Chili : le projet de nouvelle Constitution est prêt (revue de presse)


Après un an de travail, la Convention constitutionnelle chilienne a terminé de rédiger la nouvelle Constitution qui devrait remplacer celle actuellement en vigueur, écrite sous la dictature du général Pinochet. Le nouveau texte a été remis ce lundi 4 juillet au président Gabriel Boric. Désormais, les membres de l’Assemblée entrent en campagne pour présenter la nouvelle charte fondamentale aux Chiliens avant le référendum prévu le 4 septembre. Pour ce scrutin à vote obligatoire, 15 millions de Chiliens devront dire s’ils acceptent (« Apruebo ») ou rejettent (« Rechazo ») cette nouvelle Constitution.

Des membres de l’Assemblée constituante. Photo : Javier Torres / AFP

Le choix de rédiger une nouvelle Constitution avait été plébiscité (78 %) par les Chiliens lors d’un référendum au vote non obligatoire en octobre 2020. 

Ce texte propose des avancées majeures sur les plans écologique et social. Dans le 1er article, le Chili est notamment défini comme un “Etat social et démocratique de droit“, “plurinational, interculturel et écologique“, et “sa démocratie est paritaire“. Fait notable : si le pays dit “oui” à ce projet, il sera le premier au monde à inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution.

Une nouvelle Constitution
pour tourner définitivement la page Pinochet
(Samuel Ravier-Regnat / Libération)

Après un an de travaux, l’Assemblée constituante née du mouvement social de 2019 a remis au président Gabriel Boric un projet ambitieux, qui tranche avec la Constitution néolibérale héritée du dictateur Augusto Pinochet.

Un nouveau visage pour le Chili. C’est ce que proposent les 154 membres de l’Assemblée constituante qui a remis ses travaux ce lundi au président Gabriel Boric, un an jour pour jour après la naissance de cet organe dont la création avait été massivement approuvée par référendum, fin 2020, dans la foulée du puissant mouvement social de 2019. Leur projet dessine un système politique plus démocratique, plus écologiste, et plus soucieux des droits des femmes et des populations autochtones. Il devra être validé par le peuple chilien, appelé à retourner aux urnes, le 4 septembre prochain, pour un nouveau référendum.

Une victoire du «oui», dans deux mois, représenterait un tournant majeur dans l’histoire de ce pays de la côte ouest de l’Amérique latine, longtemps considéré comme un laboratoire des politiques néolibérales dans le sous-continent, avec ses systèmes de retraites et d’éducation privatisés. Et pour cause : la Constitution actuellement en vigueur, qui date de 1980, est héritée du dictateur Augusto Pinochet, chantre de la dérégulation de l’économie et accessoirement accusé avant sa mort de multiples violations des droits humains, parmi lesquels des actes de torture. Elu en fin d’année dernière dans une nouvelle répercussion de «l’estallido», la vague de manifestations qui a ébranlé le Chili en 2019, le nouveau chef d’Etat de gauche Gabriel Boric ne s’y est pas trompé. «Nous devons être fiers qu’au moment de la crise la plus profonde […] que notre pays ait connue depuis des décennies, les Chiliens et les Chiliennes aient opté pour plus de démocratie et non pour moins», a salué l’ancien leader étudiant lors d’une cérémonie officielle organisée à Santiago

«État social et démocratique»

Contrairement à la loi fondamentale qui régit présentement le pays, le projet de nouvelle Constitution garantit le droit à la santé physique et mentale, à l’éducation et à la sécurité sociale. Dès son premier article, le texte définit le Chili comme «un Etat social et démocratique», mais aussi «plurinational, interculturel, régional et écologique».

Les conventionnels réclament la reconnaissance d’au moins onze peuples autochtones, dotés de droits spécifiques. Une véritable ligne rouge pour les groupes les plus conservateurs, qui sont vent debout contre ces dispositions.

«Le Chili est une économie minière, centrée sur l’exportation de matières premières. Une bonne partie de la droite redoute que les propositions de l’Assemblée constituante remettent en cause certains grands projets d’extraction. Mais cela relève surtout du fantasme», juge Antoine Maillet, politologue à l’université du Chili, basée à Santiago. Bien qu’ils l’aient un temps envisagée, les conventionnels n’ont par exemple pas retenu l’idée d’interdire l’extraction minière, bannie depuis quelques mois du Salvador et du Honduras. En revanche, ils accordent des «droits à la nature» et définissent l’eau comme un «bien commun inappropriable».

