🇨🇱 🇺🇸 Le Chili exige la vérité sur le rôle des États-Unis dans le coup d’État de 1973 (Lina Sankari / L’Humanité)
À la veille du cinquantenaire du coup d’État contre Salvador Allende, les demandes de déclassification totale des archives états-uniennes se multiplient. Prudent, Washington livre quelques documents et se vante d’œuvrer à la promotion de la démocratie.
Au bout du cimetière général de Santiago du Chili, des familles entretiennent le caveau de leurs proches, l’ornent de fleurs, le nettoient, parfois en musique. C’est l’allée des pauvres. Derrière eux, le patio 29. Ici s’aligne un nombre impressionnant de croix sans nom. C’est dans cette fosse commune que la dictature d’Augusto Pinochet se débarrassait de ceux qu’elle avait froidement exécutés. Il a fallu attendre le retour de la démocratie, en 1990, et le travail d’exhumation pour identifier les 124 corps.
Une quinzaine d’années plus tard, des erreurs ont obligé certaines familles à rendre les dépouilles qu’elles avaient fini par inhumer. D’autres attendent toujours. Un enfer sans fin. Dans cet impossible travail de deuil, la question de la traduction en justice des criminels reste posée.
Washington ne consent à la vérité qu’au compte-goutte
Pour établir l’intégralité des responsabilités, le rôle précis de Washington et de ses différentes agences non seulement dans la préparation du coup d’État du 11 septembre 1973 contre le président Salvador Allende mais aussi dans la répression, la torture et l’extermination de nombreuses victimes, les associations d’exécutés et de disparus demandent depuis longtemps la déclassification des archives états-uniennes. À la veille du cinquantenaire, beaucoup y voient la seule condition possible de l’établissement de la vérité, de la justice et donc de la démocratie.
Ce 28 août, le groupe socialiste s’est ainsi entretenu avec l’ambassadrice des États-Unis au Chili, Bernadette Meehan. Ils demandent qu’une lettre soit remise au président Joe Biden afin que ce dernier ordonne la déclassification de « toute la documentation relative à notre pays pour la période de mars 1970 à mars 1994 ».
Car, pour l’heure, Washington ne consent à la vérité qu’au compte-goutte. Le 25 août, le département d’État publiait deux documents correspondant au rapport quotidien reçu par l’ex-président Richard Nixon, les 8 et 11 septembre 1973. Selon l’administration Biden, cet effort, un demi-siècle après les faits, attesterait un « engagement de longue date en faveur du partenariat entre les États-Unis et le Chili, ce qui s’inscrit dans le cadre de nos efforts visant à promouvoir la démocratie et les droits de l’homme dans nos propres pays et dans le monde ». (…)
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Pour aller plus loin, consulter ces deux articles très détaillés :
– La « déclassification » de documents secrets par les États-Unis, 50 ans après le coup d’État militaire de 1973 au Chili : quelques réflexions (Nicolas Boeglin / Derecho Internacional)
– Chili-États-Unis. Il est temps de déclassifier l’ensemble des documents portant sur les relations Nixon-Kissinger-Pinochet (Peter Kornbluh / À l’Encontre)