🇻🇪 Venezuela : vers des élections présidentielles déterminantes (Christophe Ventura – IRIS / Luis Reygada – L’Humanité / Benjamin Delille – Libération)
Le 28 juillet prochain, les vénézuélien·nes sont appelé·es aux urnes pour élire leur nouveau président. Si Nicolás Maduro, le président sortant, brigue un troisième mandat, d’autres candidats seront à scruter de près, notamment Edmundo González Urrutia, annoncé favori par certains sondages ou le pasteur Javier Bertucci, symbole de l’importance du mouvement évangélique dans la vie politique du pays. Dans un contexte de crise sociale et économique très élevé, l’élection du nouveau président vénézuélien constitue un enjeu majeur pour la région et pour les relations avec les États-Unis.
Quel constat peut-on faire sur la vie politique, sociale et économique au Venezuela ? Quels sont les enjeux internationaux de cette élection ? Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme Amérique latine / Caraïbe, analyse le contexte politique et électoral au Venezuela avant l’élection présidentielle.
Au Venezuela, Nicolás Maduro cherche sa seconde réélection (Luis Reygada – L’Humanité)
Alors que la campagne électorale a commencé la semaine dernière, les sondages livrent des résultats diamétralement opposés selon qu’ils soient proches ou adversaires du pouvoir.

Les Vénézuéliens seront appelés aux urnes le 28 juillet pour participer à des élections dans lesquelles le président Nicolás Maduro, au pouvoir depuis 2013, cherchera à se faire réélire pour la seconde fois en se mesurant à neuf autres candidats.
Bien que divisée, l’opposition conservatrice (qui avait majoritairement boycotté l’élection de 2018) croit avoir cette fois une réelle chance de l’emporter. Mais, à moins de trois semaines d’un scrutin qui sera suivi de près par tout le continent, les enquêtes d’opinion divergent et livrent même des résultats diamétralement opposés ! Retour sur les principaux événements de ces derniers mois.
17 octobre 2023 : signature des accords de la Barbade. Avec cette feuille de route, le principal bloc de l’opposition, la Plateforme unitaire démocratique (PUD) confirme sa participation au scrutin de 2024, lui conférant ainsi une légitimité au niveau international, ou plutôt vis-à-vis des puissances occidentales.
Assouplissement des sanctions économiques
Dans la foulée, les États-Unis annoncent un assouplissement pour six mois de certaines de leurs sanctions économiques. Lancées il y a près de dix ans, celles-ci ont déjà causé des dommages colossaux au pays, avec notamment une chute de plus de 80 % du PIB entre 2013 et 2020 ou encore, entre 2015 et 2021, le pire épisode d’hyperinflation jamais enregistré dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale/
Fin octobre, Maria Corina Machado, candidate de l’aile radicale extrême de la droite, remporte la primaire de la PUD. Ses ennuis avec la justice ne l’autorisaient pourtant pas à y participer (elle a été condamnée à une peine d’inéligibilité de quinze ans en 2015). 25 mars 2024 : le président Maduro officialise sa candidature.
Le mois suivant, définitivement empêchée de participer au scrutin par le Tribunal suprême de justice, la favorite des faucons de Washington, Machado, choisit finalement pour remplaçant Edmundo Gonzalez Urrutia, un ancien diplomate de 74 ans, encore inconnu ou presque quelques mois auparavant.
20 juin : Maduro et sept autres candidats de l’opposition signent un accord établi par le Conseil national électoral pour respecter le résultat des élections. Gonzalez Urrutia refuse, ses partisans ne montrant aucune confiance envers les autorités organisatrices du scrutin. « Leur stratégie reste la même : crier à la fraude et déstabiliser le pays », dénonce le président. (…)
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Présidentielle au Venezuela : une fin de campagne sous tension (Benjamin Delille / Libération)
Malgré l’avance de l’opposant Edmundo González dans les sondages à une semaine du scrutin, Nicolás Maduro se dit convaincu de gagner en recourant à une rhétorique de plus en plus guerrière.
«La paix ou la guerre.» À une semaine de l’élection présidentielle vénézuélienne, Nicolás Maduro hausse le ton. Il faut dire qu’après vingt-cinq ans au pouvoir, le chavisme semble n’avoir jamais été aussi menacé par l’opposition. La plupart des sondages donnent le candidat Edmundo González Urrutia, un diplomate à la retraite presque inconnu du grand public il y a quatre mois, largement favori du scrutin avec près de 60% des suffrages et au moins 30 points d’avance sur le président sortant qui brigue un troisième mandat de six ans.
«Le 28 juillet se décide le futur du Venezuela pour les cinquante prochaines années, s’il devient un Venezuela de paix ou un Venezuela convulsé, violent et perclus de conflits», a lancé Maduro à ses partisans samedi 20 juillet lors d’un meeting à Maturín, dans l’est du pays. Depuis une semaine, le dirigeant vénézuélien verse dans une rhétorique de plus en plus menaçante, dessinant un pays qui tomberait inévitablement dans une «guerre civile fratricide», menacé d’un «bain de sang», si son peuple faisait l’erreur d’élire une opposition – dont l’union draine un spectre assez large pour aller des communistes à certaines personnalités que l’on pourrait qualifier d’extrême droite – qu’il accuse à tout bout de champ de n’être qu’un ramassis de «fascistes».
Le succès populaire de cette opposition sans véritable colonne vertébrale idéologique – si ce n’est une volonté féroce de changement – ne tient pas tant à la personnalité de son candidat qu’à celle qui fait véritablement campagne, depuis des mois, pour faire tomber le gouvernement : María Corina Machado. Cette ancienne députée, âgée de 56 ans et autrefois proches des «faucons» de l’administration Bush, s’est longtemps démarquée du reste de l’opposition par ses positions radicales, réclamant régulièrement la prison pour Maduro et sa clique. Mais cette conservatrice, très libérale économiquement, a mis en sourdine ses idées très droitières depuis plus d’un an et profité du vide laissé par l’ancien leader de l’opposition et président par intérim autoproclamé, Juan Guaidó, aujourd’hui exilé à Miami. (…)
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