🇵🇪 Pérou. Crise politique : destitution du président Castillo (revue de presse et premières analyses fr.esp)


Le Pérou s’enfonce dans une profonde crise politique. La vice-présidente du pays, Dina Boluarte, a été investie, mercredi 7 décembre, comme nouvelle cheffe de l’État, peu après la destitution par le Parlement du président, Pedro Castillo qui a été mis en détention. Quelques heures avant le vote, M. Castillo avait annoncé dissoudre le Parlement et former un  « gouvernement d’exception ».

La nouvelle présidente du Pérou a prêté serment devant le Parlement le 7 décembre à Lima. Photo : Guadalupe Pardo / AP

La diplomatie étasunienne a déclaré qu’elle ne considérait plus Pedro Castillo comme le président du Pérou en exercice. La crise au Pérou a par ailleurs provoqué le report du sommet de l’Alliance du Pacifique, prévu le 14 décembre à Lima, a annoncé le gouvernement mexicain, qui appelle au « respect de la démocratie et des droits humains » dans le pays. Pedro Castillo, destitué et placé en détention provisoire, a fait une demande officielle d’asile au Mexique. Au cours de cette journée sous haute tension, la démocratie péruvienne n’a jamais été aussi proche de la rupture, vivant un de ses pires moments depuis la fin du gouvernement autoritaire d’Alberto Fujimori, en 2000.

Reportages de France 24

Le président péruvien Pedro Castillo a été destitué, mercredi, après avoir tenté de dissoudre le Parlement et annoncé un gouvernement d’exception. Il a été placé en état d’arrestation.

Dans la foulée, la vice-présidente Dina Boluarte a prêté serment en tant que présidente par intérim. Un millier de manifestants ont défilé dans les rues du centre-ville de Lima jeudi après-midi, réclamant sa libération.

Pérou : le président Castillo destitué et arrêté, la vice-présidente Boluarte intronisée. Lire l’article de France 24 ici

L’ex-président du Pérou Pedro Castillo, en détention provisoire, demande l’asile au Mexique. Voir l’article de France 24 ici

La destitution de Pedro Castillo, ultime épisode dans un Pérou devenu ingouvernable? (Éric Samson / RFI)

La crise est morte, vive la crise ! C’est le sentiment de nombreux Péruviens qui ne s’attendent pas à ce que retombe la température politique, portée à ébullition cette semaine après la destitution par le Congrès de Pedro Castillo mercredi. L’ex-président a été placé en détention provisoire pour une semaine. Il est poursuivi pour « rébellion » et « conspiration ». 

Investie à sa place, sa vice-présidente, Dina Boluarte, est donc la sixième présidente du Pérou depuis 2018 (Pedro Pablo Kuczynski, Martín Vizcarra, Manuel Merino, Francisco Sagasti et Pedro Castillo). Mais pourquoi le Pérou est-il si difficile à diriger ?

Le système politique n’est d’abord pas fait pour faciliter la gouvernance du Pérou. Les élections législatives ont lieu avant la présidentielle, ce qui complique l’émergence de majorités de gouvernement d’autant que les partis politiques traditionnels ont été remplacés par des groupes chaque fois plus petits ne répondant qu’à des intérêts particuliers.

La Constitution de 1993 affaiblit également le chef de l’État qui peut être destitué pour « incapacité morale ou physique permanente ». À l’origine, il s’agissait de se donner la possibilité de retirer du pouvoir une personne souffrant par exemple d’une maladie mentale l’empêchant de remplir ses fonctions. 

Le problème, c’est que ce concept d’« incapacité morale » n’a jamais été clairement défini. Il est donc utilisé à leur guise par les députés pour destituer des présidents accusés par exemple de corruption mais pas encore condamnés par la justice et donc officiellement innocents. Il leur suffit de rassembler 87 votes sur 130 pour suspendre en permanence une épée de Damoclès sur la tête du chef de l’État. Ce dernier a la possibilité de dissoudre le Congrès si les députés refusent deux fois leur confiance à un cabinet ministériel, mais il n’en reste pas moins en permanence sur la sellette s’il n’a pas de majorité. 

Dina Boluarte saura-t-elle éviter le sort de ces prédécesseurs ? Elle est aujourd’hui la première femme présidente du Pérou mais personne ne s’aventure à prédire pour combien de temps. (…)

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Pérou : cinq minutes pour comprendre la crise politique après la destitution du président Castillo (Marianne Chenou / Le Parisien)

(…) La chute du président Pedro Castillo « n’est pas une surprise » pour Gaspard Estrada, politologue à Sciences Po. « Ce n’était qu’une question de temps », explique-t-il, car l’homme était fragilisé depuis de nombreuses semaines. Il avait déjà fait l’objet de deux tentatives de destitutions en moins de deux ans au pouvoir. Cet instituteur de primaire de la gauche marxiste-léniniste élu en 2021 s’est imposé en partie « parce qu’il était en dehors du système politique », en tant qu’outsider, rappelle Christophe Ventura, directeur de recherche à l’Iris et auteur de « Géopolitique de l’Amérique latine » (Eyrolles).

