🇨🇱 Mégafeux au Chili : la faute aux monocultures de pins (Reporterre)


Depuis début février, le centre-sud du Chili fait face à des centaines d’incendies. En cause : les vagues de chaleur, la mégasécheresse et les monocultures de pins et eucalyptus.

Dégâts suite aux incendies de forêt dans la province de Concepción, le 9 février 2023. Le Chili a annoncé un couvre-feu nocturne dans les régions du Centre-Sud. – © AFP/Javier Torres

430 000 hectares brûlés, 24 morts, plus de 3 000 blessés, 1 500 maisons détruites, plus de 6 000 personnes sans logement… C’est le bilan provisoire des incendies qui enflamment le centre-sud du Chili depuis début février. La superficie qui a brûlé dans trois régions chiliennes (Biobío, Ñuble, Araucania) dépasse déjà de moitié celle incendiée dans toute l’Union européenne en 2022. La France, l’Espagne, le Brésil ou encore les États-Unis ont envoyé des renforts matériels et humains. Malgré cette mobilisation internationale, plus de 80 feux sur 300 sont encore hors de contrôle.

La mégasécheresse que le Chili subit depuis treize ans et les vagues de chaleur qui traversent tout le pays depuis le début de l’été austral — de novembre à avril — sont pointées du doigt. Les effets du dérèglement climatique sont bien là, mais d’autres coupables expliquent la propagation vertigineuse de ces incendies.

L’industrie forestière aggrave les incendies

Pour les habitants des régions sous les flammes (Biobío, Ñuble et Araucania), il y a une sensation de déjà-vu. En 2017, ils avaient vécu les mêmes incendies dévastateurs, dont le bilan s’élevait à onze morts et 467 000 hectares brûlés.

Suite à ces premières tempêtes de feu, le Centre des sciences du climat et de la résilience (CR2) publiait, en 2020, un rapport recommandant déjà une régulation de l’industrie forestière : « Dans un scénario de changement climatique qui favorise l’augmentation de la fréquence, l’étendue et l’intensité des incendies, […] il est très important de générer des politiques visant à contrôler des espèces exotiques envahissantes [pins et eucalyptus principalement] et la restauration des écosystèmes indigènes pour réduire la probabilité d’événements catastrophiques. »

Le Chili compte plus de trois millions d’hectares de plantations de pins et d’eucalyptus en monoculture. Les conséquences environnementales de cette activité ont été largement documentées par la science. « Les conditions plus sèches et chaudes sont propices à la propagation d’incendies, car il y a moins d’humiditéexplique Alejandro Miranda, l’un des auteurs du rapport du CR2. Les plantations forestières extensives qui génèrent des paysages homogènes ont un potentiel inflammable élevé. »

« Un manque de contrôle sur ces entreprises forestières »

Pour lui, « ceux qui contrôlent les plantations d’arbres en monoculture ont la responsabilité de prévenir, d’atténuer et de combattre les incendies ». Un point de vue partagé par Andrés Meza, vice-président de l’ONG Bosque Nativo : « [L’ONG] ne pointe pas nécessairement du doigt les espèces cultivées, mais les grandes déficiences dans la gestion de ces monocultures, dit-il à ReporterreLa majorité des plantations sont aux mains de deux grandes compagnies industrielles. »

Andrés Meza regrette « un manque de contrôle sur ces entreprises forestières. Cela permettrait à l’État de garantir une gestion soutenable de ces plantations, en prenant en compte les aspects économiques, sociaux et environnementaux ». L’ONG plaide ainsi pour un « changement de modèle de développement de l’industrie forestière ». (…)

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Chili: les violents incendies continuent de faire rage, au moins 24 morts (Naïla Derroisné-RFI / France 24 / Sciences et avenir)

Au Chili, les violents incendies ont fait au moins 24 morts et plus de 1 182  blessés. Les flammes ont dévoré trois régions dans le sud du pays, là où la canicule et la sécheresse frappent de plein fouet. Ce dimanche 5 février, dans l’ après-midi, il y avait encore 260 feux en cours et des milliers d’hectares déjà partis en fumée. L’état de catastrophe a été déclaré dans toute la zone

Un homme nettoie les débris de sa maison partie en fumée dans les incendies, à Santa Juana, au centre du pays, le 5 février 2023. AP – Matias Delacroix

Attisés par des vents modérés à forts et des températures supérieures à 40°C, les feux ont dévasté en cinq jours quelque 270 000 hectares, détruisant 1 081 habitations. C’est ce qu’ont précisé les autorités.

Sur les chaînes de télévision, on voit d’immenses nuages de fumée noire et des flammes plus hautes que les maisons qui avancent à une vitesse impressionnante. Les habitants ont parfois à peine le temps de récupérer quelques affaires qu’ils doivent déjà évacuer les lieux en courant pour échapper au brasier monstrueux. Plus de 800 habitations et 13 établissements scolaires ont été détruits, plusieurs centaines de personnes ont dû être relogées.

Dix personnes arrêtées

Le gouvernement chilien a annoncé l’arrestation de 10 personnes soupçonnées d’être à l’origine de quelques-uns de ces incendies. Quant à Gabriel Boric, il a écourté ses vacances. Le président chilien a assisté dimanche à la veillée funèbre d’un pompier volontaire dans la ville de Coronel. Il s’est rendu une nouvelle fois dimanche dans la ville de Concepción, à 510 km au sud de Santiago, et a visité les zones ravagées.

