Venezuela : rêve brisé pour Juan Guaidó, régime consolidé pour Nicolás Maduro (Eduardo Ugolini / Espaces Latinos)

Alors que Nicolás Maduro veut tripler la production de pétrole et « émerveiller le monde », Juan Guaidó est en train de perdre le rôle de leader de l’opposition. L’Union européenne ne le reconnaît plus en tant que président intérimaire, et l’élection de Joe Biden aux États-Unis fragilise d’avantage son avenir, en cette période déjà lourde d’incertitudes.

Avec le plébiscite lancé au lendemain de la perte du Parlement, lors des élections législatives du 6 décembre, Juan Guaidó espérait une forte mobilisation capable de provoquer la chute du gouvernement chaviste. Mais, au lieu du raz-de-marée populaire tant attendu, cette crise a révélé plutôt le ras-le-bol qui s’installe chez le peuple vénézuélien, et qui ronge déjà tant de sociétés latino-américaines, envers ses dirigeants politiques. L’analyste Jésus Castillo-Molleda résume en une seule phrase l’apathie généralisée qui frappe le peuple vénézuélien : l’opposition et le gouvernement n’ont plus le soutien de la rue car, « ils ne sont pas connectés aux problèmes des gens ». Comme le rappelle Luis Vicente León, président de Datanalisis, l’abstention de la grande majorité de la population est davantage le fait d’une « méfiance à l’égard des politiques que de l’appel lancé par l’opposition. » Près de deux tiers de Vénézuéliens rejettent Nicolás Maduro autant que l’autoproclamé président par intérim, selon une enquête de l’institut des sondages.

Épuisée par l’instabilité, la répression et les pénuries de tout ordre, aggravées par la pandémie du Covid-19, la population a en effet boudé les législatives. Avec 69 % d’abstention, ce sont les élections les moins concourues depuis 1958, ce qui a permis à Maduro de reprendre la main sur le Parlement, dernière institution qui échappait à son contrôle. Le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) au pouvoir a emporté plus de 91% des 277 sièges de l’Assemblée. C’est à la suite des ces législatives, qualifiées de « farce » par l’opposition et rejetées par une grande partie de la communauté internationale (dont Washington, l’Organisation des États américains (OEA) et l’Union européenne), que Guaidó a organisé un referendum populaire entre le 7 et le 12 décembre dernier. Sans valeur juridique, il s’agissait d’un appel aux urnes à caractère symbolique, avec le seul objectif de tester sa popularité et faire ainsi pression pour tenter de proroger son mandat à la présidence de l’assemblée sortante. Ce fut, en fait, un nouveau revers pour lui. (…)

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