🇵🇦 Des villageois promettent de s’opposer jusqu’au bout à un barrage pour le canal de Panamá (Juan José Rodríguez / TV5 Monde)
Magdalena Martínez a vécu toute sa vie au bord de la rivière Indio, mais un barrage prévu pour protéger le canal de Panamá de la sécheresse menace désormais d’engloutir sa maison.

Cette femme de quarante-neuf ans fait partie des centaines d’habitants opposés à un nouveau réservoir qui doit alimenter en eau douce la cette voie navigable interocéanique, au cœur de tensions diplomatiques avec les États-Unis.
“Je me sens mal face à cette menace”, déclare Mme Martínez dans la maison en bois au toit de tôle où elle vit avec son mari et cinq de ses treize enfants. “Nous ne savons pas où nous irons”, confie-t-elle à l’AFP.
Toute sa famille est née à Boca de Uracillo, un hameau entouré de collines verdoyantes, dont les quelque 200 habitants vivent de l’élevage et de la culture, de manioc et de maïs notamment.
Les villageois se disent déterminés à empêcher que leurs maisons soient sacrifiées pour aider l’industrie mondiale du transport maritime, qui pèse des milliards de dollars.
“Il faut se battre jusqu’au bout”, lance Yturbide Sanchez, 44 ans.
La semaine dernière, des centaines d’habitants de cette zone, brandissant des drapeaux, ont navigué sur la rivière Indio en barques à moteur pour protester contre le projet de barrage, qui obligerait des milliers de familles à déménager.
“Nous ne voulons pas qu’ils nous prennent l’eau de la rivière, nous en avons besoin”, a déclaré à l’AFP Ariel Troya. “Si le projet avance, il nous privera de futur”, estime le cultivateur de quarante-huit ans.
“L’eau du futur”
L’Autorité du canal de Panamá (ACP), organisme public autonome qui exploite le canal de 80 km de long reliant les océans Atlantique et Pacifique, a décidé d’y construire un réservoir pour faire face à des sécheresses sévères, comme celle de 2023 ayant entraîné une réduction drastique du trafic maritime. Or, le Panamá tire des recettes provenant du transit des navires et des prestations de services.
Inauguré il y a plus d’un siècle, le canal de Panamá dépend en effet de l’eau de pluie, autrefois abondante, stockée dans deux lacs artificiels qui fournissent également de l’eau potable.
Le canal possède un système d’écluses pour hisser ou abaisser les navires jusqu’à vingt-six mètres au-dessus du niveau de la mer. Le passage d’un navire nécessite près de 200 millions de litres d’eau douce.
Le nouveau réservoir voulu par l’Autorité, couvrant environ 4 600 hectares, alimenterait un des lacs existants via un tunnel de neuf kilomètres. (…)