🇧🇷 Brésil : la gauche inquiète en vue du second tour des municipales (Luis Reygada / L’Humanité)


Le camp de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro a placé plusieurs candidats en position favorable à l’issue du premier tour des élections du dimanche 6 octobre. Les partis politiques dits centristes se sont de nouveau imposés, consolidant une tendance électorale locale en leur faveur.

À São Paulo, le candidat, Guilherme Boulos (député fédéral membre du Parti socialisme et liberté), est parvenu à se qualifier de justesse pour le second tour, dangereusement talonné par l’extrême droitier Pablo Marçal arrivé en troisième position avec 28 % des suffrages.© Leandro Chemalle / TheNEWS2 via ZUMA Press Wire

Un sondage avait tiré la sonnette d’alarme du camp présidentiel à quelques jours du scrutin. Contre toute attente, alors que la situation macroéconomique est au beau fixe (croissance à 3,2 %, inflation contrôlée et taux de chômage à son niveau le plus bas depuis douze ans) et malgré les efforts – et les succès – du gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva en matière d’amélioration de conditions de vie des plus humbles de son pays (plus de neuf millions de personnes sont par exemple sorties de l’extrême pauvreté entre 2022 et 2023), une enquête de l’agence Quaest révélait une tendance à la baisse en matière d’appréciation de son mandat.

Pire : selon cette étude, les couches populaires représenteraient la catégorie sociale la plus sévère à l’heure de juger l’action de l’ancien syndicaliste. Cinq jours plus tard, dimanche 6 octobre, plus de 155 millions de Brésiliennes et de Brésiliens se rendaient aux urnes pour élire les conseillers et les maires des plus de 5 400 municipalités de la première économie d’Amérique latine.

Et les résultats ont confirmé les craintes de la gauche, avec des élections dominées par les partis du centre, du centre-droit et de la droite – souvent proches du courant bolsonariste -, et un Parti des travailleurs (PT, au pouvoir) qui pourrait ne diriger aucune capitale brésilienne durant les quatre prochaines années.

Le bloc du « centrão », qui regroupe les partis modérés ou centristes, a montré sa force en consolidant une tendance électorale en sa faveur : le Mouvement démocratique brésilien (MDB) a conservé son leadership en remportant le plus grand nombre de conseillers, et les partis progressistes (PP), social-démocrate (PSD), libéral (PL) et l’Union Brésil complètent la liste des cinq partis les plus votés.

Sur les bords gauche et droit de l’échiquier politique, le PT a enregistré une contre-performance en perdant notamment la ville d’Araraquara (230 000 habitants, État de São Paulo), et sans parvenir à remporter aucune des 26 capitales au premier tour, tandis que les fidèles de l’ex-président Jair Bolsonaro (2019-2023), du Parti libéral (PL) sont parvenus à implanter l’extrême droite dans plusieurs régions.

Ceux-ci ont notamment remporté plusieurs grandes villes dès le premier tour (dont deux capitales d’État, Maceió et Rio Branco), et sont parvenus à se positionner pour le second tour – prévu le 27 octobre – dans neuf autres. Le PT, qui a certes conquis une cinquantaine de municipalités de plus que les 180 obtenues en 2020, ne sera présent que dans quatre capitales lors du second tour.

Mis en difficulté suite à ses résultats désastreux lors des élections municipales précédentes (2020), le parti de Lula avait dû renoncer à présenter ses propres candidats dans la plupart des capitales régionales, préférant soutenir des candidats d’autres partis.

À Rio de Janeiro, par exemple, en aidant le maire sortant centriste Eduardo Paes à conserver son poste (60 % des voix). Mais surtout à São Paulo, capitale économique du pays et mère de toutes les batailles, où son candidat, Guilherme Boulos (député fédéral membre du Parti socialisme et liberté), est parvenu à se qualifier de justesse pour le second tour, dangereusement talonné par l’extrême droitier Pablo Marçal arrivé en troisième position avec 28 % des suffrages. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici