🇦🇷 Argentine : le président climatosceptique délaisse les habitants face aux inondations (Fabien Palem / Reporterre)


Après les inondations qui ont frappé Bahía Blanca, c’est l’auto-organisation qui prime. La ville portuaire ne peut pas compter sur Javier Milei, président d’extrême droite, qui a mis en place un soutien « tardif et insuffisant ».

Des habitants de Bahía Blanca le 8 mars 2025 après les inondations. Pablo Presti / AFP

Ils sont seuls et démunis face aux aléas d’une météo de plus en plus capricieuse. Les habitants de Bahía Blanca, à 600 kilomètres au sud de Buenos Aires, sont encore sous le choc. Une semaine après les précipitations record qui sont tombées sur la ville (près d’une année de pluie en quelques heures), les personnes affectées se serrent les coudes pour faire face aux conséquences du drame et compenser les lacunes de l’État. Les autorités parlent de seize morts. Un bilan qui pourrait s’alourdir puisqu’une centaine de personnes sont toujours portées disparues.

Dans l’Argentine de Javier Milei, président d’extrême droite, c’est l’auto-organisation qui prime. « Je reviens de chez ma mère, où il y avait 25 personnes que je ne connaissais pas en train d’évacuer sa maison. L’entraide entre riverains est impressionnante, raconte à Reporterre Paula Portero, 42 ans, employée dans le secteur des ressources humaines. Partout, on observe des amas d’une boue très compacte et difficile à déplacer, lourde comme du goudron ! »

« Ma ville est complètement détruite »

Originaire de Bahía Blanca et résidente d’Escobar (dans la banlieue nord de Buenos Aires), Paula s’est rendue sur place dès qu’elle l’a pu pour épauler sa mère, médecin dans le centre de la ville, l’une des zones affectées par les inondations. Miraculée, cette dame a pu sortir par le patio intérieur de sa maison grâce à l’aide d’un couple de voisins plus jeunes. « Je suis encore sous le choc, ma mère aurait pu y rester, poursuit Paula, la voix émue. Ma ville est complètement détruite… On dirait qu’une guerre est passée par là ! Et maintenant, où est l’État ? Le pire, c’est que Bahía Blanca est connue pour ses mauvaises infrastructures. C’est une ville exposée à ce genre d’épisodes, d’autant plus que c’est une cuvette. En décembre 2023, déjà, nous l’avions échappé belle. »

Un gouvernement climatodénialiste

Cette année-là, pas moins de 180 mm étaient tombés en près de trois jours — contre 311 en moins de dix heures cette fois-ci. Une tempête aux airs d’avertissement pour les autorités. Sauf qu’avec l’arrivée de Javier Milei au pouvoir, l’heure n’est plus à la prévention : de multiples subventions de l’État ont été réduites ou supprimées. Parmi les victimes de la tronçonneuse : le service météorologique (SNM), qui a quand même pu donner l’alerte et anticiper les précipitations. « Le gouvernement de Milei nie l’origine anthropique des changements climatiques. Ce n’est donc pas surprenant que la réponse du gouvernement à ce drame ait été tardive et insuffisante », analyse Laura Rocha, présidente de l’ONG Periodistas por el planeta (Les journalistes pour la planète). (…)

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