🇵🇪 Crise politique au Pérou : la tension monte et la répression fait des victimes (revue de presse)
Au Pérou, Dina Boluarte a été investie à la tête du pays mercredi 7 décembre, après la tentative de dissolution du Parlement par son prédécesseur, Pedro Castillo. Depuis, le pays est plongé dans la crise et la situation se tend. Des manifestations contre la nouvelle présidente font plusieurs morts. Des élections anticipées ont été annoncées mais la mobilisation ne faiblit pas. L’état d’urgence a été déclaré dans tout le pays.
Le Congrès a par ailleurs voté par une courte majorité un projet de loi qui supprime l’immunité de Pedro Castillo qui pourrait donc maintenant être jugé par la Cour suprême de justice.
Revue de presse régulièrement actualisée : les articles les plus récents sont en haut de page.
Voir aussi notre revue de presse du 8 décembre et notre communiqué de solidarité avec le peuple péruvien.
Pérou: le Parlement rejette les élections en 2023 malgré les manifestations, deux ministres démissionnent (RFI / 17 décembre)
Depuis le coup de force raté de Pedro Castillo et sa destitution, il y a plus d’une semaine, les mobilisations ne cessent pas. Au moins dix-huit personnes, dont des mineures, sont mortes lors de manifestations, selon le ministère de la Santé.
Ce bilan a conduit vendredi le ministre de la Culture et la ministre de l’Éducation à démissionner, rapporte notre correspondante à Lima, Juliette Chaignon. Ils ne seront restés qu’une semaine au pouvoir. Sur les réseaux sociaux, le ministre de la Culture a évoqué une position au gouvernement « insoutenable », face à « l’irréparable perte de frères et de sœurs » péruviens. Plusieurs enquêtes préliminaires sur la mort de manifestants ont été ouvertes, d’après le parquet. La journée de jeudi, à Ayacucho, dans le centre du pays, a particulièrement choqué. Sept manifestants ont trouvé la mort ce jour-là et une cinquantaine ont été blessés. Le défenseur des peuples s’inquiète de l’usage de gaz lacrymogènes largués par hélicoptères et de tirs à balles réelles. « Le Pérou doit mettre fin aux violences contre les enfants lors des manifestations et enquêter sur ces violences », a exhorté le Comité des droits de l’enfant de l’ONU.
Ces derniers jours, dans le pays, une quinzaine de bâtiments publics ont aussi été incendiés par des manifestants dont la principale demande est la dissolution du Congrès. Plusieurs associations de défense de droits de l’homme appellent donc le gouvernement et le Congrès à résoudre la crise.
Côté politique, les députés ont rejeté une première fois la possibilité d’avancer les élections à décembre 2023. D’autres débats sont à venir, mais la nouvelle présidente Dina Boluarte est dans une situation difficile. « L’étape suivante, c’est la démission de Dina Boluarte, et une transition démocratique », estime la députée de gauche Ruth Luque qui s’est abstenue, précisant qu’elle préférait un référendum sur une « Assemblée constituante ». « Mme Boluarte doit démissionner en raison du nombre de morts », a quant à elle estimée la députée centriste Susel Paredes, qui a voté pour. (…)
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Pérou: l’ex-président Castillo maintenu en détention pour un an et demi (RFI / 16 décembre)
Détenu depuis huit jours pour sa tentative d’auto coup d’État, l’ex-président péruvien Pedro Castillo restera donc en prison préventive pour un maximum de 18 mois ou jusqu’à l’ouverture de son procès pour supposée rébellion et conspiration. Les manifestations pour réclamer sa libération se poursuivent et la répression a fait plusieurs victimes.
Un an et demi, cela semble vraiment beaucoup pour de la prison préventive, mais c’est une particularité du droit péruvien. Ici la justice est très lente, souvent corrompue, et l’idée de ces 18 mois de détention préventive est d’éviter que des personnes accusées de corruption ou de délits graves ne puissent fuir à l’étranger ou profiter d’un vice de forme pour échapper à la justice, explique notre correspondant régional, Eric Samson. Pour ne prendre qu’un exemple, l’ancienne candidate présidentielle Keiko Fujimori a été condamnée à la même peine lors d’un récent procès pour corruption.
