🇨🇱 Chili : la droite ultra-conservatrice chargée de rédiger la nouvelle Constitution (revue de presse)


La droite ultra-conservatrice a remporté vingt-deux des cinquante sièges du Conseil constitutionnel chilien, selon les résultats officiels communiqués dimanche 7 mai. Il s’agit du deuxième processus de réécriture de la Constitution du pays, après le rejet d’une première proposition de changement lors d’un référendum en 2022. Le Conseil recevra un avant-projet rédigé par un comité d’experts auquel ses membres devront apporter des ajustements et des amendements. Le projet sera ensuite soumis à un référendum, le 17 décembre.

Photo AFP

Constituante au Chili: la victoire de l’extrême droite est «un nouvel échec» du gouvernement Boric (entretien avec Franck Gaudichaud / RFI)

Avec vingt-deux sièges sur cinquante, l’extrême droite du parti Républicain est arrivée en tête, au Chili, lors de l’élection des membres du Conseil constitutionnel, le 7 mai 2023. Les élus seront chargés de rédiger une nouvelle Constitution, en remplacement du texte actuel écrit sous la dictature d’Augusto Pinochet. Le 4 septembre 2022, les Chiliens avaient déjà rejeté, lors d’un référendum, un premier texte écrit par une assemblée composée de représentants de la société civile.

Analyse de ce nouveau revers dans ce long et fastidieux processus constituant avec Franck Gaudichaud, historien spécialiste du Chili, et professeur à l’Université Toulouse-Jean-Jaurès.

Le président chilien Gabriel Boric, le 7 mai 2023 à Punta Arenas au Chili. © Andres Poblete / AP

RFI : Le score de l’extrême droite dans ce scrutin est-il un échec pour le gouvernement de gauche de Gabriel Boric ?

Franck Gaudichaud : Après les promesses de grandes transformations progressistes portées par la gauche, c’est une sorte de retour de bâton, un nouvel échec et une nouvelle sanction après le référendum de septembre 2022. De nouveau, le président Gabriel Boric se trouve dans une position très difficile, avec une opposition qui va se radicaliser. Il a déjà beaucoup de mal à faire passer ses textes, comme sa réforme fiscale, bloquée depuis le début de son mandat. Un cycle politique semble ainsi se refermer pour les mouvements populaires et les mobilisations sociales, déjà affaiblis par la pandémie de Covid-19.

Malgré tout, il y a toujours une activité sociale importante, les féministes, par exemple, sont toujours très présentes. La question qui se pose à présent est de savoir s’il y aura un nouveau soulèvement populaire au Chili. De son côté, José Antonio Kast, chef du Parti républicain, se positionne comme le candidat des droites pour 2025. Il représente une sorte de « bolsonarisme » [en référence à l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro, NDLR] à la chilienne. Il a de bonnes chances d’être un compétiteur central dans les prochains mois et pour la présidentielle.

Comment expliquer le manque d’engouement de cette élection ? Le scrutin était obligatoire, mais de nombreux Chiliens se sont abstenus, ou ont préféré le vote nul.

L’abstention et le vote nul sont quasiment aussi importants que le vote pour les listes de Gabriel Boric. Ce projet constitutionnel est limité par diverses institutions, comités d’expert, etc. Il a déjà été pré-rédigé par des experts, donc sous contrôle des partis au Parlement. Et le Parlement est déjà très bas dans les sondages, en termes de légitimité. Le taux d’approbation risque donc d’être assez bas et l’on se demande si ce nouveau texte sera approuvé par référendum en décembre 2023. Rien n’est moins sûr. Les Chiliens ont aussi d’autres préoccupations et l’extrême droite a fait sa campagne dessus : migration, insécurité, crise économique… Ces thèmes sont au centre de l’agenda. C’est une difficulté pour Gabriel Boric, qui a été élu sur une promesse de droits sociaux, de reconstruire une sécurité sociale. Désormais, l’agenda s’est déplacé sur l’extrême droite et c’est là-dessus qu’une partie des Chiliens a voté. (…)

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L’extrême droite sera aux commandes pour rédiger une nouvelle Constitution (Libération / 8 mai)

La droite ultra-conservatrice est sortie gagnante du scrutin pour élire les rédacteurs d’une nouvelle Constitution chilienne qui remplacerait celle héritée de la dictature de Pinochet.