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Constitution au Chili :
le projet final remis au président,
référendum en septembre
(Le Monde / AFP)

L’Assemblée constituante du Chili a remis, lundi 4 juillet, au président Gabriel Boric le projet final de nouvelle Constitution, fruit d’une année de travaux lancés après le soulèvement social de 2019 et qui doit encore être approuvée par référendum en septembre.

Le président chilien Gabriel Boric, entouré de María Elisa Quinteros et de Gaspar Domínguez, membres de l’Assemblée constituante. (Santiago, 4 juillet 2022. Luis Hidalgo / AP)

« Nous devons être fiers du fait qu’au moment de la crise la plus profonde (…) que notre pays ait connue depuis des décennies, les Chiliens et les Chiliennes aient opté pour plus de démocratie et non pour moins », a déclaré Gabriel Boric après avoir reçu le texte lors d’une cérémonie officielle au Parlement, à Santiago. Le président de gauche a immédiatement signé un décret convoquant un référendum pour le 4 septembre. « Une nouvelle fois le peuple aura le dernier mot sur son destin. Nous démarrons une nouvelle étape », a-t-il déclaré.

Le choix de rédiger une nouvelle Constitution avait été plébiscité (78 %) par les Chiliens lors d’un référendum au vote non obligatoire en octobre 2020. En cas de rejet en septembre prochain, la Loi fondamentale actuelle, datant de l’époque de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), restera en vigueur.

Dans la foulée de la remise du texte, l’Assemblée constituante, composée de 154 citoyens indépendants ou affiliés à des partis politiques, a été dissoute, un an tout juste après avoir commencé ses travaux, le

Le Chili défini comme un État « écologique »

Vu comme une sortie de crise politique au soulèvement de 2019 pour plus d’égalité sociale, le projet constitutionnel consacre à travers ses 388 articles de nouveaux droits sociaux, principales revendications des manifestants. Dans l’article premier, le Chili est notamment défini comme un « Etat social et démocratique de droit »« plurinational, interculturel et écologique », et « sa démocratie est paritaire ».

Pendant un an, les débats ont été vifs au sein de la Constituante où les indépendants étaient les plus nombreux, avec 104 sièges, et les représentants de la droite n’avaient pas de majorité de blocage. Les deux tiers des votes étaient nécessaires pour adopter les articles. (…)

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Écrite par le peuple, la nouvelle Constitution
est remise au président

(Marion Esnault / Reporterre)

À l’aube, ce lundi 4 juillet, alors que les premières lueurs laissent deviner la majestueuse cordillère des Andes enneigée, les constituants des peuples originaires se réunissent sur la « colline Huelen » de Santiago. La machi — guérisseuse mapuche — convoque les ancêtres aux sons des tambours pour bénir cette nouvelle Constitution.

Elisa Loncón, représentante du peuple mapuche à la Convention constitutionnelle (Santiago 4 juillet 2022. Javier Torres / AFP)

Parmi les 154 constituants qui ont travaillé jour et nuit pour écrire le nouveau texte fondateur, 17 sont des représentants des peuples originaires. Pendant cette année d’écriture, ils ont obtenu que le Chili se reconnaisse comme un État « plurinational, interculturel et écologique », en alliance avec les constituants portés par les mouvements écologistes. Ils inscrivent aussi dans la nouvelle Carta Magna – selon l’expression couramment utilisée par les constituants et par les médias chiliens – que l’être humain « a une relation indissoluble avec la nature ».

Après cette cérémonie atypique du petit matin, les constituants vêtus de leurs costumes traditionnels ont traversé le centre-ville jusqu’à l’ancien Congrès national. À l’entrée du bâtiment, les membres de l’Assemblée ont partagé leurs impressions avec la presse nationale et internationale, présente en nombre. Elisa Loncón, constituante mapuche, première présidente de l’organe rédacteur, s’est dite « satisfaite et fière du texte constitutionnel qui est présenté aux citoyens ». Elle considère qu’à travers ses 388 articles, « la nouvelle Constitution répond aux inspirations et garantit le droit à l’éducation gratuite et à la santé publique, le droit à vivre dans un environnement sain » et que « cela correspond aux demandes de la révolte sociale de 2019 ».

