🇪🇨 Crise sécuritaire en Équateur : quelques analyses


Depuis mardi 9 janvier, l’Équateur est en situation de « conflit interne armé », selon les mots de son président Daniel Noboa, qui a déclaré l’état d’urgence pour deux mois. La crise sécuritaire que traverse l’Équateur est le fruit d’un changement de contexte régional, d’une croissance de la demande de cocaïne, mais aussi de lourdes erreurs politiques.

En moins de dix ans, ce pays jadis tranquille est devenu le champ de bataille de gangs ultraviolents et le principal point d’exportation de la cocaïne produite au Pérou et en Colombie. Les assassinats dans les rues ont augmenté de 800% entre 2018 et 2023, passant de 6 à 46 pour 100.000 habitants. En 2023, 7.800 homicides ont été comptabilisés et 220 tonnes de drogues saisies. Cette situation illustre le manque de solutions de plusieurs États de la région face à la toute-puissance des cartels de drogue. Quelques analyses.


Équateur : une plongée rapide dans le chaos criminel (Entretien avec Michel Gandilhon, membre du conseil d’orientation scientifique de l’Observatoire des criminalités internationales (ObsCI) / IRIS)

En ce début d’année 2024, l’histoire s’accélère en Amérique latine, région en proie depuis des décennies à une hyperviolence, qui vient rappeler l’impact géopolitique et pas seulement sécuritaire des organisations criminelles quand elles atteignent un seuil de développement critique. Depuis des décennies, le monopole de la violence légitime d’un nombre de plus en plus croissant d’États y est battu en brèche par une myriade de groupes – gangs, cartels, guérillas, paramilitaires, etc – constituant une menace existentielle pour la vie démocratique. Le basculement du domino équatorien, jusque-là récemment relativement épargné par ces phénomènes, liés notamment aux trafics de drogues, que l’on voit quotidiennement au Mexique, au Venezuela ou encore en Colombie, en fournit une énième illustration tragique.

Des membres des forces armées patrouillent dans une rue de Quito, le 10 janvier 2024. © Photo Stringer / AFP

En l’espace d’une dizaine d’années, le pays est devenu un espace de transit majeur de la cocaïne produite en Colombie en direction des États-Unis, de l’Europe et, dans une moindre mesure, de l’Asie. Encerclé par les deux plus grands producteurs de cocaïne au monde, doté d’une façade sur le Pacifique qui ouvre vers l’Asie à l’ouest, le corridor centre-américain  ̶  lui donnant accès à l’Europe via le canal de Panama   ̶   et les États-Unis au nord, l’Équateur était malheureusement condamné par sa géographie à attirer les convoitises d’organisations criminelles en quête incessante de nouvelles routes. Ainsi, Guayaquil, classé dans le top 100 des plus grands ports en matière de marchandises transportées, est devenu, comme le reste du pays, le théâtre d’une guerre de gangs pour le contrôle des docks. S’il est probablement encore trop tôt pour parler d’État failli, l’arrière-fond des multiples crises d’ordre à la fois politique, sociale et sécuritaire que rencontre le pays depuis quelques années fait craindre une « mexicanisation », dont on sait qu’une fois entamée il est très difficile de sortir. Plus que jamais, pour reprendre le titre d’un ouvrage désormais classique d’Eduardo Galeano, les veines de l’Amérique latine sont ouvertes. Une leçon à méditer pour l’Europe.

Entretien avec Michel Gandilhon, membre du conseil scientifique de l’Observatoire des criminalités internationales de l’IRIS (ObsCi), expert associé au département sécurité-défense du Conservatoire national des Arts et métiers (CNAM).

Cette violence vient de relativement loin. Il est erroné de dire en effet que l’Équateur était épargné par le narcotrafic. Depuis une quarantaine d’années, ce pays est pleinement inséré dans la division régionale du travail liée à la production de cocaïne. Dans les années 1980, il était un espace de transit pour la pâte-base qui alimentait depuis le Pérou les laboratoires de production situés en Colombie. Depuis une quinzaine d’années, le pays est considéré comme un espace de transit majeur de la cocaïne vers les États-Unis, l’Europe et dans une moindre mesure l’Asie. En attestent les saisies, déjà conséquentes, enregistrées au début de la décennie 2010 : en 2012 quelque 42 tonnes de stupéfiants, principalement de la cocaïne, contre 26 tonnes en 2011 et 18 tonnes en 2010. En 2009, un record de 68 tonnes saisies avait même été atteint. À cette époque, la situation colombienne affectait déjà fortement le pays. Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) utilisaient l’Équateur, avec l’acquiescement du pouvoir politique alors en place, comme une base de repli. Leur numéro 2, Raul Reyes, avait été tué en 2008 lors d’un bombardement aérien de l’armée colombienne. Ce qui avait déclenché d’ailleurs une crise régionale intense marquée par la rupture des relations diplomatiques et la mobilisation de l’armée aux frontières. Ce conflit avait pour arrière-fond un clivage idéologique profond entre la présidence Correa, qui avait rejoint le bolivarisme chavezien et celle d’Uribe fermement proaméricaine. Sur le plan du crime organisé, le trafic de cocaïne était largement contrôlé par un gang dominant, les Choneros formés dans années 1990, en compétition avec d’autres groupes comme les Cubanos et les Lagartos. Mais l’impact en termes de sécurité publique restait gérable pour l’État. En outre, depuis la dollarisation de l’économie survenue en 2000, l’Équateur est une zone de blanchiment des capitaux illégaux issus du trafic de drogues.

