🇨🇴 Colombie: où en est la paix totale ? / les villages du Chocó, toujours victimes du conflit armé /(deux reportages de Marie Normand / RFI)


Le président colombien Gustavo Petro entend mettre un terme aux violences qui ensanglantent depuis des décennies plusieurs régions rurales de Colombie. Il invite tous les groupes armés à dialoguer avec l’État. Bogotá soutient qu’une dizaine de ces groupes ont déjà signé des accords de cessez-le-feu. Pourtant, rien n’a changé, pour l’heure, dans la plupart des régions les plus touchées par le conflit armé, notamment dans les villages qui bordent le fleuve San Juan, dans l’ouest du pays.

Dans la communauté de Buenavista, sur le fleuve San Juan, rien n’a changé depuis le lancement par le gouvernement Petro de sa politique de paix totale avec les groupes armés. © RFI / Marie Normand

Colombie: où en est la paix totale avec les groupes armés? (Marie Normand / Décryptage / RFI )

Le Décryptage du jour nous emmène en Colombie, dans l’ouest du pays, sur la côte Pacifique. Dans cette région, à la dernière présidentielle, on a largement voté en faveur de Gustavo Petro.

Il est devenu le premier président de gauche du pays, élu notamment sur la promesse d’une paix totale avec les groupes armés. Quatre mois après sa prise de fonction, où en est-on ? Qui veut la paix ? Qui croit à la paix ? 

Un reportage à écouter ci-dessous ou ici


Colombie: les villages du Chocó, toujours victimes du conflit armé (Marie Normand / RFI )

Il n’y a pas de route pour rejoindre les villages qui bordent le San Juan, dans le département du Chocó. Il faut compter plusieurs heures de pirogue le long des côtes du Pacifique, puis affronter les courants violents de l’embouchure du fleuve, avant de commencer à naviguer le long de ses berges, non sans avoir montré patte blanche.

Ana Lucía López Salázar, cofondatrice du Barco Hospital. © RFI / Marie Normand

À chaque rotation de son « Barco hospital » (bateau-hôpital, ndlr), lancé il y a treize ans, Ana Lucia Lopez Salazar doit s’assurer de l’assentiment des groupes armés. « Quand ils nous disent qu’on ne peut pas entrer, on n’entre pas », confirme l’économiste et épidémiologiste colombienne. Cinq groupes se disputent la zone, notamment la guérilla de l’ELN, avec laquelle le gouvernement vient d’ouvrir des négociations, et le Clan du Golfe, le plus grand groupe de narcotrafiquants du pays. Sous les feux croisés des groupes armés, la population manque de tout, notamment d’un accès aux soins.

Pas d’armes à bord

Pour les habitants de cette région isolée, le bateau-hôpital est la seule option d’accès aux soins. Pour des raisons de coût d’abord – le premier hôpital public est à cinq heures de pirogue et l’essence coûte cher -, et parce que les groupes armés les empêchent de se déplacer normalement. « On ne peut s’occuper des patients que jusqu’à 17 heures, parce qu’ils n’ont pas le droit de naviguer de nuit. S’ils le font, les groupes armés leur tirent dessus », précise la cofondatrice du bateau-hôpital.

Sur la poupe du bateau, Barbara Sanchez Pizarro surveille l’arrivée des premiers patients, talkie-walkie à la main. « C’est notre moyen de communication avec la terre », sourit l’infirmière à la retraite, qui dit « se sentir en sécurité sur le bateau et heureuse d’aider ». C’est à terre que les patients sont enregistrés avant d’être envoyés sur le bateau, en pirogue. Elle détaille les équipements: trois salles de consultation, une pharmacie, un laboratoire d’analyse. Au total, 32 personnes, médecins et personnels de bord, vivent et travaillent sur le navire pendant ces missions de deux à trois semaines. Une équipe de sept personnes est détachée sur le terrain pour rendre visite à des communautés plus éloignées qui ne peuvent pas venir jusqu’au bateau.

Un fleuve contaminé par les activités illégales des groupes armés

Beaucoup de patients souffrent de maladies de peau. Le fleuve est contaminé au mercure, qui serait l’un des principaux déchets toxiques retrouvés dans l’eau. © RFI/Marie Normand

Ce jour-là, le San Raffaele, est ancré devant le village autochtone de Buenavista. Les patients, de l’ethnie Wounaan, arrivent par petits groupes. Le bateau a une capacité d’accueil limitée à 12 personnes Parfois, certains membres de groupes armés viennent aussi se faire soigner. Sur les flancs du bateau, des armes automatiques barrées d’un trait rouge rappellent qu’aucune arme n’est acceptée à bord. « Je viens chercher des médicaments pour mon fils. Il a de la fièvre et des diarrhées depuis une semaine », explique timidement Mirna, son enfant très affaibli dans les bras. C’est l’une des premières causes de consultation. Dans ces villages, il n’existe aucun réseau d’assainissement ni de ramassage des ordures. (…)
(…) Lire la suite de l’article ici et écouter le reportage ici ou ci-dessous.


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