Dina Boluarte est devenue la nouvelle présidente du Pérou, première femme à occuper ce poste, après la destitution de Pedro Castillo. REUTERS / Sebastián Castaneda

Mais, selon lui, « l’une des racines du problème est qu’il a été élu avec un parti qui a obtenu 12 % des voix. Au Pérou, il y a une dizaine de partis politiques qui obtiennent entre 8 % et 12 % des voix. De fait, c’est l’opposition qui est majoritaire au Congrès. Il n’a jamais eu le soutien politique nécessaire à sa stabilité. » D’autant plus que sa rivale d’extrême droite, Keiko Fujimori, n’a pas voulu reconnaître les résultats du scrutin, souligne Gaspard Estrada, ce qui a participé à « le fragiliser dès le début de son mandat ».

Ce qui a en revanche interpellé, c’est « l’erreur totale d’appréciation » de Pedro Castillo : « Il n’a pas seulement dissous le Parlement, il a également annoncé qu’il voulait instaurer un gouvernement d’exception et que la justice serait réorganisée, énumère Christophe Ventura. Et il a été lâché par tout le monde ! » L’opposition a pu pour la première fois compter sur le soutien d’autres partis pour voter la destitution.(…)

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Pérou : la vice-présidente Dina Boluarte investie à la tête du pays après la destitution et l’arrestation de Pedro Castillo (France Info / AFP)

Le Pérou est en proie à une grave crise politique et institutionnelle. Le président péruvien, Pedro Castillo, se trouvait, jeudi 8 décembre, en détention dans une base de la police à Lima, au lendemain de sa destitution et de son arrestation lors d’une journée riche en rebondissements qui a vu sa vice-présidente, Dina Boluarte, investie à la tête du pays.

La troisième procédure de destitution a eu raison du président de gauche. Pedro Castillo a tenté son va-tout en annonçant la dissolution du Parlement qui tentait de le faire tomber, une manœuvre immédiatement qualifiée de “coup d’État” par de nombreuses personnalités.

Manifestation dans les rues de Lima le 7 décembre 2022 / AP Photo / Martín Mejía

Arrivé au pouvoir en juillet 2021, Pedro Castillo, 53 ans, a été “placé en état d’arrestation”, a annoncé la procureure Marita Barreto. Des images ont montré le chef de l’Etat déchu assis dans un fauteuil, entouré de procureurs et de policiers.

Selon les médias péruviens, Pedro Castillo a ensuite été transféré par hélicoptère vers une base des forces spéciales de la police à Lima, où il devrait être détenu pour une durée maximale de 15 jours. Le parquet a effectué par ailleurs dans la soirée de mercredi des perquisitions au palais présidentiel. Sa destitution pour “incapacité morale”, retransmise en direct à la télévision, a été approuvée par 101 des 130 parlementaires, dont 80 dans l’opposition. (…)

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Au Pérou, la vice-présidente, Dina Boluarte, investie à la tête du pays après la destitution de Pedro Castillo par le Parlement (Le Monde / AFP)

Une motion de destitution pour « incapacité morale » a été largement approuvée mercredi contre le chef de l’Etat péruvien, quelques heures après sa tentative de dissolution du Parlement.

Dina Boluarte lors de sa prestation de serment, le 7 décembre à Lima. Sebastián Castaneda / REUTERS

« J’assume [le pouvoir] conformément à la Constitution du Pérou, à partir de ce moment et jusqu’au 26 juillet 2026 », a finalement déclaré devant le Parlement Dina Boluarte, une avocate de soixante ans, première femme à diriger le pays.

« Les États-Unis exhortent avec force le président Castillo à revenir sur sa tentative de dissoudre le Congrès et à permettre aux institutions démocratiques de fonctionner conformément à la Constitution », a écrit sur Twitter l’ambassadrice américaine à Lima, Lisa Kenna. « Le système judiciaire, le pouvoir judiciaire, le ministère public, le Conseil national de la justice, la Cour constitutionnelle sont déclarés en réorganisation », avait déclaré Pedro Castillo dans une adresse à la nation, demandant « à toutes les personnes en possession d’armes illégales » de les « remettre à la police nationale dans un délai de soixante-douze heures ». (…)

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Pérou: le président Castillo destitué et arrêté après avoir annoncé la dissolution du Parlement (RFI)

En grande difficulté, le chef de l’État péruvien a basculé. Alors que le Parlement monocaméral allait se réunir pour débattre d’une motion pour le destituer, Pedro Castillo a ordonné, ce mercredi 7 décembre, la dissolution du Congrès et l’établissement d’un « gouvernement d’exception ». En vain, car le Congrès s’est quand même réuni pour voter la vacance de la présidence et sa remise entre les mains de la vice-présidente. M. Castillo a été arrêté.

