Colombie : rapport final de la Commission de la vérité (revue de presse)


Après plus de trois ans et demi de travail, la Commission pour la vérité a rendu public le rapport final d’une longue enquête sur le conflit armé qui a ravagé la Colombie pendant presque soixante ans. Malgré l’accord de paix signé en 2016 avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie, cette guerre n’a jamais cessé et s’est même renforcée pendant la présidence d’Iván Duque, qui s’achève le 7 août.


Résumer plus d’un demi-siècle de conflit en 896 pages. C’est le travail titanesque entrepris par la Commission pour la vérité en Colombie : un organe créé suite à la signature de l’accord de paix et qui a abouti mardi 28 juin à la présentation de ce document qui traite des conséquences de la guerre et propose des recommandations pour éviter qu’elle ne se reproduise.

Annoncée en présence du président élu Gustavo Petro, qui a assuré qu’il suivrait les recommandations du rapport, la publication compile des témoignages glaçants de massacres, tortures, viols et autres disparitions forcées qui ont rythmé le quotidien des Colombiens.

Le président Iván Duque, en voyage en Europe, était absent de la cérémonie solennelle organisée à Bogotá, au théâtre Jorge Eliecer Gaitán, le 28 juin. Pour son successeur Gustavo Petro et sa vice-présidente Francia Márquez, longuement ovationnés par le public, c’était au contraire l’occasion d’une première manifestation officielle publique. Revue de presse.


Colombie : la Commission de la Vérité a remis son rapport final (Pressenza)

La Commission pour l’Éclaircissement de la Vérité en Colombie a remis son rapport final, qui raconte les histoires des victimes sur la violation de leurs droits, les modèles de victimisation et où la reconnaissance des auteurs est bienvenue, dans le but de trouver une réparation symbolique pour les personnes affectées par la clarification de ce qui s’est passé dans le contexte du conflit armé et d’entamer un chemin vers la réconciliation.


La Commission de la Vérité a remis son rapport final Hay Futuro si hay Verdad (Il y a un avenir s’il y a la vérité) le mardi 28 juin. Pour la création de ce texte, plus de 30 000 victimes et auteurs de crimes en Colombie et dans 27 pays où ils sont en exil ont été entendus. Le dernier chapitre du rapport comprend également des recommandations formulées après avoir analysé le conflit armé en Colombie, la violation des droits humains et l’écoute des communautés paysannes, afro, indigènes, roms et autres citoyens pendant trois ans et demi, depuis la signature de l’accord de paix à La Havane, à Cuba, en 2016.

Onze commissaires ont participé à l’enquête et à la rédaction du rapport. Ils étaient chargés de parcourir le pays et avaient également la possibilité de disposer de 28 Maisons de la Vérité, créées pour que les citoyens puissent venir avec leurs histoires sur la violation des droits des différentes victimisations subies dans le cadre du conflit armé. En outre, il s’agit de connaître la manière dont ont agi certains tiers civils et agents de l’État, qui ont participé par action ou par omission à une guerre incontrôlée, dans laquelle la population civile a été la plus touchée. Au cours de ces années, la Commission de la vérité a reçu quelque 1 802 rapports de cas de victimes, de dynamiques du conflit armé et de violations du droit international humanitaire de la part d’organisations de victimes de tout le pays, qui ont rassemblé chacun des cas qui endeuillent les familles colombiennes.

Cette feuille de route a été remise à la société civile, au ministre de l’Intérieur Daniel Palacios et au président entrant Gustavo Petro, accompagné de sa vice-présidente Francia Márquez. Dans le texte, une demande est faite au gouvernement de « mettre les institutions au service de la citoyenneté et de la reconstruction de la société », comme l’indique le président de la Commission de la vérité, le père Francisco de Roux.

Dans son discours, le président de la Commission de la Vérité, le prêtre jésuite Francisco de Roux, a appelé les Colombiens, indépendamment de leur ethnie, de leur opinion politique, de leur classe sociale ou économique, à générer à partir du rapport, un espace de réconciliation qui permette la construction d’une société sans violence et sans vengeance, qui se retrouve entre les mains de tous, mais en mettant davantage l’accent sur les jeunes, qui écrivent aujourd’hui l’avenir du pays. (…)

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La Commission de la vérité rend son rapport sur le conflit armé en Colombie (Le Monde)

L’enquête, qui a duré presque quatre ans, établit que 450 664 personnes ont perdu la vie, 50 770 ont été séquestrées et près de 8 millions déplacées. Près de la moitié des victimes ont été tuées par les paramilitaires.

