🇦🇷 À Davos, Javier Milei souligne sa proximité idéologique avec Donald Trump (RFI / Le Grand Continent)


Au Forum économique de Davos, le discours du président argentin n’est pas passé inaperçu. Javier Milei a tiré à boulets rouges sur le « wokisme » qu’il a qualifié de cancer et a salué « l’âge d’or » que promet Donald Trump pour les États-Unis. Le président argentin  profite de sa proximité idéologique avec le président américain pour légitimer sa posture à l’international.

Le président argentin Javier Milei lors de son discours à Davos. AFP – Fabrice Coffrini

« Le féminisme, la diversité, l’inclusion, l’équité, l’immigration, l’avortement, l’idéologie du genre sont différentes têtes du même du même monstre », a déclaré Javier Milei. Dans son discours à Davos, le président argentin a repris les thèmes de prédilection de Donald Trump. Les deux chefs d’État apparaissent comme les deux clones d’une même pensée. Au passage, Javier Milei renforce la légitimité de son pouvoir, dans une volonté de construction d’un « leadership international réactionnaire ». Il a d’ailleurs salué, mercredi 22 janvier au Forum économique de Davos, « l’âge d’or » que promet Donald Trump pour les États-Unis, « une lumière pour le monde entier ».

Selon David Copello, politologue et spécialiste de l’Argentine à l’Institut catholique de Paris, « le programme idéologique, politique et économique de Milei est relégitimé sur la scène internationale et nationale par l’élection de Trump ». Car le nouveau président américain est « d’accord sur une grande majorité des sujets avec ce que propose Milei, qui n’est plus si marginal que ça ». Et d’ajouter : « Quelque part, il y a aussi un challenge pour Milei dans ce discours de se réaffirmer comme celui qui avait proposé tout cela en premier et qui maintenant a trouvé de nouveaux partenaires internationaux. » (…)

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Milei à Davos : le discours intégral (traduction et commentaires par Fernando Pittaro / Le Grand Continent)

Après l’économie, Javier Milei se lance dans les guerres culturelles. Son projet ? « Rendre à l’Occident sa grandeur » en assumant de prendre la tête d’une internationale réactionnaire aux côtés de ses « camarades de lutte » : Trump, Musk, Meloni Orbán.

Avec son dernier discours à Davos, le style Milei vient de connaître une inflexion majeure. Nous le traduisons et le commentons ligne à ligne.

L’intervention du président argentin au Forum de Davos n’est, une fois encore, pas passée inaperçue. Le public, qui oscillait entre l’étonnement et la stupéfaction, a écouté son discours et n’a laissé échapper qu’un faible applaudissement à la fin de son intervention. Insultes, déclarations grandiloquentes et alignement automatique sur les États-Unis sont quelques-unes des clefs d’une nouvelle mise en scène mêlant dogmatisme de marché, autoritarisme politique et vulgarisation rhétorique.

Quelques heures avant de prononcer son discours à Davos, Milei avait écrit une lettre sur le réseau X de son ami Elon Musk pour le défendre des accusations d’être un nazi après son salut devant ses partisans. « Non seulement nous n’avons pas peur de vous, mais nous vous poursuivrons jusque dans les coins les plus reculés de la planète pour défendre la LIBERTÉ. Tremblez, gauchos fils de pute. La liberté avance. VIVE LA LIBERTÉ, PUTAIN » concluait son message téméraire.

Milei était euphorique. Il revenait de l’investiture de « son allié » Trump et de la promesse du magnat Marc Benioff, propriétaire de Salesforce, d’investir 500 millions de dollars en Argentine.

Une fois derrière le pupitre, sans lever les yeux de ses notes, il a lu le discours d’un ton monocorde, cherchant parfois la complicité d’un public qui semblait plus mal à l’aise qu’attentif.

Jusqu’ici, rien de très différent de sa dernière apparition à Davos il y a un an. Mais certains changements sont à noter. Cette fois-ci, il a très peu parlé d’économie. La quasi-totalité de son discours a été consacrée à sa nouvelle obsession : la guerre culturelle.

Avec l’aide de ses deux plumes, Nicolás Márquez et Agustín Laje, on voit clairement comment Milei abandonne son discours plus orthodoxe  — « libéral libertarien » — pour se rapprocher de plus en plus du cadre proposé par l’alt-right — plus paléolibertarien que libertarien.

Dans le discours qu’il a prononcé il y a deux mois à Buenos Aires, dans le cadre de la Convention CPAC, il avait commencé à donner quelques indices de ce changement de cap. Il y parlait pour la première fois de la nécessité d’assumer une position de droite afin de pouvoir mener la bataille culturelle qu’exige le climat actuel : « La seule façon de combattre le socialisme, c’est par la droite. Quant à l’extrême centre, ses positions et ses outils sont toujours et partout fonctionnels pour la gauche criminelle. C’est-à-dire que tous ces tièdes qui veulent aller au centre, la seule chose qu’ils font, c’est céder du terrain à la gauche — et on ne peut pas céder un pouce à la gauche. »

Le changement de ligne est évident si l’on compare rapidement l’utilisation du langage entre le discours de l’année dernière au même forum et celui de cette année 2025, comme le propose le biographe de Milei, le journaliste Juan González, auteur du livre El Loco. (…)

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