🇦🇷 En Argentine, une inflation de presque 95 % pour 2022 (Le Monde/ AFP)


Un tel chiffre n’avait pas été atteint dans le pays depuis trente-deux ans. Mais l’indice de décembre confirme une décélération relative depuis quelques mois.

Un employé d’une boucherie de Buenos Aires, en Argentine, le 12 janvier 2023. LUIS ROBAYO / AFP

En 2022, l’Argentine a encore subi une annĂ©e Ă©conomiquement difficile. Le pays d’AmĂ©rique du Sud a connu une inflation annuelle de 94,8 % – un taux parmi les plus Ă©levĂ©s du monde –, qu’il n’avait pas enregistrĂ©e depuis trente-deux ans.

L’indice de dĂ©cembre publiĂ© jeudi 12 janvier par l’Institut national de la statistique et des recensements (Indec) conforte nĂ©anmoins une dĂ©cĂ©lĂ©ration relative depuis quelques mois, depuis un pic de 7,4 % en juillet, passĂ© Ă  6,3 % en octobre, et Ă  4,9 % en novembre. L’inflation en Argentine Ă©tait de 50,9 % en 2021. Le gouvernement espère la contenir, pour la limiter Ă  60 % en 2023, projection sur laquelle il a Ă©tabli son budget.

Le prĂ©cĂ©dent sommet datait de 1991, avec plusieurs taux d’inflation interannuelle successifs supĂ©rieurs Ă  100 %, une annĂ©e qui marquait la fin d’un cycle d’hyperinflation (supĂ©rieure Ă  1 000 %).

« Comme si tu choisissais un bijou »

L’évolution des Ă©tiquettes de certaines denrĂ©es donne le tournis : un litre de lait avait ainsi augmentĂ© de 320 % en trois ans Ă  la fin de 2022 ; le litre d’huile, de 456 % ; le kilo de sucre, de 490 %, selon la firme de conseil Abeced.

« Tu t’arrĂŞtes devant les rayons, tu analyses les prix, comme si tu choisissais un bijou… J’ai rĂ©duit la boulangerie, c’est devenu n’importe quoi. Et j’ai quasiment arrĂŞtĂ© le fromage râpĂ©, presque 3 500 pesos [environ 17,50 euros au taux officiel] le kilo quand il n’atteignait pas 1 000 [5 euros] il y a un an… Â», explique Ă  l’Agence France-Presse Julian Rattano, retraitĂ©, en faisant ses courses Ă  Parque Chacabuco, un quartier de Buenos Aires.

« Le lait, le fromage, les œufs, plus aucun prix n’a de relation avec rien. La boîte de trente œufs, qu’il y a un an j’achetais 150 ou 200 pesos [près de 1 euro], est à 700 [3,50 euros] aujourd’hui ! », grince Roxana Pardo, commerçante de 34 ans, dans un supermarché du même quartier de classe moyenne.

L’Argentine, troisième économie d’Amérique latine, reste engluée dans une inflation chronique, à deux chiffres depuis douze ans, aux causes multiples, tant internes (déficits budgétaires récurrents, anticipations inflationnistes à large échelle) qu’externes (impact de la guerre en Ukraine), qui accable le redressement macroéconomique d’ensemble, particulièrement après la pandémie.

Le pays devrait ainsi terminer 2022 autour de 5 % de croissance, après une hausse de l’activitĂ© de 10,3 % en 2021, qui faisait suite Ă  trois annĂ©es de rĂ©cession. En 2023, cette croissance devrait se situer autour de 2 %, ralentie comme l’ensemble de l’économie mondiale, mais l’une des plus fortes d’AmĂ©rique latine, selon les prĂ©visions de la Banque mondiale cette semaine. Trois annĂ©es consĂ©cutives de croissance, une situation qui n’avait plus Ă©tĂ© vue depuis les annĂ©es 2006, 2007, 2008 en Argentine, ne se prive pas de rappeler le gouvernement (centre gauche) d’Alberto Fernandez.

Les salaires peinent à suivre l’inflation

Les prix de décembre, selon l’Indec, ont surtout été tirés par les secteurs de l’hôtellerie-restauration, des boissons et du tabac, une occurrence pas inhabituelle en cette saison d’été austral.

Le ministre de l’économie, Sergio Massa – le troisième en un an – mise Ă  prĂ©sent sur une relative maĂ®trise inflationniste Ă  terme, entre 3 % et 4 % mensuels, la reconstitution progressive des rĂ©serves de change – notamment grâce Ă  des exportations record en 2022 –, et une discipline budgĂ©taire accrue (objectif de dĂ©ficit passant de 2,5 Ă  1,9 % en 2023) pour stabiliser l’économie. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici