Bolivie : condamnation à dix ans de prison de l’ex-présidente Jeanine Añez (revue de presse)


Accusée d’avoir participé à un coup d’État contre son prédécesseur, Evo Morales, l’ancienne présidente de la Bolivie, Jeanine Añez, a été condamnée, vendredi 10 juin, par le tribunal de première instance de La Paz, à dix ans de prison. Quasiment inconnue jusqu’à son arrivée au pouvoir, cette avocate de formation s’était proclamée présidente intérimaire du pays andin en novembre 2019.

Elle doit par ailleurs être jugée dans le cadre d’un autre procès, pour « sédition, soulèvement armé et génocide » lorsqu’elle était présidente par intérim. La droite bolivienne dénonce le verdict et annonce une série de manifestations.

L’ancienne présidente bolivienne par intérim Jeanine Añez est escortée par la police après son arrestation, à La Paz, le 13 mars 2021. © Aizar Raldes, AFP

L’ex-présidente Jeanine Añez condamnée à dix ans de prison (France 24 / AFP)

Jeanine Añez, qui était devenue présidente par intérim de la Bolivie fin 2019, juste après la démission d’Evo Morales, a été condamnée à dix ans de prison, accusée d’avoir participé à un coup d’État contre son prédécesseur.

Le tribunal de première instance de La Paz a décidé vendredi 10 juin d’une “condamnation” à une “peine de 10 ans” d’emprisonnement, trois mois après le début du procès et 15 mois après son placement en détention provisoire.

Les anciens chefs des forces armées, William Kalimán, et de la police, Yuri Calderón, tous deux en fuite, ont écopé de la même peine.

Jeanine Añez, âgée de 54 ans, a été condamnée coupable de “manquement au devoir” et “décisions contraires à la Constitution et aux lois”. Elle est accusée d’avoir accédé à la présidence de manière anticonstitutionnelle en novembre 2019, après la démission d’Evo Morales (2006-2019), sur fond de manifestations de masse liées à de présumées fraudes électorales dénoncées par l’Organisation des États américains (OEA).

Elle avait annoncé qu’elle ferait appel d’une éventuelle condamnation : “Nous n’en resterons pas là, nous irons devant la justice internationale”.

L’ancienne cheffe de l’État doit par ailleurs encore être jugée lors d’un second procès pour “sédition, soulèvement armé et génocide” lorsqu’elle était présidente par intérim. L’accusation de génocide fait suite à des plaintes de familles de victimes de la répression menée par les forces de l’ordre fin 2019 dans des fiefs de Evo Morales, qui a fait 22 morts selon un groupe d’experts indépendants.

Lors de sa dernière déclaration, cette femme de droite avait affirmé que le tribunal avait “exclu” des preuves permettant de démentir un renversement de Evo Morales.

À l’issue de l’élection présidentielle d’octobre 2019, au cours de laquelle Evo Morales briguait un quatrième mandat, et de la confusion qui avait entouré les résultats le donnant vainqueur, l’opposition avait crié à la fraude. Une explosion de violence avait suivi le scrutin, finalement annulé.

Grève de la faim

Deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Añez avait pris ses fonctions, Bible en main et ceinte de l’écharpe présidentielle, à la faveur d’une vacance de pouvoir provoquée par les démissions en chaîne de Evo Morales et de ses successeurs constitutionnels. Le tribunal constitutionnel avait validé son élection.

Le premier chef de l’État indigène, alors réfugié au Mexique avant de fuir en Argentine, avait dénoncé “le coup d’État le plus astucieux et le plus odieux de l’histoire”.

Le gouvernement “m’accuse d’avoir participé à un coup d’État qui n’a jamais eu lieu”, avait réagi Jeanine Añez peu avant son arrestation en mars 2021 à Trinidad, dans la région de Beni, dans le nord-est, où elle est née le 13 juin 1967 et où elle résidait depuis son départ du pouvoir.

Elle avait ensuite entamée en détention une grève de la faim, affirmant être une “prisonnière politique”. (…)

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Jeanine Añez condamnée à dix ans de prison pour participation à un coup d’Etat (RFI)

Jeanine Añez, à La Paz, le 22 janvier 2022.
Photo : Jorge Bernal / AFP

Avocate de formation, ex-présentatrice de télévision, Jeanine Añez, sénatrice depuis 2010 et militante du petit parti de droite Unidad democratica, était accusée d’avoir accédé à la présidence de manière anticonstitutionnelle en novembre 2019. Elle avait pris ses fonctions et s’était déclarée présidente par intérim, Bible en main et ceinte de l’écharpe présidentielle, à la faveur d’une vacance de pouvoir provoquée par les démissions en chaîne de M. Morales et de ses successeurs constitutionnels. Le Tribunal constitutionnel avait alors validé son élection.

