🇧🇴 Bolivie. La réserve naturelle de Tariquía est menacée par des entreprises pétrolières / Des patrouilles autochtones luttent contre les chercheurs d’or (reportages de Camille Bouju et Nils Sabin / RFI)
Au sud de la Bolivie, une bataille cruciale se joue pour l’environnement. La réserve naturelle de Tariquía, sanctuaire de biodiversité, est au cœur de tensions. Le gouvernement bolivien, en quête de ressources pour relancer son économie, veut y exploiter des hydrocarbures, malgré l’opposition des communautés locales. Depuis plusieurs années, ces habitants résistent face à l’intrusion des compagnies pétrolières et à la pression de l’État. Mais les tensions montent encore d’un cran.

Une grande tente bleue trône à l’intersection de deux chemins. C’est ici, dans la réserve de Tariquía, que les habitants de Chiquiacá ont installé leur point de vigilance pour empêcher l’entrée dans la réserve. Pour Andrés Miranda, défenseur de Tariquía, ce lieu est important : « Notre point de surveillance est resté comme un symbole, une bannière de notre lutte. »
Depuis des années, les locaux y défendent la réserve contre les ambitions extractivistes de l’État bolivien en recherche d’énergies fossiles. Celui-ci a modifié, dès 2014, des lois pour réduire le niveau de protection de Tariquía et permettre aux compagnies pétrolières d’y entrer, au mépris des droits des habitants. « Ils veulent forer dans une zone en hauteur qui est proche d’une source, dénonce Andrés Miranda, il y a beaucoup d’eau qui descend jusqu’en bas, où se trouvent de nombreuses communautés qui seront affectées par l’eau contaminée. »
En 2019, après un blocus de six mois, les habitants ont réussi à repousser les compagnies pétrolières. Mais avec l’actuelle crise économique en Bolivie, elles reviennent à la charge. Cette fois, elles tentent de convaincre de petits villages avec des promesses économiques. « Les entreprises sont venues et en ont convaincu certains en disant : “Vous, vous soutenez que l’entreprise puisse entrer dans la réserve et moi, je vais vous donner des meubles ou autre, je vais donner un emploi à votre mari” », raconte Mereville, une leadeuse de la lutte. (…)
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Des patrouilles autochtones luttent contre les chercheurs d’or
En Amazonie bolivienne, la réserve naturelle du Pilon Lajas est menacée. Les mineurs travaillent dans les rivières pour y trouver de l’or et les contrebandiers y pratiquent le trafic de bois et d’animaux sauvages. Cette zone est également un territoire autochtone où vivent différentes communautés des peuples Tacana, Tsimane et Mosetene. Pour se protéger de l’avancée des mineurs, les communautés autochtones organisent chaque mois une patrouille le long des frontières du Pilon Lajas.

Il est un peu plus de midi quand la patrouille quitte le port de Rurrenabaque, en Amazonie bolivienne. Au programme, un jour et demi à sillonner la rivière Beni, l’une des frontières naturelles du Pilon Lajas, à la recherche de potentiels chercheurs d’or illégaux. Madelín Guzmán fait partie de l’organisation autochtone du territoire. Elle nous explique la procédure quand ils rencontrent des mineurs : « Si c’est la première fois, on le rappelle à l’ordre et on le fait sortir de la zone. La deuxième fois, on le sanctionne en saisissant tout son matériel. Et au bout de la troisième fois, on porte plainte et on avertit les autorités. »
Après quatre heures à remonter le Beni sans embûches, nous arrivons à l’un des campements des gardes forestiers du Pilon Lajas. Une petite réunion de coordination est organisée. La patrouille reprendra le lendemain matin avec au moins un garde forestier présent : « Ils protègent la zone et nous aussi, donc nous avons tout intérêt à collaborer. Et comme ils connaissent bien le secteur, ils peuvent aussi nous guider si besoin. » (…)
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