🇦🇷 Argentine. L’enfant volé N°139 a été retrouvé (Viralmag)
C’est une nouvelle bouleversante dans la quête de vérité sur les crimes de la dictature argentine. Les Grands-mères de la Place de Mai ont annoncé mardi 21 janvier avoir retrouvé la trace de la « petite-fille N°139 », un bébé volé il y a près de cinquante ans, arraché à ses parents militants enlevés par le régime. Une découverte émouvante qui ravive la mémoire de cette sombre période de l’histoire argentine.

Le combat inlassable des Grands-mères de la Place de Mai
Depuis la fin de la dictature en 1983, l’organisation des Grands-mères de la Place de Mai lutte sans relâche pour retrouver les enfants volés sous le régime militaire. On estime qu’environ 300 bébés ont été arrachés à leurs mères détenues, pour être confiés à des familles proches du pouvoir. Un plan systématique d’appropriation d’enfants, destiné à les priver de leur identité et de leurs racines.
Pendant 47 ans, les Grands-mères ont remué ciel et terre pour localiser ces enfants disparus. Recoupant les informations, suivant les pistes, multipliant les appels à témoins. Un travail de fourmi animé par un seul objectif : rendre leur identité à ces orphelins de la dictature. Aujourd’hui, c’est une nouvelle victoire dans ce long combat pour la vérité.
La « petite-fille 139 », fille de militants disparus
La « petite-fille » retrouvée, âgée aujourd’hui de 47 ou 48 ans, est née entre janvier et février 1978. Ses parents, Noemi Beatriz Macedo et Daniel Alfredo Inama, étaient des militants marxistes-léninistes. Ils ont été enlevés en novembre 1977, alors que Noemi était enceinte de six à sept mois. Le couple a ensuite disparu, probablement assassiné par le régime.
La quête de mémoire, de vérité et de justice continue
L’enfant a été identifiée grâce à un test ADN. Elle a un frère et une sœur biologiques, qui ont aussi été volés à la naissance et retrouvés précédemment par les Grands-mères. Ramón, le frère, était présent lors de l’annonce publique mardi. Très ému, il a confié que sa sœur avait « les yeux de leur grand-mère », la mère de leur père disparu.
Avec cette 139ème identification, les Grands-mères de la Place de Mai prouvent que leur détermination reste intacte. Malgré le temps qui passe et les obstacles, elles continuent de se battre pour que la vérité éclate sur les crimes de la dictature. Un combat d’autant plus crucial que cette sombre page de l’histoire reste soumise à des controverses.
Le nouveau président ultralibéral Javier Milei a ainsi récemment contesté le bilan officiel des 30 000 disparus, ramenant ce chiffre à moins de 9 000. Des propos qui inquiètent les défenseurs des droits de l’homme, dans un contexte de réduction des effectifs du Secrétariat dédié à ces questions. Face à ces tentatives de réécriture de l’histoire, le combat des Grands-mères apparaît plus que jamais essentiel.
Comme l’a souligné Estela de Carlotto, la présidente de l’association, « inexorablement, la vérité sur les crimes de la dictature continue de sortir au jour ». Chaque enfant retrouvé est une nouvelle victoire contre l’oubli et l’impunité. Une manière de rendre hommage aux disparus et d’honorer leur mémoire.
Le long chemin vers la restitution d’identité
Pour les enfants volés, le chemin vers la découverte de leur identité est souvent long et douloureux. Beaucoup ont grandi dans l’ignorance de leur histoire, élevés par les familles qui les ont illégalement adoptés. Apprendre la vérité sur leurs origines est un choc immense, qui les confrontent à la tragédie vécue par leurs parents biologiques.
Mais c’est aussi le début d’une nouvelle vie, la possibilité de renouer avec leurs racines et leur famille légitime. Les retrouvailles avec les Grands-mères ou les frères et sœurs sont souvent intenses en émotions. Tout un pan de leur histoire personnelle leur est révélé, leur permettant enfin de se reconstruire dans la vérité. (…)
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Pour rappel, voir : Le 138ème petit-fils volé sous la dictature argentine retrouvé (Steven Soarez – Viralmag / Samuel Ravier-Regnat – Libération) (28 décembre 2024)