« Il y a des indices qui montrent que certains des incendies ont été provoqués par des feux non autorisés. Il est strictement interdit de brûler des détritus ou des déchets agricoles sans autorisation », a-t-il mis en garde. L’office national chilien des forêts signale que dans 99 % des cas, l’activité humaine est la cause des incendies forestiers : manipulation imprudente du feu, mauvaises pratiques agricoles ou incendies criminels. (…)

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Depuis vendredi, plus de 200 incendies se sont déclarés au Chili, ravageant 40 000 hectares totalement partis en fumée. Plusieurs régions du pays ont été déclarées en état de catastrophe.


Ravagé par des mégafeux, le Chili est en proie à sa plus longue sécheresse depuis mille ans (Rachel Mulot / Sciences et avenir)

Les centaines d’incendies qui font rage dans le centre-sud du Chili depuis près d’une semaine menacent d’autres régions du pays en raison d’une nouvelle vague de chaleur, alertent les autorités du pays. Plus de 40.000 hectares ont déjà brûlé dans les régions de Ñuble et de Biobío, situées à 400 et 500 kilomètres au sud de Santiago.

Le 8 février 2023, la silhouette d’un Chilien se détache devant un feu de forêt, dans la région du Biobío. Javier Torres/ AFP

À titre de comparaison, entre janvier et août 2022, sur l’ensemble du territoire français, 62.000 hectares étaient partis en fumée.

Pour le Chili, le spectre des incendies de 2017

En cause, selon l’OMM (Organisation météorologique mondiale), la “méga-sécheresse” qui frappe le Chili depuis une décennie maintenant. Soit la plus longue recensée au cours des mille dernières années. Le tout est amplifié par une canicule sans précédent sur une large part du continent sud-américain et des vents violents qui attisent la propagation rapide des flammes.

Pour les chiliens, plane le spectre de 2017 : cette année-là, de gigantesques incendies de forêts avaient fait onze morts, 6000 sinistrés, détruit plus de 1500 maisons et dévasté 467.000 hectares. Comme lors de cette catastrophe, les incendies de 2023 ont démarré dans des régions agricoles et forestières avant de se propager vers les zones habitées.Le bilan au 8 février fait état de 24 morts et 2180 blessés, mais il pourrait encore s’aggraver. Une alerte rouge a été émise dans certains secteurs de la région de Los Rios, dans le sud du Chili, près des villes de Corral et Valdivia et dans la région de la capitale, plus au Nord. Une nouvelle vague de chaleur avec des températures dépassant les 37 degrés Celsius est en effet prévue jusqu’à vendredi prochain. (…)

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Incendies au Chili: des cultures de pins et d’eucalyptus très inflammables (RFI)

Au moins 24 morts, 2 180 blessés et près de 300 000 hectares brûlés. Tel est le bilan encore provisoire des incendies qui continuent de ravager le centre-sud du Chili. Cette surface représente déjà, à elle seule, la moitié de la superficie brûlée dans l’Union européenne sur toute l’année 2022. Des incendies notamment alimentés par un modèle de sylviculture largement orienté autour de l’eucalyptus et du pin.

Des arbres brûlent alors que les flammes et la fumée engloutissent une zone de Santa Juana, au Chili, le 6 février 2023. AP – Matias Delacroix

On attend, jusqu’au vendredi 10 février, près de 37°C sur le centre et le centre-sud du Chili. Une vague de chaleur qui fait craindre des départs de feu dans de nouvelles régions. Les États-Unis, l’Espagne ou encore le Portugal ont apporté leur aide à ce pays, qui fait face à ses incendies les plus meurtriers depuis dix ans. Mercredi, le Chili en comptait encore 300.

À Santa Juana, dans la région de Biobío, notre correspondante Naïla Derroisné constate l’ampleur du désastre. Ici, 70% du territoire est calciné. Une épaisse fumée rouge embaume le ciel et des flocons de cendres tombent sans arrêt. Certains habitants ont tout perdu.

Huit personnes, soupçonnées d’être à l’origine de quelques-uns de ces feux, ont été inculpées. Pour davantage de contrôle, le président chilien, Gabriel Boric, a annoncé qu’un couvre-feu sera bientôt mis en place dans les principales régions affectées par les incendies.

Un modèle de sylviculture à repenser

Le Chili avait déjà été frappé par de gigantesques incendies dans les mêmes régions en 2017. Cette année, la chaleur écrasante de l’été austral, toujours en cours, et une grave sécheresse liée au dérèglement climatique, expliquent en partie l’ampleur des incendies.

En partie seulement, car pour Aníbal Pauchard, professeur à la faculté des sciences forestières de Concepción, l’une des régions touchées, l’ampleur et la multiplication de ces feux s’expliquent aussi par la présence de vastes cultures de pins et d’eucalyptus, pour l’industrie du bois et de la pâte à papier.

« Certaines espèces sont effectivement plus inflammables, dit-il. La spécificité du Chili, c’est aussi la superficie de ces cultures : à certains endroits, des vallées entières sont plantées à 80 ou 90% de ces espèces d’arbres à croissance rapide. Et c’est un risque. C’est comme ajouter chaque fois du combustible dans ces zones. Il faut donc encadrer cela. Et cela ne concerne pas seulement les grandes entreprises, mais tous les acteurs en présence. »

Favorisé par la dictature du général Augusto Pinochet dans les années 1980, le développement des grandes plantations d’arbres est très critiqué par une partie du peuple autochtone mapuche, dont le territoire ancestral se trouve justement dans les régions les plus touchées par ces feux de forêts. (…)

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Voir aussi notre communiqué : Solidarité avec les victimes des incendies au Chili