Bolivie. Corruption, censure et répression consacrent le «gouvernement autoproclamé» de Jeanine Áñez (Leonardo Wexell Severo/ À l’encontre)

Face à la progression de la pandémie en Bolivie et à la censure des médias, la présidente autoproclamée [en fonction depuis le 12 novembre 2019], Jeanine Áñez, a déchiré la Constitution politique de l’État (CPE) et a fait prêter serment à Richard Botello comme dirigeant de Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB) – la principale compagnie pétrolière d’État du pays. Richard Botello occupait une place de direction dans la transnationale Schlumberger, la plus grande compagnie de services et équipements pétroliers du monde.

La présidente autoproclamée Jeanine Áñez.

Avec cette nomination – il remplace Herland Soliz, nommé le 16 décembre 2019 -, qui a eu lieu le 7 mai, Richard Botello devient le troisième président de YPFB. Cette société est enlisée dans des affaires de corruption concernant ses dirigeants successifs qui ont été imposés lors du coup d’État contre le président Evo Morales, parrainé par les États-Unis. Il convient de rappeler que jusqu’à la veille, Botello était membre de la direction de cette transnationale présente en Bolivie.

L’ancien ministre de l’économie et des finances publiques, Luis Arce Catacora, a déclaré à ce propos : « Selon cette donnée [son poste antérieur], le gouvernement ne respecte pas les normes légales, telles qu’elles existent dans plusieurs lois, ainsi que dans la Constitution elle-même ». 

Selon l’article 238 de la Constitution bolivienne, « aucune personne ayant occupé des postes de direction dans des sociétés transnationales étrangères ayant des contrats ou des accords avec l’État, et n’ayant pas démissionné au moins cinq ans avant le jour de sa nomination, ne sera autorisée à assumer des fonctions publiques électives » […]

La corruption et les illégalités

Le nouveau président de l’entreprise publique a été le directeur des «services des forages» de Schlumberger en Amérique latine et a dirigé des «opérations non conventionnelles» [schiste] aux États-Unis. Botello a prêté assermenté devant le pouvoir autoproclamé, un jour seulement après avoir quitté la société transnationale, en remplacement de Herland Soliz, impliqué dans de nombreuses allégations de corruption et d’irrégularités suit à l’octroi de façon irrégulière (sans concours) de contrats d’assurance pour 7,1 millions de dollars et d’achat de combustibles pour 78 millions en avril, alors que le baril était à 20 dollars, ce qui impliquait potentiellement des surcoûts à hauteur de 120 dollars par baril.

Jeanine Áñez a développé une ample censure pour faire taire tout débat sur cette question. A ce propos, l’ancienne directrice des Radios des Peuples Originaux et ancienne directrice exécutive du Centre de Productions Radio de Bolivie, Dolores Arce, est catégorique: « Cette nomination est une nouvelle violation flagrante de la Constitution, puisque, par précaution, pour défendre les intérêts de l’État, ceux qui ont agi ces dernières années en tant que hauts dirigeants des sociétés transnationales ne peuvent être nommés dans le secteur ». […]

Répression et silence

Membres de la famille de Sebastián Moro,
journaliste de Página 12

.

Parmi les nombreuses combines de Soliz figurent des opérations frauduleuses d’acquisition de pétrole comme mentionné précédemment. Soliz était en fonction depuis le 16 décembre 2019, date à laquelle il a remplacé José Luis Rivero, acteur du coup d’Etat, qui avait déclaré la société d’État « en panne ».

Le problème est que ces informations ne se retrouvent pas dans les médias boliviens, car les professionnels des journaux, des radios, des réseaux de télévision et des sites web risquent la censure, voire l’arrestation. D’autres, comme le journaliste argentin Sebastián Moro, correspondant de Página 12, n’ont pas eu la même chance. Sebastián Moro a fini par être assassiné par les miliciens d’Anez. Il a été qualifié de « première victime du coup d’État » par les campagnes internationales pour la démocratisation de la communication. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici.