Violences policières en Colombie : plus de cent manifestants victimes de lésions oculaires irréversibles (Amnesty International)


La Colombie a traversé une importante crise de violations des droits humains dans le cadre des manifestations de la « grève nationale » qui ont éclaté en avril 2021. Amnesty International a analysé des cas graves de violences policières. Enquête.  

Un policier de la brigade colombienne anti-émeute tire des gaz lacrymogènes sur les manifestants, Medellin, le 28 mai 2021 / © Joaquin Sarmiento – AFP via Getty Images

C’est une réforme fiscale qui a d’abord mis le feu aux poudres en Colombie.  Depuis avril 2021, d’importantes manifestations ont gagné le pays. Elles ont été violemment réprimées. On compte plusieurs morts, des centaines de blessés graves et des arrestations arbitraires.  

Dans notre nouvelle enquête Colombia: Shoot on Sight: Eye Trauma in the Context of the National Strike, réalisée conjointement avec le Programa de Acción por la Igualdad y la Inclusión Social (PAIIS), l’Universidad de los Andes, et l’ONG Temblores, nous présentons 12 cas de violences policières qui ont causé aux victimes des lésions oculaires irréversibles.

Les images que nous avons analysé prouvent que des membres de cette unité de police ont utilisé la force et des armes potentiellement meurtrières de façon excessive et disproportionnée contre les manifestants.  

Dans cette enquête, nous mettons en lumière l’histoire de ces victimes en décrivant les multiples obstacles auxquels elles sont confrontées pour obtenir des soins médicaux spécialisés et des soins psychosociaux.  

“Il est inquiétant de constater que des membres de l’Unité antiémeutes de la police ont délibérément tiré dans les yeux d’un si grand nombre de personnes, uniquement parce qu’elles ont exercé leur droit légitime de manifester pacifiquement.”  (Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International)

Une victime témoigne

L’un des cas les plus emblématiques de notre enquête est celui de Leidy Cadena.

Le 28 avril 2021, comme des milliers d’autres Colombiens, cette jeune étudiante en sciences politiques est descendue manifester dans le centre-ville de Bogotá. En début d’après-midi, elle s’est dirigée vers la Place Bolivar – lieu historique de protestations sociales dans la capitale colombienne – avec son petit ami et quelques amis. Sur le trajet, des policiers de l’Unité antiémeutes les ont abordés de façon agressive. Leidy a perdu un œil dans cette attaque. Nous avons analysé une vidéo filmée à la suite de l’incident dans laquelle on peut voir cinq policiers équipés de boucliers, dont deux avec des équipements antiémeutes et des armes à projectiles. On y voit Leidy Cadena couvrir son œil ensanglanté. Ses amis demander de l’aide, mais les policiers n’interviennent pas.    Depuis cet accident, Leidy Cadena  a reçu des menaces sur les réseaux sociaux. Du fait des menaces, Leidy, sa mère et son compagnon ont été contraints de quitter la Colombie. (…)

(…) Lire la suite ici