étrangère ». Cependant, peu de détails ont été donnés. (…)
(…) Lire la suite de l’article (réservé aux abonné·es) ici