🇧🇷 🇻🇪 Les nouveaux non-alignés : Brésil et Venezuela (entretiens avec Kevin Parthenay, Christophe Ventura et Thomas Posado par Julie Gacon / Culture Monde / France Culture)
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie de nombreux pays revendiquent leur non-alignement pour éviter d’avoir à se positionner dans ce conflit et dans le bras de fer entre la Russie et l’Occident. Inventé en 1955 dans le cadre de la Guerre froide, que signifie ce concept en 2023 ? Les exemples du Brésil et du Venezuela.
Du Brésil à l’Afrique du Sud : les ambiguïtés de la neutralité (entretien avec Kevin Parthenay et Christophe Ventura)
En se positionnant en “médiateur” dans le conflit entre la Russie à l’Ukraine, le Brésil de Lula souhaite faire entendre une voix dissonante sur la scène internationale. Pour Washington, cette neutralité n’est qu’une façade pour maintenir les relations avec le régime de Poutine.
Les images ont beaucoup circulé et interrogent toujours : alors que Volodymyr Zelensky fait une arrivée surprise au G7 le 21 mai 2023, tous les chefs d’États se lèvent pour l’accueillir… sauf Lula.
Plus tôt dans l’après-midi, le Président du Brésil a indiqué avoir eu un rendez-vous avec Zelensky, mais que celui-ci ne serait pas venu.
Au-delà des maladresses diplomatiques, ces images renforcent l’idée selon laquelle le Brésil aurait “choisi son camp” dans le conflit, en préférant soigner ses liens avec la Russie plutôt que s’investir aux côtés des Occidentaux derrière l’Ukraine. Lula a répété à plusieurs reprises la “co-responsabilité” de l’OTAN dans le conflit. Mi-avril, le ministre des affaires étrangères russe, Sergeï Lavrov, en visite à Brasilia, se félicitait que le Brésil et la Russie partagent la même vision du monde.
Selon Washington, le Brésil serait devenu un relais de la propagande russe. Pourtant, depuis sa réélection en octobre dernier, Lula assure vouloir jouer un rôle de médiateur. Il a plusieurs fois proposé un cadre de négociations, sans qu’on sache pour l’instant si ce projet pourra aboutir. Surtout, il semble vouloir faire entendre une voix dissonante, qui ne s’aligne sur aucun des blocs, Occidental d’un côté et russe ou chinois de l’autre.
Visites au Portugal, en Chine ou tournée africaine, l’activisme diplomatique de Lula contraste avec les années de retrait sous Bolsonaro. Quel rôle Lula veut-il jouer sur le plan international ? Pourra-t-il tenir cette position sur le long terme ? Au-delà du conflit, quels partenaires veut-il privilégier ?
Julie Gacon reçoit Kevin Parthenay, professeur de sciences politiques à l’Université de Tours, chercheur associé à l’OPALC/ CERI ainsi que Christophe Ventura, directeur de recherches à l’Iris, responsable du programme Amérique latine et Caraïbes.
Émission à écouter ici
Venezuela : le retour de la diplomatie du pétrole (entretien avec Thomas Posado)
Étranglé par les sanctions internationales depuis la réélection du président Nicolas Maduro en 2018, le Venezuela revient sur la scène diplomatique depuis le début du conflit en Ukraine. Ses réserves pétrolières, les plus importantes au monde, en font un interlocuteur incontournable pour pallier l’arrêt des exportations russes d’hydrocarbures.
La reprise du dialogue entre le Venezuela et plusieurs pays, dont les États-Unis, n’augure absolument pas un retournement diplomatique, analyse Thomas Posado : “Le régime de Maduro utilise l’opportunité de la guerre en Ukraine pour être reconnu par les Occidentaux, mais sa fidélité à l’égard de l’allié russe reste totale.”
Avec Thomas Posado, docteur en science politique, chercheur associé au CRESPA-CSU (Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris – Cultures et sociétés urbaines).
Entretien à écouter ci-dessous ou ici (à partir de 39mn 50)