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ACTUALITES

                             De la dialectique des luttes

      Pour comprendre les manifestations qui ont éclaté cet été au Brésil, l’auteur nous invite à tenir compte
      de quatre points, qui, selon lui, les résument et les caractérisent.

© DR                                                                            Comme lors du Printemps Arabe,
                                                                                Internet (notamment par le biais
                     Les racines de la révolte                                  de Facebook) et les réseaux sociaux
      Penser que les manifestations qui ont éclaté en                           ont joué un rôle fondamental dans
      juin dernier au Brésil sont le fruit du hasard, serait                    cette démonstration de force, le
      évidemment faux. Impossible d’ignorer la mobi-                            nombre de participants augmen-
      lisation de nombreux groupes luttant pour les                             tant chaque fois. On avait l’impres-
      droits fondamentaux : accès à la terre, au loge-                          sion que le peuple retournait dans
      ment, à l’éducation et à de meilleures conditions                         la rue, comme à la fin de la dictature
      de vie. Bref, des combats pour la justice sociale.                        des années 80 ou lors de la desti-
      Il y a presque un an, à Teresina, au nord-est du                          tution de Fernando Collor, le prési-
      Brésil, l’annonce d’une augmentation des tarifs                           dent du pays en 1992. La réaction
      du transport a immédiatement jeté la popula-                              de la police, autorisée par le gouver-
      tion dans la rue. La mobilisation fut telle que la                        neur de l’État de São Paulo, Geraldo
      Justice a pris fait et cause en sa faveur. Et cette                       Alckmin (PSDB), a été brutale. Au
      victoire est restée gravée dans les mémoires.                             début, si la presse dans sa majorité
      Quand au début de 2013, l’Etat de São Paulo an-                           était contre ces mouvements, les
      nonce lui aussi une augmentation du tarif des                             scènes de violences répétées contre
      transports, de petits mouvements sociaux s’or-                            les manifestants mais aussi contre
      ganisent, conduits par le mouvement « Passe                               des journalistes, et la mobilisation
      Livre ». Bien structuré et bien organisé, existant         grandissante, ont fini de convaincre les médias
      déjà depuis huit ans, actif aussi sur d’autres vil-        à prendre des positions plus favorables envers
      les brésiliennes, le « Passe Livre » se bat pour un        le mouvement.
      droit au transport public, efficient et gratuit. Ses
      membres, déjà connus pour leur capacité à mo-                                Le réveil du géant…
      biliser, organisent alors des manifestations fré-          Mais malgré les positions de la presse, du maire et
      quentes qui ne cesseront que lorsque l’augmen-             enfin du gouverneur qui se sont rangés du côté
      tation du prix des transports sera abandonnée.             de la rue, l’augmentation des tarifs n’a cepen-
                                                                 dant pas été annulée. La lutte a donc continué,
                                                                 les gens plus nombreux que jamais. Le mouve-
                                                                 ment s’est ensuite répandu dans d’autres villes
                                                                 du pays. D’ailleurs, la situation à Belo Horizonte,
                                                                 Rio de Janeiro et Fortaleza, était pire qu’à São
                                                                 Paulo. Les scènes de violence entre manifestants
                                                                 et la police y étaient constantes. Parallèlement,
                                                                 la Coupe des Confédérations, organisée par la
                                                                 FIFA et dont le siège est au Brésil, s’est incidem-
                                                                 ment greffée au mouvement pour le prolonger.
                                                                 Imprévisible, cette coïncidence entre manifes-
                                                                 tations et matchs de la sélection brésilienne est
                                                                 devenue un argument supplémentaire de mo-
                                                                 bilisation, contre les dépenses énormes engen-
                                                                 drées par cette Coupe du Monde qui aura lieu
                                                                 au Brésil l’année prochaine. La population a paru
                                                                 se réveiller d’un long sommeil. La presse titrait :
                                                                 « le géant s’est réveillé ». Dans tous les coins du
                                                                 Brésil, même dans de petites villes, il y avait des
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