Xiomara Castro, présidente du Honduras (Ezequiel Sánchez / Página 12 / Traduction Venesol)


La première femme présidente de l’histoire du Honduras a pris ses fonctions le 27 janvier 2022 dans un stade national de Tegucigalpa bondé, devant près de trente mille personnes et un nombre record de délégations internationales, après douze ans de résistance suite au coup d’État subi par son compagnon Manuel Zelaya Rosales en 2009.

Xiomara Castro (stade national de Tegucigalpa, Honduras, 27 janvier 2022)
AP Photo / Moises Castillo

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Xiomara Castro asumió la presidencia de Honduras

Depuis le 27 janvier, Xiomara Castro est devenue la première femme de l’histoire à présider l’exécutif hondurien après que Luis Redondo, le nouveau président du Congrès, lui a remis l’écharpe présidentielle turquoise. Alors que le conflit couve toujours suite à la mise en place par des députés d’une législature parallèle, Castro a prêté serment sur la constitution devant une juge, comme l’exige la loi.

« Cher peuple hondurien. Cette date entrera dans l’histoire comme la marque d’une génération qui a décidé d’être libre et qui léguera aux générations futures la possibilité de croître », a-t-elle déclaré lors de son discours dans lequel elle a dénoncé la situation calamiteuse de l’État dont il a hérité, mais a également mentionné plusieurs projets qui ont suscité les applaudissements du public qui faisait la queue depuis tôt le matin pour assister à l’événement dans le stade national de Tegucigalpa, décoré pour l’occasion de plusieurs peintures murales représentant l’histoire du pays.

Présence internationale

L’événement a été suivi par 40 délégations internationales, dont la vice-présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner, son homologue américaine Kamala Harris, l’ancienne présidente brésilienne Dilma Rousseff, l’ancien président paraguayen Fernando Lugo, le roi Felipe VI d’Espagne, le président du Costa Rica Carlos Alvarado et le secrétaire général adjoint de l’Organisation des États américains (OEA), Nestor Mendez, entre autres. Pour alléger l’attente de l’arrivée des autres chefs d’État, Héctor Acosta le sénateur de la République dominicaine et chanteur de bachata, surnommé « El torito », a conquis le public avec ses classiques.

Le retour du Honduras dans le monde était évident si on compare la prestation de serment de Castro avec l’événement de 2017 où son prédécesseur Juan Orlando Hernández a commencé son deuxième mandat présidentiel illégal. Mme Castro s’est d’abord rendue à la basilique de Zuyapa, puis a traversé une grande partie de la capitale dans une voiture décapotable où, accompagnée de l’ancien président Manuel Zelaya Rosales, elle a salué les gens qui l’attendaient de part et d’autre de l’avenue qui mène au stade de football. En 2017, Juan Orlando Hernández avait prêté serment sans qu’aucun entourage international ne vienne le féliciter, alors que la population était gazée et réprimée dans les rues pour avoir protesté contre le vol des élections et les meurtres qui ont suivi.

Annonces

La nouvelle présidente a assuré que les efforts de son mandat reposeraient sur quatre piliers : la santé, l’éducation, la sécurité et le travail. Elle s’est attaquée au modèle néolibéral établi après le coup d’État : « La catastrophe économique que nous avons subie n’a pas d’équivalent dans l’histoire du pays, et son impact sur la vie des gens se reflète dans l’augmentation de 700 % de la dette. La pauvreté a augmenté à 74 %, faisant du Honduras le pays le plus pauvre d’Amérique latine », a-t-elle déploré. « La refondation du Honduras commence par le rétablissement du respect des êtres humains ».

Elle a ensuite promis qu’un million de familles bénéficieront de services d’électricité gratuits, mais que ces factures devront être subventionnées par ceux qui consomment le plus, puisqu’il reçoit un État en faillite, incapable de prendre en charge cette réduction pour les plus démunis. Elle a également garanti des repas scolaires gratuits afin que les enfants puissent retourner à l’école et ne soient pas obligés de travailler pour aider leur famille.

Une autre mesure qu’elle a annoncée est la subvention du carburant, qui a suscité une vague d’applaudissements dans un pays où les gens utilisent leur voiture même pour parcourir cinq pâtés de maisons, soit par manque de bons transports publics, soit par peur de l’insécurité, soit par habitude. La diminution des taux d’intérêt bancaires était une autre promesse visant à soulager les portefeuilles des gens.

Elle a également consacré une partie de son discours aux migrants, promettant de faire tout ce qui est possible pour leur permettre de revenir et d’éviter l’exode massif qui afflige le pays depuis un certain temps, mais qui a augmenté et est devenu plus visible depuis 2018, lorsque les fameuses caravanes ont commencé à se mettre en route, parcourant des milliers de kilomètres à pied pour tenter d’atteindre les États-Unis et d’obtenir l’opportunité d’une vie meilleure et plus digne.

Le lourd héritage

Elle a également profité de son discours pour dénoncer l’État qui a violé les droits humains et pour réclamer la liberté des prisonniers politiques et des défenseurs de la rivière Guapinol, ainsi que pour demander justice pour Berta Cáceres, la leader écologiste assassinée en 2016 pour s’être opposée, avec le peuple Lenca, à la construction d’un barrage sur leur rivière sacrée Gualcarque. Sa fille et actuelle dirigeante du Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH), Berta Zúñiga Cáceres, a remis à la présidente un bâton ancestral, Xiomana Castro devenant ainsi le premier chef d’État à le recevoir dans l’histoire, avec l’engagement que cela représente. (…)

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Voir également: Le Honduras confronté à un coup institutionnel contre sa Présidente (analyse de Malena Reali – Le Vent se lève / Revue de presse / Vidéos)