À la tête du gouvernement intérimaire de novembre 2019 à novembre 2020, Jeanine Añez avait promis dès sa prise de fonction de convoquer rapidement des élections générales mais le scrutin avait dû être reporté à plusieurs reprises, notamment en raison de la pandémie de coronavirus.

Contre sa promesse, elle avait finalement annoncé sa candidature à la présidentielle de 2020, suscitant des critiques de ses adversaires de gauche, mais aussi de ses propres alliés à droite. Elle avait fini par renoncer face à des sondages peu favorables qui la plaçaient en quatrième position très loin derrière le candidat de gauche et dauphin de M. Morales, Luis Arce. Face à la victoire dès le premier tour de ce dernier en octobre 2020, elle avait immédiatement reconnu la défaite de son camp. 

En mars 2021, le parquet bolivien a ordonné son arrestation pour « sédition et terrorisme » dans le cadre d’une enquête sur les événements de novembre 2019. Plusieurs des ministres de son gouvernement et des hauts responsables militaires de l’époque étaient aussi visés par ce mandat d’arrêt. Le procès de Jeanine Añez s’est ouvert en février 2022 devant une cour ordinaire. (…)

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Jeanine Añez condamnée à dix ans de prison pour son rôle dans le coup d’État de 2019 (Página 12 / Traduction Venesol)

Pour Evo Morales, la peine de Jeanine Añez est insuffisante tandis qu’un groupe de dirigeants de la droite ibéro-américaine, dont Macri, Aznar et Piñera, a rejeté la sentence, affirmant qu’elle était fondée sur une « accusation fabriquée ».

Jeanine Añez dans la prison de Miraflores, La Paz (Source : EFE)

L’ancien président Evo Morales a estimé que la peine de dix ans de prison prononcée à l’encontre de l’ex-présidente de facto de la Bolivie, Jeanine Añez, et de ses « complices » était une « peine bénigne par rapport aux dommages qu’ils ont causés à la démocratie ». Dans le même temps, le gouvernement bolivien a célébré le jugement, tandis que l’opposition bolivienne a appelé à des manifestations contre la sentence, qui a également été rejetée par un groupe de politiciens de la droite latino-américaine, dont Macri, Piñera ou Calderón.

Comme l’a écrit Morales sur Twitter, « Malgré les mensonges, les chicaneries et même les actions visant à dire qu’elle était malade ou sur le point de mourir, le système judiciaire a condamné Áñez et ses complices pour avoir pris le pouvoir suite à un coup d’État. Dix ans de prison est une peine clémente par rapport aux dommages qu’ils ont causés à la démocratie ».

Áñez a été condamnée vendredi à dix ans de prison pour les délits de violation de ses obligations et de décisions contraires à la Constitution et aux lois dans « l’affaire du coup d’État », dans laquelle a été analysée sa décision d’entrer en fonction en novembre 2019. La sentence, qui doit être purgée dans la prison de Miraflores à La Paz, est l’aboutissement d’un long processus qui a connu de nombreuses interruptions — certaines techniques et d’autres liées à la santé d’Áñez — et constitue le premier jugement significatif sur le départ forcé du pouvoir du président Morales et du gouvernement de facto qui l’a remplacé.

Áñez a fait remarquer qu’elle agirait de même dans les mêmes circonstances. Lors de sa dernière prise de parole avant le prononcé du verdict, Mme Áñez a déclaré qu’elle avait été soumise à un « faux procès » et qu’elle « agirait de la même manière si les circonstances dans lesquelles elle a assumé la présidence devaient se répéter ». Elle a également dénoncé qu’au Tribunal « le pouvoir politique a exigé un procès expéditif pour obtenir une sentence expéditive ».

Pour la défense d’Áñez, l’ex-mandataire n’aurait pas dû être jugée par les tribunaux ordinaires, mais il aurait dû y avoir un procès des responsabilités du Congrès, ce à quoi les plaignants — et le système judiciaire — ont fait valoir que les actions antérieures à l’administration ont été jugées.

Outre Áñez, six anciens chefs militaires et de police ont été poursuivis pour avoir pris des décisions contraires à la constitution et purgeront leur peine dans la prison de San Pedro, également à La Paz. L’ancien commandant en chef des forces armées Williams Kaliman et l’ancien commandant de la police le général Vladimir Calderón ont été condamnés à dix ans de prison. Ont également été condamnés les anciens commandants des forces armées Jorge Fernández Toranzo et Sergio Orellana Centellas (quatre ans), l’ancien commandant de l’armée Pastor Mendieta (trois ans) et l’ancien chef d’état-major Flavio Gustavo Arce (deux ans). (…)

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Leer en español : Bolivia: para Evo Morales, la condena a Jeanine Añez fue insuficiente


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Bolivie : procès de Jeanine Añez, jugée pour coup d’Etat (revue de presse) (février 2022)
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