« Si nous devions faire une minute de silence pour chaque victime du conflit armé en Colombie, nous devrions nous taire pendant dix-sept ans. » C’est dans un discours émouvant que le prêtre jésuite Francisco de Roux, président de la Commission de la vérité et de la réconciliation, a présenté un rapport intermédiaire de 896 pages, mardi 28 juin, à Bogotá, dans le Théâtre Jorge-Eliecer-Gaitán, bondé. Presque quatre ans se sont écoulés depuis que cette commission a commencé son travail afin de rendre leur dignité aux victimes et de faire la lumière sur un conflit interne long d’un demi-siècle impliquant guérillas, paramilitaires et forces armées. « Devant nous se trouve la possibilité de faire nôtre, en tant que nation responsable, la blessure de nos dix millions de victimes », souligne le prêtre.

Cette commission à caractère extrajudiciaire a été créée dans le cadre des accords de paix signés en 2016 entre le gouvernement colombien, alors dirigé par Juan Manuel Santos, et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), aujourd’hui éteinte. Les travaux d’enquête ont mené les onze commissaires à conduire des entretiens avec plus de 28 000 personnes dans vingt-trois pays, essentiellement parmi les populations rurales, autochtones et afro-descendantes. Cette commission n’a pas pour vocation de prononcer des peines, mais de faire toute la lumière sur les atrocités commises lors du conflit : disparitions forcées, viols, massacres, actes de torture. Pour cela, elle a interrogé aussi bien d’ex-combattants, des militaires que d’anciens présidents.

Une fois achevé, le rapport final sera consultable sur une plate-forme numérique. Il met déjà en évidence les chiffres de l’horreur : 450 664 personnes ont été tuées entre 1985 et 2018 (elles pourraient en réalité être plus de 800 000, estime le rapport) ; 50 770 ont été enlevées. On a compté 121 768 disparus et 7,7 millions de déplacés. La responsabilité des morts incombe pour 45 % aux paramilitaires, contre 27 % pour la guérilla et 12 % aux forces de l’ordre.

Mais le texte se penche aussi sur les facteurs majeurs du conflit : modèle économique néolibéral qui a favorisé l’exclusion et les inégalités ; rôle des États-Unis ; modèle de sécurité de l’État centré sur la lutte contre la drogue ; discriminations de genre, ethnique, culturelle. (…)

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Après un demi-siècle de conflit, la Colombie franchit une nouvelle étape sur le chemin de la réconciliation (Anne Proenza / Libération)

La Commission de la vérité a rendu mardi à Bogotá un rapport historique au nouveau président, Gustavo Petro. Il fait état de plus de 450 000 morts entre 1985 et 2018, et préconise la création d’un ministère de la Paix et de la Réconciliation.


La Colombie vit des jours historiques. Et pas seulement parce que le nouveau président, Gustavo Petro, arbore un sourire qu’on lui avait rarement vu depuis son élection, après trente ans de luttes et d’opposition. Pas seulement non plus parce que l’irrésistible nouvelle vice-présidente, Francia Márquez, manifeste sa force et sa joie publiquement de manière très contagieuse dans un pays excluant… Ni parce que la plupart des partis politiques se rangent l’un après l’autre derrière le grand accord national proposé par le nouveau gouvernement, ce qui devrait donner au Congrès les moyens de mettre en œuvre les réformes du premier président de gauche colombien.

Si la Colombie vit des jours historiques, c’est surtout parce que la réconciliation de ce pays meurtri par plus de soixante ans de guerre semble enfin faisable. Mardi, après trois ans de travail, la Commission vérité a rendu solennellement son rapport final lors d’une cérémonie à Bogotá, au théâtre Jorge-Eliécer-Gaitán, dont le nom rend hommage au candidat à la présidence assassiné le 9 avril 1948 et dont le magnicide annonce le conflit colombien. (…)

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