Chili : mort de la journaliste Francisca Sandoval Astudillo (communiqué de l’association des Ex-Prisonniers Politiques Chiliens et revue de presse fr.esp.)


Francisca Sandoval, âgée d’une trentaine d’années, journaliste du média alternatif Señal 3 La Victoria, est décédée jeudi 12 mai à l’hôpital où elle était soignée après avoir reçu une balle dans la tête lors de la manifestation du 1er mai. Pendant la manifestation, des incidents avaient été signalés dans le quartier de Meiggs. Sandoval couvrait l’événement lorsqu’un groupe de vendeurs ambulants a tiré des coups de feu sur la foule, faisant au moins trois blessés. La mort de la jeune journaliste a suscité une vive émotion au Chili.

France Amérique Latine s’associe au communiqué ci-dessous
et partage l’indignation et la tristesse du peuple chilien.

Justice pour Francisca Sandoval Astudillo !
Communiqué de l’Association des

Ex-Prisonniers Politiques Chiliens en France
Leer en español : ¡ Justicia para Francisca Sandoval Astudillo !

Une profonde tristesse et une immense colère parcourent le Chili après l’annonce du décès de la jeune journaliste Francisca Sandoval Astudillo, reporter pour le média indépendant Señal 3 de la Victoria. Elle a reçu une balle dans le visage, lors de la marche du 1er mai quand des individus armés ont tiré sur les journalistes qui couvraient la manifestation du 1er mai 2022.

L’assassinat de cette journaliste met en évidence, dramatiquement, les carences de la démocratie au Chili. Nous avons déjà dit en d’autres circonstances que le système anti-démocratique de corruption et d’impunité imposé depuis plus de trente ans ne va pas changer simplement parce qu’un nouveau gouvernement arrive au pouvoir. La responsabilité de ce changement engage l’ensemble de la société.

Dans le Chili d’aujourd’hui, assumer pleinement cette responsabilité implique des coûts, car ceux qui s’opposent à ces changements sont puissants et sans limites.

Francisca a payé le prix fort pour avoir exercé son droit de se battre pour un changement radical dans la société chilienne. À travers son travail, elle a dénoncé le système d’information antidémocratique chilien, sous l’hégémonie de deux groupes de presse par lesquels sont transmises et diffusées des informations univoques et biaisées. La Señal de La Victoria et les autres médias alternatifs cherchent à pallier ce manque démocratique sans bénéficier d’aucune protection de l’État ; bien au contraire, ils sont systématiquement harcelés et réprimés par des agents de l’État : trois cents journalistes et communicants sociaux ont été violentés et réprimés par des civils, des policiers et des procureurs depuis le début des manifestations en 2019.

Aujourd’hui, c’est le devoir de ceux qui gouvernent le Chili d’assumer aussi leurs responsabilités. Les mouvements de protestation qui ont abouti à l’élection du gouvernement actuel, ainsi que le processus d’élaboration d’une nouvelle Constitution, ont clairement souligné que l’une des grandes lacunes du Chili d’aujourd’hui est l’action de la police et des forces armées, qui, loin de garantir la sécurité publique des citoyens, agissent à leur encontre. Alors que onze criminels tiraient sur les manifestants, les policiers, présents en grand nombre, discutaient avec certains d’entre eux, réprimant les manifestants et non pas ceux qui les attaquaient avec des armes à feu.

Francisca Sandoval n’est pas l’innocente victime d’un crime de hasard. Le fait que des journalistes soient attaqués sans que les agences étatiques (le parquet, l’INDH, le ministère de l’Intérieur) se mobilisent pour assurer leur protection est un échec de l’État lui-même. Le fait que des tueurs à gages, des criminels connus des services de police qui, des semaines auparavant, avaient déjà agressé un lycéen au même endroit le laissant dans un état grave, ne soient pas arrêtés et, s’ils le sont, soient simplement assignés à résidence, alors qu’aujourd’hui, on le sait, cent-vingt-et-un jeunes ont été détenus lors des manifestations, en attente de jugement, sont restés détenus pendant des mois et sont aujourd’hui déclarés innocents. Ce fait est un échec de l’État.

Nos pensées vont à la fille et à la famille de Francisca Sandoval Astudillo, elles vont aux compagnons de La Señal 3 de la Victoria, elles vont à tous les professionnels de la communication qui risquent leur vie pour nous informer. Notre engagement est aux côtés du peuple qui se mobilise, aux côtés de ceux qui continuent de se battre pour une Constitution plus démocratique, aux côtés de ceux qui se battent au quotidien pour une vie plus digne.

Justice pour Francisca Sandoval Astudillo !
Démission du général Yáñez, actuel directeur général de la police !

Association d’Ex Prisonniers Politiques Chiliens en France
Paris, 13 mai 20


Déclaration du média Señal 3 La Victoria

Francisca n’est pas morte. Elle a été assassinée. Par ces mots, nous confirmons le décès de notre chère Fran. Tu nous manqueras et nous ferons tout notre possible pour trouver la vérité.

Chili : mobilisation et incidents
après le décès de la journaliste Francisca Sandoval
(Euronews)

Quelques articles et déclaration en français et en espagnol sur ce sujet :
Décès d’une journaliste blessée par balle lors des manifs du 1er mai.
La Sociedad Interamericana de Prensa (SIP) lamentó la muerte de la periodista chilena Francisca Sandoval, atacada mientras cubría una manifestación el 1 de mayo.
Cientos de chilenos protestan por la muerte de una periodista durante una marcha.