Covid-19 au Brésil : un violent bilan vu d’en haut (Nathalie Hernandez / France Culture)
Depuis un an déjà, le cimetière de Vila Formosa, près de São Paulo, est débordé. Débordé par une vague presque continue de victimes du coronavirus, particulièrement violente. Le Brésil, où la barre des 300 000 morts a été franchie, vient de se hisser à la deuxième place des pays les plus touchés.
Avec plus de 300 000 morts, le Brésil est désormais le deuxième pays au monde le plus meurtri par l’épidémie de coronavirus. Les services de soins intensifs sont au bord de la rupture et les personnels soignants épuisés.
Après avoir annoncé la création d’un comité de crise pour lutter contre la pandémie, le président Jair Bolsonaro s’est engagé à ce que tous les Brésiliens soient vaccinés d’ici à la fin de l’année 2021.
Ce drame, Miguel Schincariol en témoigne le 23 mars 2021 dans une photo pour l’AFP. Le photoreporter brésilien saisit un instant suspendu au dessus du plus grand cimetière d’Amérique latine, à Vila Formosa près de São Paulo. Vila Formosa où, depuis des mois, des dizaines d’enterrements se succèdent chaque jour sur ses 750 000 m2. Avec seulement quelques minutes pour dire adieu à son proche avant que la terre recouvre le cercueil.
Miguel Schincariol a choisi une vue aérienne pour illustrer la catastrophe sanitaire qui frappe le géant latino-américain.
Une vingtaine de personnes sont présentes, leur ombre projetée sur la terre rouge s’aligne avec des fosses inoccupées. Une inhumation est en cours. On voit le cercueil de bois sombre posé, prêt à être enseveli. Quatre hommes vêtus de combinaison blanche, les fossoyeurs se tiennent de l’autre côté de la tombe. En contraste, un peu plus loin, huit couronnes de fleurs indiquent sommairement là où reposent les précédentes dépouilles.
Une fausse impression de déjà-vu
“Au départ ma première réaction a été par rapport à l’information qu’apportait cette photo”, réagit Wilfrid Estève, photographe et directeur de l’agence photo Hans Lucas, pour laquelle travaillent 800 professionnels.
“J’ai vu beaucoup de scènes similaires à celle-ci au Brésil et j’ai pensé que c’était une photo d’archive. J’étais surpris de voir qu’elle était récente. Je me suis dit que la situation restait la même qu’il y a un an dans ce pays.”
Ce qui a intrigué Wilfrid Estève, c’est que l’image ne correspond pas aux standards habituels des photos d’actualité chaude publiées par l’AFP. “On voit plutôt des photos à la hauteur des victimes ou des acteurs de la scène, relève le photographe. Or ici le cliché est hors champ.”
“Je découvre une photo prise en hauteur, peut-être grâce à un drone”, poursuit le directeur de l’agence Hans Lucas. L’AFP aurait donc élargi sa palette ? Une évolution qui n’est pas nouvelle, explique Wilfrid Estève, mais qui témoigne d’un traitement de l’actualité plus en douceur, moins en émotion brute.
“On comprend qu’on est en hauteur et qu’il s’agit d’obsèques, on voit un cercueil et les fosses. Il est possible,, ajoute Wilfrid Estève. Elle a d’ailleurs plusieurs niveaux de lecture.”
“On comprend qu’on est en hauteur et qu’il s’agit d’obsèques, on voit un cercueil et les fosses. Il est possible, détaille le directeur de l’agence Hans Lucas, que le photographe brésilien ait cherché à réaliser une photo différente de celles qu’on voit généralement à propos des victimes de la pandémie au Brésil. Il a sûrement voulu aller sur d’autres cadrages, plus inattendus.” (…)
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