Des manifestants tiennent des drapeaux et des banderoles alors qu’ils se rassemblent pendant la campagne électorale, avant les élections nationales du dimanche 7 mai 2023. (Rodrigo Garrido / Reuters)

Tout ça pour ça ? C’est la droite ultra-conservatrice qui sera donc chargée de rédiger un nouveau projet de Constitution pour remplacer celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet, selon les résultats officiels d’un scrutin communiqués dimanche, après le rejet d’une première proposition de changement lors d’un référendum en 2022.

Plus de 15,1 millions de Chiliens se sont rendus aux urnes dimanche pour élire, parmi 350 candidats, les 50 membres qui formeront le Conseil constitutionnel qui aura pour objectif de proposer une nouvelle Constitution pour le pays. Après dépouillement des bulletins, le Parti républicain, classé à l’extrême droite, opposé dès le début à une réforme de la Constitution, a remporté 35 % des suffrages (22 sièges), contre 29 % comptabilisés pour la coalition de gauche soutenant le gouvernement de Gabriel Boric (17), selon les données officielles. La droite traditionnelle a, elle, obtenu 21 % des suffrages (11).

e Parti républicain, qui s’oppose à l’avortement et tient un discours anti-immigrés, «n’aura pas besoin de négocier avec qui que ce soit, il pourra écrire la constitution qu’il veut» et «aura le droit de veto à tout amendement», prédit Claudia Heiss, directrice de la faculté de sciences politiques de l’université du Chili.

Début septembre 2022, les Chiliens avaient rejeté à 61,9 % une première proposition de nouvelle Constitution rédigée par une assemblée majoritairement à gauche. Elle devait instaurer de nouveaux droits sociaux, notamment en matière d’éducation, de santé ou de logement, reconnaître des droits aux peuples autochtones ou encore le droit à l’avortement. Après le rejet par les électeurs, les principaux partis politiques du pays avaient tout de même décidé d’entamer des négociations pour relancer le processus constitutionnel. (…)

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Au Chili, l’extrême droite obtient la majorité pour rédiger une nouvelle Constitution (RFI / 8 mai)

Le Chili a opéré un virage à droite, dimanche, lors de l’élection pour choisir les cinquante personnes qui rédigeront une nouvelle Constitution afin de remplacer l’actuelle issue de la dictature. Un triomphe pour l’opposition qui a réussi à séduire l’électorat en promettant « ordre et stabilité » dans un contexte de crise sécuritaire et migratoire au Chili. 

Des sympathisants du Parti républicain, classé à l’extrême droite, célèbrent les résultats du scrutin, le 7 mai 2023 à Santiago. AP – Estebán Felix

L’extrême droite est arrivée en tête du scrutin de dimanche qui devait permettre d’élire les cinquante personnes chargées de rédiger une nouvelle Constitution pour le Chili. Elle totalise 35% des voix, suivie de la coalition présidentielle de gauche qui remporte 28% des votes et de la droite traditionnelle qui arrive en troisième position à 21%.

L’histoire se répète donc mais dans le sens inverse, explique notre correspondante à Santiago du Chili, Naïla Derroisné. Lors du premier processus constitutionnel, la gauche et les indépendants étaient majoritaires. Cette fois, c’est la droite qui obtient une majorité de sièges au sein du Conseil constitutionnel. Et le grand vainqueur, c’est le Parti républicain, d’extrême droite, avec 22 élus. Ce même parti qui ne cache pas son admiration pour le dictateur Augusto Pinochet et qui n’a d’ailleurs jamais souhaité changer de Constitution.

Pas de droit de veto pour la gauche

Ironie de l’histoire, c’est aujourd’hui lui qui va mener le bal pour ce nouveau processus et avec l’appui de la droite traditionnelle, ils pourront rédiger un texte à leur convenance, sans nécessité de trouver de compromis avec le camp d’en face. Il est donc fort probable que la nouvelle Constitution soit très similaire à l’actuelle, voire encore plus conservatrice sur certains aspects. (…)

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Voir aussi ces articles réservés aux abonné.e.s :
Au Chili, l’extrême droite a les mains libres pour aggraver la constitution de Pinochet (Pierre Cappanera / L’Humanité
Au Chili, l’extrême droite victorieuse de l’élection du Conseil constitutionnel (Flora Genoux / Le Monde)
Au Chili, un processus constitutionnel en berne et des rêves progressistes envolés (Rico Rizzitelli / Libération)


Voir également cette revue de presse publiée à la veille du scrutin : Chili: fin de la campagne pour l’élection des conseillers constitutionnels (Naïla Derroisné / RFI)