« L’eau comme bien commun inappropriable »

Au delà de garantir des droits sociaux fondamentaux, cette nouvelle Constitution est particulièrement novatrice sur le plan écologique. La proposition constitutionnelle reconnaît que « l’humanité se confronte à une crise climatique et écologique qu’elle doit prendre en charge ». Elle consacre des « droits à la nature » et constitue ainsi un fondement constitutionnel à l’écocide. La nouvelle Carta Magna octroie également « une protection aux écosystèmes tels que les glaciers et les zones humides » et reconnaît « l’eau comme bien commun inappropriable ». Ces deux derniers ont fait l’objet de débats mouvementés lors des douze derniers mois. Le Chili exploite tous ses sous-sols, glaciers y compris, pour extraire son cuivre (1er producteur mondial) ou son lithium, et a privatisé ses eaux au bénéfice de l’agro-industrie. Constanza San Juan, constituante originaire de la vallée du Huasco qui a arrêté un projet minier dans un glacier en 2018, a « rempli sa mission en garantissant la protection des glaciers ». Elle reste néanmoins prudente « face à la montée en puissance de la campagne de rejet ». (…)

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Constitution au Chili :
le projet final remis au président, référendum en septembre
(Euronews / AFP)

L‘Assemblée constituante du Chili a remis lundi au président Gabriel Boric le projet final de nouvelle Constitution, fruit d’une année de travaux lancés après le soulèvement social de 2019 et qui doit encore être approuvée par référendum en septembre.

Les membres de l’Assemblée constituante lors des débats sur le projet de Constitution, le 5 février 2022, à Santiago du Chili. Reuters – Iván Alvarado

Nous devons être fiers qu’au moment de la crise la plus profonde (…) que notre pays ait connue depuis des décennies, les Chiliens et les Chiliennes aient opté pour plus de démocratie et non pour moins“, a déclaré le président Boric après avoir reçu le texte lors d’une cérémonie officielle au Parlement à Santiago.

Le président de gauche a immédiatement signé un décret convoquant un référendum pour le 4 septembre. Pour ce scrutin à vote obligatoire, 15 millions de Chiliens devront dire s’ils acceptent (“Apruebo“) ou rejettent (“Rechazo“) cette nouvelle Constitution.

Le choix de rédiger une nouvelle Constitution avait été plébiscité (78 %) par les Chiliens lors d’un référendum au vote non obligatoire en octobre 2020. En cas de rejet en septembre prochain, la Loi fondamentale actuelle, datant de l’époque de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), restera en vigueur.

Dans la foulée de la remise du texte, l’Assemblée constituante, composée de 154 citoyens indépendants ou affiliés à des partis politiques, a été dissoute, un an tout juste après avoir commencé ses travaux, le 4 juillet 2021.

“Être patients”

Vu comme une sortie de crise politique au soulèvement de 2019 pour plus d’égalité sociale, le projet constitutionnel consacre à travers ses 388 articles de nouveaux droits sociaux, principales revendications des manifestants.

Dans le 1er article, le Chili est notamment défini comme un “Etat social et démocratique de droit“, “plurinational, interculturel et écologique“, et “sa démocratie est paritaire“.

Pendant un an, les débats ont été vifs au sein de la Constituante où les indépendants étaient les plus nombreux, avec 104 sièges, et les représentants de la droite n’avaient pas de majorité de blocage. Les deux tiers des votes étaient nécessaires pour adopter les articles.

Pendant la cérémonie, des partisans du changement de Constitution ont déployé devant le Parlement des drapeaux chiliens et mapuches (peuple autochtone majoritaire au Chili), au son de chansons de l’époque de la lutte contre la dictature.

C’est un travail très long, il faut être patients et attendre. Ce sont les nouvelles générations qui vont cueillir les fruits de tout cela“, a confié à l’AFP Diana Diaz, une retraitée de 75 ans, drapeau chilien en mains.

Les longs mois de travaux ont aussi été marqués par la circulation sur les réseaux sociaux de nombreuses infox auprès du public sur les articles en train d’être débattus.

Je vous invite à débattre intensément de la portée du texte, mais pas des mensonges, déformations ou interprétations catastrophistes qui sont déconnectées de la réalité“, a exhorté le chef de l’Etat, alors que la campagne pour le référendum débute mercredi.

Ces dernières semaines, le jeune président de gauche a réitéré son soutien au projet de Constitution, estimant que l’actuelle, adoptée en 1980 en plein régime militaire et qui limite au maximum l’intervention de l’Etat, représentait un “obstacle” à toute réforme sociale de fond. (…)

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