Actuellement détenu dans les locaux de la Direction des opérations spéciales de la police, dans le district d’Ate à l’est de la capitale péruvienne, Pedro Castillo restera donc derrière les barreaux pour un maximum d’un an et demi jusqu’au début de son procès. Le juge a estimé qu’il existait des éléments graves et fondés pour penser qu’il avait l’intention de perpétrer un coup d’État, de dissoudre le Congrès, d’intervenir la Justice et de perturber la tranquillité publique. Selon le Parquet, Pedro Castillo pourrait être condamné à un minimum de dix ans de prison. (…)
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Crise politique au Pérou: l’état d’urgence décrété sur l’ensemble du territoire (Éric Samson / RFI / 15 décembre)
Après une première indiscrétion du ministre péruvien de la Défense, le gouvernement a finalement officialisé ce mercredi 14 décembre la déclaration de l’état d’urgence dans tout le Pérou, et pas seulement le sud. L’état d’urgence a été déclaré pour trente jours, en réponse aux manifestants qui exigent la libération du président déchu Pedro Castillo, la dissolution du Congrès et l’organisation d’élections générales anticipées.
« Les faits de violence et de vandalisme, les routes bloquées sont des actes qui obligent à une réponse ferme et autoritaire », a précisé le ministre de la Défense, Luis Alberto Otárola Peñaranda.
Concrètement, le droit de réunion est suspendu, ainsi que la liberté de circulation et l’inviolabilité des domiciles. Le gouvernement évalue maintenant la possibilité d’instaurer un couvre-feu.
Durant l’état d’urgence, les forces armées aideront la police à maintenir l’ordre interne dans tout le pays, ce qui fait craindre à beaucoup une répression accrue des manifestations qui ont provoqué la fermeture des aéroports de Cuzco, Puno, Arequipa et Apurímac, et celle des trains vers la citadelle de Machu Picchu.
Plusieurs régions dans le sud du Pérou étaient déjà concernées par la mesure. Cela a permis, par exemple, de déployer des militaires dans la ville d’Arequipa. L’un des objectifs est de lever les blocages routiers. Il y en a plusieurs dizaines dans le pays. Des passagers et des camions de marchandises sont sur les routes depuis parfois plus de quatre jours. (…)
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Pérou: la demande de libération de Pedro Castillo rejetée par la justice (RFI / 14 décembre)
Au Pérou, une semaine après le coup de force raté et la destitution de Pedro Castillo, des milliers de Péruviens manifestent dans le pays, réclamant la dissolution du congrès et de nouvelles élections immédiates. Le président déchu a fait appel pour lever sa garde à vue. Demande rejetée par la justice péruvienne.
Pedro Castillo l’a à nouveau répété durant son audience hier, mardi 13 décembre. Il rejette en bloc les accusations de rébellion et conspiration. « Je suis injustement et arbitrairement détenu. Je ne suis pas un voleur, ni un violeur, ni un corrompu ou un tyran. »
Ses avocats ont tenté de démonter l’accusation. En vain. Le parquet a présenté de nouveaux éléments. Et le juge Cesar San Martin a refusé de lever la garde à vue. « La rébellion n’est pas ici caractérisée par un soulèvement armé. L’une des raisons est la modification illégitime du régime constitutionnel. »
Pedro Castillo a aussi profité de l’audience pour demande aux forces armées et à la police nationale de déposer les armes. Avant de s’adresser au peuple, « pour lui dire que je suis très reconnaissant de sa confiance, ses efforts et sa lutte. Je ne renoncerai jamais ni n’abandonnerai la cause populaire. » (…)
(…) Des dizaines de route sont toujours bloquées dans 13 des 24 régions du pays. Les aéroports de Cusco et Arequipa sont également fermés après des intrusions ou tentative de blocage de manifestants. Le dernier bilan est de sept morts et de dizaines de manifestants et policiers blessés. (…)
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Comment le Pérou est entré dans une zone de turbulence politique (France 24 / 13 décembre)
De son élection à sa récente mise en détention provisoire – prolongée mercredi par la justice –, le président péruvien Pedro Castillo a gouverné un peu plus d’un an un pays politiquement divisé. Sous le coup de plusieurs enquêtes judiciaires, il a été destitué par le Parlement et remplacé par Dina Boluarte.
Mais la colère gronde dans la rue, et les manifestations réclamant de nouvelles élections ont déjà fait plusieurs morts. Retour sur les événements ayant conduit à cette situation.
Pedro Castillo devient président d’un Pérou déjà politiquement “très divisé”
L’ambiance est déjà à la division lors du second tour de l’élection présidentielle au Pérou, en juin 2021. Deux candidats aux antipodes – n’ayant recueilli à eux deux que 32 % des voix au premier tour – se font face : l’instituteur novice Pedro Castillo et l’expérimentée Keiko Fujimori, 45 ans, candidate malheureuse au second tour en 2011 et 2016. Ce scrutin est alors le symbole d'”un pays très divisé”, en proie à une crise politique et sociale, selon Gustavo Pastor, chercheur à l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes.
