🇦🇷 Argentine : « Le président Javier Milei ne pourra tenir qu’avec une main de fer » (entretien avec le syndicaliste Daniel Catalan / Luis Reygada / L’Humanité)


Selon le syndicaliste Daniel Catalano, l’heure est déjà à l’union pour résister au nouveau président argentin et à une déferlante ultralibérale qui risque d’être accompagnée d’une forte répression.

Javier Milei a été élu président de l’Argentine dimanche 19 novembre 2023. © Luis Robayo/AFP

Avec l’arrivée au pouvoir, ce dimanche 10 décembre, de l’ultralibéral d’extrême droite Javier Milei, les classes populaires vont sûrement faire les frais de réformes néolibérales qui risquent d’être accompagnées de violences visant les contestataires, notamment les syndicats.

Javier Mileil est arrivé au pouvoir en convaincant une grande partie de l’électorat que les acteurs politiques représentaient un mal (pour la société) et qu’il fallait les éradiquer.

Après avoir remporté les élections, il a pourtant conclu un accord politique structurel avec ceux qui étaient ses adversaires durant la campagne et qu’il avait lui-même accusés d’avoir généré la pauvreté dans notre pays. Aujourd’hui, nous avons un gouvernement de coalition avec un front politique qui représente encore une fois les intérêts du capital étranger – principalement états-unien et israélien. Rien n’a donc changé.

Il faut séparer deux dossiers. D’une part, la question des privatisations de grandes entreprises publiques – comme les entreprises énergétiques, de transport aérien, ferroviaire ou encore d’exploitation de ressources naturelles comme le lithium. D’autre part, la réduction de nombre de ministères.

Pour ce second volet, cela dépendra de la façon dont le nouveau gouvernement entend mener la politique publique, des modalités d’action qui seront réellement mises en place. Pour autant, nous parlons de 97 000 emplois menacés. Nous attendons que les réformes soient soumises au Parlement afin de pouvoir passer à l’étape suivante, mais il est clair qu’il y a un risque que tout cela ne déclenche une situation de forte conflictualité sociale.

Il est clair que pour un gouvernement qui va faire des réformes ultralibérales, privatiser, détruire des emplois et des droits sociaux, faire monter la pauvreté de 20 % et l’inflation de 30 %, la seule façon de tenir c’est d’avoir une poigne de fer. Il a d’ailleurs prévenu et confirmé que ce serait sa façon d’agir.

Espérons que cela n’arrivera pas mais pour le moment il y a une véritable inquiétude au sein des organisations de défense des droits de l’homme, des organisations sociales, des syndicats et des partis politiques progressistes, parce qu’il sera inévitable de descendre dans la rue pour se défendre des ajustements structurels qui vont être lancés.

Patricia Bullrich a un long passif. Elle avait aussi été ministre du Travail sous le gouvernement de Fernando de la Rua (1999-2001). À cette époque, il y a eu une nette réduction des salaires, du budget des universités, la répression a fait 30 morts…

Avec Mauricio Macri, elle a été politiquement et institutionnellement responsable de l’assassinat de militants tels que Rafael Nahuel et Santiago Maldonado, de l’emprisonnement de Milagro Sala et de plus de trente autres dirigeants politiques. Aussi de la persécution politique de l’ancienne présidente, puis vice-présidente Cristina Fernández de Kirchner (2007-2015 et 2019-2023). Patricia Bullrich a un profil qui nous inquiète beaucoup. Et au final, l’austérité et la répression ne résolvent pas le problème de la faim.

Effectivement, ses relations avec des personnes condamnées pour génocide sont préoccupantes, cela pose beaucoup de questions sur le rôle qu’occupera l’armée dans la structure répressive qui se met en place. Certains commentaires de l’ancien président Mauricio Macri laissent aussi entendre un resurgissement de milices paramilitaires, ce que nous appelons la « violence horizontale ».

Tout indique qu’elle sera utilisée pour attaquer ceux qui s’opposent aux réformes. Et qu’adviendra-t-il de tous les procès liés à la dictature, notamment ceux pour crime contre l’humanité, toujours en cours ? Seront-ils abandonnés ? C’est un autre front sur lequel nous devrons aussi résister. (…)

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