Colombie: que sont devenus les anciens combattants des FARC? (Amnesty International)

24 novembre 2016, une journée historique pour la Colombie : l’accord de paix entre les FARC et le gouvernement de l’ex-président Juan Manuel Santos était signé. Il mettait fin à plus de 50 ans de conflit armé. Quatre ans après l’accord de paix, que sont devenus les anciens guérilleros ? Ils sont inquiets pour leur sécurité, restent la cible de différents groupes armés et sont victimes d’assassinats.

Rencontre avec d’anciens combattants des FARC. Correspondance à Ituango et Medellín de Sarah Nabli, pour le magazine d’Amnesty International, La Chronique.

D’anciens combattants des FARC à bord des bus traditionnels “chivas”
© Joaquin Sarmiento / AFP

Une guerre invisible se joue dans les campagnes colombiennes. Depuis fin août 2019, les anciens guérilleros des Force armées révolutionnaire de Colombie (Farc) se retrouvent menacés de mort par des paramilitaires, et différents groupes armés qui se battent afin de contrôler des zones stratégiques pour le narcotrafic. Les cinq mois de confinement, de mars à août, n’ont fait qu’accentuer le phénomène. Gildargo Villegas Ceballos, 28 ans, a été assassiné par balles à Villavicencio, dans le département de Meta le 15 juillet. Deux jours plus tôt, José Antonio Rivera, 53 ans, était tué alors qu’il travaillait dans son atelier de mécanique de Pitalito. Freddy Fajardo Avila perdait la vie le 11 juillet à la Uribe. Le 2 juillet, le corps de James Andrès Montaño, 30 ans, était retrouvé près du fleuve San Miguel dans le Putumayo. Au même moment, Dorman Clever Canticus Diaz était assassiné à Cumbal. La liste s’allonge de jour en jour.

Fuir la violence

Dans ce contexte, le 15 juillet dernier, les 107 ex-combattants et leurs familles d’Ituango, au nord de la région d’Antioquia, ont quitté l’Espace territorial de réinsertion (ETCR). Une première depuis la paix et un désaveu pour l’État, censé garantir la sécurité des anciens combattants comme stipulé dans les accords de paix. Après vingt heures de voyage et 300 km de route, les familles se sont installées dans le village de Mutata, toujours dans le département d’Antioquia, mais dans une zone bien plus tranquille pour les ex-combattants. À 34 ans, Monica* a servi la moitié de sa vie dans les rangs des Farc. Monica n’avait peur de rien en combattant l’armée ou les paramilitaires. Aujourd’hui, elle craint pour la vie de sa fille. Les larmes coulent sur son visage, dans ses bras, sa fille de 2 ans s’agite. La jeune femme pleure de peur, mais aussi parce qu’elle doit tout recommencer à zéro. Comme 107 ex-combattants, elle a décidé de quitter elle aussi l’Espace territorial de réinsertion (ETCR) d’Ituango.

À la signature des accords de paix, en novembre 2016, 77 % des 10 000 anciens combattants n’avaient pas de logement. Ils se sont rassemblés dans 24 ETCR répartis sur tout le territoire colombien, dans les zones anciennement contrôlées par la guérilla. Ils y ont rendu leurs armes, ont construit des maisons en préfabriqué et lancé des projets agricoles, d’élevage, de pisciculture, de café ou de cacao. Mais la région d’Ituango est devenue trop dangereuse. L’ETCR d’Ituango, a été particulièrement visé avec 14 assassinats sur 225 au total (août 2020). (…)

* Certains prénoms ont été changés pour des raisons de sécurité.

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