L’une prône le libéralisme économique, fidèle au courant fujimoriste de son père, l’ex-président Alberto Fujimori (1990-2000). L’autre, syndicaliste qui avait pris en 2017 la tête d’un mouvement de grève des enseignants, préconise un rôle actif de l’État en matière économique, y compris le recours aux nationalisations. Pedro Castillo défend également un changement de Constitution pour mettre fin aux abus du libéralisme. Keiko Fujimori, elle, défend la Constitution actuelle, promulguée par son père en 1993 et favorisant l’économie de marché.
Pedro Castillo est finalement élu puis proclamé nouveau président du Pérou en juillet 2021. Sa rivale pointe d’abord des “indices de fraude”, avant de reconnaître sa défaite. La mission d’observation de l’Organisation des États américains (OEA), les États-Unis et l’Union européenne estiment quant à eux que le scrutin au Pérou a été libre et transparent.
Pedro Castillo promet un pays “sans corruption”… avant d’être visé par six enquêtes judiciaires
Pedro Castillo prête serment en juillet 2021. “Je jure devant les peuples du Pérou, pour un pays sans corruption et pour une nouvelle Constitution”, déclare-t-il alors. Il entend aussi rassurer ses détracteurs, notamment les milieux d’affaires : “Pendant la campagne électorale, on a dit que nous allions exproprier. C’est totalement faux. Nous voulons que l’économie soit en ordre”. (…)
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Au Pérou, les manifestations pro-Castillo s’amplifient et les morts s’accumulent (Juliette Chaignon et Guillaume Gosalbes / Libération / 13 décembre)
Le message à la nation délivré dimanche soir par Dina Boluarte n’aura pas suffi à calmer les esprits. La présidente du Pérou avait pourtant lâché du lest, sous la pression de la rue, en annonçant un projet de loi censé apporter de nouvelles élections anticipées pour avril 2024.
Pas assez pour les manifestants, qui exigent plus : la fermeture du Congrès, une nouvelle Constitution et la libération de Pedro Castillo. Sur les pancartes, les casquettes et t-shirts de la place San Martin, dans le centre-ville de Lima, un même refrain : «Boluarte traîtresse». Aux yeux des manifestants, la nouvelle présidente n’a aucune légitimité. La dirigeante a été désignée par le Congrès mercredi dernier, à la suite de la destitution de Pedro Castillo. «Dina Boluarte ne nous représente pas, elle n’a pas été élue par le vote populaire», proteste Marina Carrero Diaz, assise à l’ombre de la statue qui surplombe la place.
Pour cette femme de ménage de la banlieue de Lima, la solution serait de dissoudre le Congrès. Pour la quinquagénaire, il faut une nouvelle constitution, comme l’avait promis Pedro Castillo durant sa campagne : «Il doit être libéré et revenir au pouvoir pour mettre en place une constituante, pour qu’on ait une nouvelle constitution», croit-elle possible.
«Que se vayan todos» (Qu’ils s’en aillent tous, ndlr), répètent les soutiens de Pedro Castillo dans leur mégaphone. La plupart exigent de nouvelles élections générales. «Mais pas dans deux ans ! En deux ans, ils (le congrès et le gouvernement) auront le temps de tout manigancer en leur faveur», s’inquiète un artiste-peintre liménien dans le cortège. (…)
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Pérou: manifestations meurtrières et appel à la grève nationale (Juliette Chaignon / RFI / 13 décembre)
La nouvelle présidente péruvienne Dina Boularte a beau promettre des élections anticipées pour avril 2024, l’annonce n’a visiblement pas calmé les esprits. Ce lundi, quelque 2 000 protestataires ont envahi l’aéroport d’Arequipa, la deuxième ville du pays.
Cinq personnes sont mortes lundi lors des manifestations dans les régions d’Arequipa et à Chincheros (Sud-Est) portant à sept le bilan total de morts depuis dimanche.
Vers une grève nationale ?
Les manifestants ont bloqué les pistes de décollage et d’atterrissage de l’aéroport international avec des pierres, des bâtons et des pneus enflammés. Un entrepôt a également été incendié. Les protestataires réclament la libération de l’ex-président Pedro Castillo, la dissolution du Congrès et des élections anticipées dès maintenant. La police a tenté de reprendre le contrôle de la situation, mais s’est heurté à la résistance des protestataires.
