Colombie : Les mécanismes de l’ONU saisis pour les violations des droits des paysan·nes (Communiqué de presse de la Via Campesina)


FENSUAGRO, la Via Campesina, le CETIM, les Amis de la Terre international et FIAN International, ont soumis un rapport auprès de mécanismes de protection des droits humains de l’ONU. Ce dernier vise à dénoncer les violations et la répression à l’égard de la paysannerie colombienne et plus particulièrement les persécutions ciblant la Federación Nacional Sindical Unitaria Agropecuaria (FENSUAGRO)

En dépit du processus de paix initié en 2016 pour mettre fin au conflit armé colombien, la question de l’accès et l’usage de la terre reste toujours irrésolue, perpétuant le cercle de la violence en Colombie. Signé en 2016 après quatre ans de négociations, l’accord de paix contient, au-delà du cessez-le-feu entre les deux parties, la mise en place de réformes importantes s’attaquant aux causes structurelles du conflit. Parmi ces réformes, un plan agraire (point 1 de l’accord), prévoit une répartition et une redistribution équitables de terres aux milliers de paysans déplacés de force à cause des combats. La Colombie est en effet le pays affichant la répartition foncière la plus inégale d’Amérique Latine.

Depuis 2019, le pays est le théâtre d’une augmentation exponentielle d’assassinats perpétrés par des groupes paramilitaires à l’encontre de représentants de mouvements sociaux. Ces exécutions sont liées notamment liées à des conflits pour la terre, les territoires et les ressources naturelles : on estime qu’environ 80% des homicides touchent de leaders sociaux des zones rurales. De la signature du traité de paix à mars 2022, environ 1000 leaders paysans ont été assassinés.

Ces massacres se perpétuent avec la volonté de créer un climat de terreur dans le pays, et particulièrement au sein des communautés paysannes. L’objectif étant d’éviter que les leaders sociaux ne remettent en question la politique établie, qui favorise l’accaparement des terres et l’extermination de la vie paysanne, au profit des intérêts de l’agrobusiness.

Depuis sa fondation en 1976, FENSUAGRO a été la cible de persécutions politiques de la part de l’État et des paramilitaires ; ses membres ont été victimes de multiples violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international pendant le conflit armé interne de la Colombie. Depuis 2016, au moins 57 de ses membres ont été tués et au moins 16 dirigeants de la Fédération menacés. Malgré des dépôts de plaintes et la demande de mise en place de mesures de protection, la plupart des demandes sont restées muettes et les exactions continuent. Face à cette situation, le gouvernement a fait preuve de négligence et n’a pris les mesures nécessaires afin de protéger les communautés rurales affectées. (…)

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