🇧🇷 Brésil: les députés limitent la démarcation de terres indigènes, revers pour Lula et l’Amazonie (RFI / AFP)


En pleine crise climatique, la majorité de droite et extrême-droite de la Chambre basse brésilienne a adopté mardi 30 mai une loi qui limite la démarcation des terres indigènes aux zones qu’ils occupaient lors de la promulgation de la Constitution actuelle, soit 1988. Une mesure critiquée par les associations et autorités autochtones qui soulignent avoir subi expulsions et tueries intensives, notamment sous les vingt ans de dictature. L’Amazonie pourrait en être fortement impactée, dans ce qui est également un sérieux revers pour le président brésilien.

Des organisations autochtones ont manifesté contre la proposition de loi, qui renverse une tendance établie depuis des décennies de démarcation de territoires, ici à Brasilia, le 30 mai 2023. © Gustavo Moreno / AP

Une décision à l’encontre de la volonté de Luiz Inacio Lula da Silva. Le président s’était engagé dès son retour au pouvoir en janvier de faire de la protection des peuples autochtones et de la préservation de l’Amazonie une priorité absolue : en avril, son gouvernement a reconnu six nouveaux territoires indigènes.

Avec 283 voix contre 155, les députés de la Chambre ont adopté ce texte qui limitera les terres autochtones à celles qu’ils occupaient au moment de la promulgation de la Constitution de 1988. Mais les indigènes arguent qu’ils n’occupaient pas certaines terres en 1988 parce qu’ils en avaient été chassés au fil des siècles, notamment pendant la dictature militaire (1964-1985), où ils ont été pourchassés et tués intensivement.

Si cette décision est un revers pour le président, elle peut l’être également pour la préservation de la forêt amazonienne. Selon des scientifiques, cette méthode est notamment efficace pour protéger la plus grande forêt tropicale du monde, car cela interdit de fait l’exploitation minière, agricole intensive et la déforestation des territoires concernés.

Jair Bolsonaro est parti de Brasilia, mais ses partisans restent forts

Avec une politique de préservation active, les mesures du président Lula ont été largement saluées par la communauté internationale. Car durant les quatre années sous son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro, le poumon de la planète qu’est l’Amazonie avait connu une déforestation record.

Mais si Jair Bolsonaro ne dirige plus le destin du Brésil, la droite, proche de l’industrie agro-alimentaire, est plus forte que jamais au Parlement. Le projet de loi limitant la démarcation, qui doit encore être soumis au Sénat avant d’entrer en vigueur, a notamment été promu par des députés favorables à l’industrie agro-alimentaire et par d’autres groupes d’opposition.

« Il s’agit d’un génocide contre les peuples indigènes mais aussi d’une attaque contre l’environnement », a réagi la ministre brésilienne des Peuples autochtones Sonia Guajajara, un poste créé par Lula da Silva et dont les prérogatives risquent également d’être amputées par l’opposition dans les jours à venir.

« La Chambre des députés a envoyé un message au pays et au monde : Bolsonaro est parti, mais l’extermination continue (…) Le Sénat a l’obligation de revenir sur les absurdités approuvées », a déclaré l’organisation de défense de l’environnement Observatorio do Clima dans un communiqué.

Les députés ont adopté le projet de loi selon une procédure d’urgence, en vertu de laquelle il pouvait être voté directement en séance plénière, sans passer au préalable par des commissions.

Le Brésil compte au total 764 territoires de peuples indigènes, mais environ un tiers d’entre eux n’ont pas encore été délimités, selon les chiffres de la Fondation nationale des peuples indigènes (FUNAI).

Le Parlement pourrait dépouiller des ministères de leurs pouvoirs

Le Parlement brésilien pourrait infliger une nouvelle défaite à Lula plus tard cette semaine, s’il approuve un projet de modification des attributions de plusieurs ministères, au détriment notamment de ceux de l’Environnement et des Peuples indigènes. (…)

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