Le désormais ex-président péruvien Pedro Castillo, le 8 avril 2022, dans la province de Huancané, à Puno, près de la frontière avec la Bolivie. © AFP – Carlos Mamani

« Couvre-feu national à partir d’aujourd’hui », entre 22 heures et 4 heures, a cru décréter le président péruvien ce mercredi. Les personnes « en possession d’armes illégales » ont désormais 72 heures pour les rendre, ajoutait-il.

Peu avant que le Congrès de la République du Pérou ne se réunisse à Lima pour débattre d’une motion visant à destituer le président Castillo, ce dernier a ainsi tenté de prendre les devants dans un message à la nation.

Il a proclamé, rien de moins, la dissolution « temporaire » dudit Congrès, l’établissement d’un « gouvernement d’urgence exceptionnel », et enfin l’établissement « dans les plus brefs délais » d’un Congrès constituant.

Dans l’esprit du chef de l’État, d’ici à la rédaction d’une nouvelle Constitution par ladite Constituante, donc, « dans un délai ne dépassant pas neuf mois », précisait-il, « le gouvernement sera régi par un décret-loi ».

Et M. Castillo de garantir que la police nationale allait consacrer « tous ses efforts à la lutte réelle et efficace contre le crime, la corruption et le trafic de drogue, ce pour quoi elle sera dotée des ressources nécessaires ».

Droit comme un « i », il appelait les institutions de la société civile « à soutenir ces décisions qui nous permettront de mettre notre pays sur la voie du développement ». Ce qui ne l’a donc pas prémuni d’être éjecté à l’arrivée. (…)

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Le Pérou après le coup manqué de Castillo (analyse de Pablo Stefanoni / Le Grand Continent)

Hier, en l’espace de quelques heures, l’exécutif du Pérou a changé. Après une tentative de dissolution, le président Pedro Castillo s’est retrouvé en état d’arrestation. Sa vice-présidente, Dina Boluarte, a appliqué la succession constitutionnelle. Signe d’une crise chronique à Lima, c’est la troisième fois en cinq ans.

© AP Photo/Renato Pajuelo

La crise péruvienne est entrée hier dans une spirale d’accélération irréversible. En deux heures seulement, le président Pedro Castillo, qui avait tenté de dissoudre le Congrès, s’est retrouvé complètement seul, a été démis de ses fonctions par ce même Congrès et s’est retrouvé en état d’arrestation après des rumeurs selon lesquelles il était sur le point de se rendre à l’ambassade du Mexique.

À midi au Pérou, Castillo a annoncé dans un message à la nation la dissolution du Congrès — qui cherchait de nouveau à obtenir les votes nécessaires pour l’écarter du pouvoir — et la convocation « dès que possible d’élections pour un nouveau Congrès doté de pouvoirs constituants afin d’élaborer une nouvelle Constitution dans un délai ne dépassant pas neuf mois ». À partir de ce moment-là, tout a déraillé. Ses ministres ont démissionné en masse, les forces armées ne l’ont pas soutenu et même son avocat personnel l’a publiquement abandonné. Personne ne voulait porter l’étiquette de « putschiste ». Bien que le Congrès ait une cote de popularité très basse, sa dissolution a été perçue purement et simplement comme un coup d’État — l’un des plus courts. « On n’a même pas eu le temps de faire des mèmes », ironise un analyste.

Dirigeant d’un syndicat d’enseignants rural de Cajamarca, Castillo est arrivé de manière surprenante au second tour du scrutin du 6 juin 2021 dans un contexte de fragmentation extrêmement élevé : les deux principaux candidats — lui et Keiko Fujimori — n’ont réuni que 32 % des voix. La crise des partis est si profonde que, avec un crayon géant comme symbole, il a gagné des voix dans les régions laissées pour compte et est parvenu à défier la fille de l’ancien président et ex-dictateur Alberto Fujimori pour le pouvoir. (…)

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Leer en español : Perú tras el fallido golpe de Castillo


Pour aller plus loin :
Pedro Castillo, del cierre del Congreso a la cárcel: crónica de una caída anunciada (Carlos Noriega / La Jornada)
Pérou : Qui a organisé le coup d’État ? (Éditorial du journal mexicain La Jornada / Traduction Venesol)

Perú: ¿Quién dio el golpe de Estado ? (Editorial de La Jornada)
López Obrador, Petro et Maduro dénoncent le coup d’État contre Pedro Castillo (Thierry Deronne / Venezuela Infos)


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L’après coup d’État au Pérou (Le Grand Continent)