La société d’exploitation Aeropuertos Andinos del Perú a évacué l’ensemble du personnel et des passagers et a annoncé la fermeture complète de l’aéroport d’Arequipa jusqu’à nouvel ordre. Ailleurs dans le pays aussi, les manifestations se multiplient. Ce lundi, plusieurs grands axes routiers étaient bloqués, dont la Panaméricaine. Et les syndicats agraires et organisations paysannes et indigènes appellent à une grève nationale à partir de ce mardi. (…)
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Au Pérou, au moins sept morts en deux jours lors de violentes manifestations (France 24 / 12 décembre)
Quelque 2 000 manifestants ont bloqué, lundi, les activités de l’aéroport d’Arequipa, deuxième plus grande ville du Pérou, alors que le pays est secoué par de violentes manifestations qui ont déjà fait au total sept morts en quarante-huit heures.
Deux morts lors des manifestations contre la nouvelle présidente (Le Monde / AFP / 12 décembre)
Dans un pays secoué par des manifestations grandissantes qui ont fait deux morts dimanche 11 décembre, la présidente Dina Boluarte – vice-présidente jusqu’à son investiture le 7 décembre, après la destitution du président Pedro Castillo – a annoncé qu’elle présenterait au Parlement un projet de loi visant à avancer les élections de 2026 à avril 2024.
Deux personnes sont mortes et cinq personnes au moins ont été blessées dimanche. « J’exhorte la population à rester calme », a déclaré le ministre de l’intérieur, César Cervantes, à la radio RPP. Le Pérou est plongé dans la crise depuis le coup d’Etat manqué et l’arrestation de l’ancien président Pedro Castillo, la semaine dernière.
Affrontements violents
Signe de la tension qui monte : une séance au Congrès sur la situation dans le pays a été suspendue après des incidents. Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent un homme donner un coup de poing par-derrière à un autre dans une allée de l’hémicycle puis une bousculade au centre de celle-ci, sans qu’il soit possible d’en connaître la cause. La séance était toujours suspendue dimanche en début de soirée.
Les protestations se sont multipliées à travers le pays ce week-end, notamment dans les villes du Nord et des Andes. Des milliers de personnes se sont mobilisées dans les rues de Cajamarca, Arequipa, Tacna, Andahuaylas, Cusco et Puno, réclamant la libération de l’ancien chef de l’Etat et de nouvelles élections et appelant à une grève nationale. (…)
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Pérou : deux morts dans les manifestations, la présidente veut avancer les élections (France 24 / 12 décembre)
Sous pression de la rue, la présidente péruvienne Dina Boluarte a annoncé qu’elle allait présenter un projet de loi visant à avancer les élections de 2026 à avril 2024 alors que le pays est secoué par des manifestations qui ont fait deux morts dans la journée.
Pérou: la nouvelle présidente annonce son gouvernement, le mécontentement enfle (RFI / 11 décembre)
La nouvelle présidente du Pérou Dina Boluarte a annoncé ce samedi 10 décembre son gouvernement, alors que le mécontentement grandit dans les rues. Des partisans du président destitué Pedro Castillo réclament sa libération et de nouvelles élections.
Le nouveau gouvernement compte 19 ministres, dont 8 femmes. L’ancien procureur spécialisé dans la lutte contre la corruption, Pedro Angulo, également avocat, a été nommé Premier ministre. Le choix d’un centriste semble une tentative de sortir de l’impasse politique.
Ancien procureur anti-corruption, l’homme politique centriste avait quitté le Ministère public il y a dix ans, accusé de harcèlement sexuel, rapporte notre correspondante à Lima, Juliette Chaignon.
Samedi, dans son discours, Dina Boluarte a insisté sur la corruption. Elle a fait jurer ses ministres de ne pas commettre de tels actes, alors que l’ancien président Castillo en est accusé dans six enquêtes.
Le portefeuille des Affaires étrangères est revenu à l’ambassadrice Ana Cecilia Gervasi, et celui de l’Économie à Alex Contreras. L’avocat Luis Alberto Otárola, ministre de la Défense pendant le mandat du président Ollanta Humala (2011-2016), a de nouveau été désigné à ce poste. Les titulaires des portefeuilles du Travail, des Transports et des Communications n’ont pas encore été nommés. (…)
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– Au Pérou, un nouveau gouvernement nommé sous haute tension après la chute de Pedro Castillo (Amanda Chaparro / Le Monde / 12 décembre)
– Pérou : après la chute du président Castillo, «le Parlement reste le même et la droite va essayer de destituer sa successeuse» (Benjamin Delille / Libération / 9 décembre)