Des facteurs externes, tout d’abord avec l’explosion de la production de la cocaïne en Colombie. En dix ans elle a sextuplé pour atteindre un niveau jamais atteint, avec plus de 1700 tonnes en 2022, d’après les dernières données de l’Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Or une partie significative de la production de coca intervient dans les départements du Putumayo et du Narino, situés à la frontière nord de l’Équateur. On estime qu’un tiers de la cocaïne colombienne passe par le pays pour rejoindre la grande cité portuaire de Guayaquil (2,8 millions d’habitants). De là, la cocaïne est exportée directement vers le Mexique ou via l’Amérique centrale et vers l’Europe, où les saisies en provenance de l’Équateur explosent. Les saisies en Équateur également : 82 tonnes en 2019 ; 128 tonnes en 2020 ; 210 tonnes en 2021 ; 201 tonnes en 2022 ; et 220 tonnes en 2023.

Les facteurs internes sont liés à la reconfiguration du crime organisé local. L’organisation jusqu’alors dominante, les Choneros, est contestée depuis l’assassinat de son chef en 2020 par un autre groupe, les Lobos, qui ont réussi à fédérer d’autres bandes comme les Tiguerones et les Chone killers. Cette fédération s’appelle d’ailleurs Nueva Generacion (NG) comme le cartel mexicain éponyme avec lequel elle est en relation. Précisons au passage que le Cartel Jalisco Nueva Generacion (CJNG) est une scission hostile du cartel de Sinaloa et le produit d’une sorte de fusion acquisition avec le cartel de Tijuana. NG est aussi allié avec un front dissident des FARC, l’ex 48e front et des rescapés des groupes paramilitaires, qui ont formé une alliance baptisée Commandos de la Frontera, très active dans le sud-ouest de la Colombie et notamment dans le département du Putumayo. Du côté des acheteurs européens, NG a tissé des liens avec les groupes criminels des Balkans, serbes, monténégrins et surtout albanais.

Les deux groupes dès lors se font la guerre, que ce soit dans les prisons et sur les territoires stratégiques du trafic, singulièrement de Guayaquil qui concentre 40 % des 18 000 homicides du pays.

Dramatique. La rapidité de la dégradation est déconcertante. En l’espace de cinq ans, au point de vue sécuritaire, on est passé d’une situation proche de celle des USA à celle du Mexique. En pire si l’on regarde les taux d’homicides. En 2023, l’Équateur, avec 7 800 morts, est devenu probablement le premier pays d’Amérique latine pour le taux d’homicides, loin devant le Mexique et la Colombie (respectivement 25 et 26 pour 100 000 habitants en 2022). Les homicides ont augmenté de près de 800 % entre 2018 et 2023, passant de 6 à 46 pour 100 000 habitants. Les prisons sont le théâtre de massacres récurrents entre bandes rivales. Depuis février 2021, il y en a eu au moins une douzaine, qui ont fait plus de 460 morts parmi les détenus. Les autorités se sont révélées jusqu’à présent incapables d’en reprendre fermement le contrôle. Il n’est pas exagéré de parler de mexicanisation du pays. Les Lobos (8000 membres) qui sont en train de gagner la guerre sont clairement en voie de cartellisation : ils s’attaquent d’ailleurs à d’autres secteurs d’activités, comme l’exploitation minière illégale. Ils adoptent les méthodes terroristes des cartels : pendaisons publiques de cadavres, meurtres de journalistes et de policiers. Jusqu’à l’assassinat de membres de la classe politique. En juillet 2023, Agustán Intriago, maire du deuxième port du pays, Manta, et résolument hostile au crime organisé, a été assassiné. Tout comme un candidat aux élections municipales de février près du grand port de Guayaquil, parmi bien d’autres, jusqu’au candidat à la présidence de la République, Fernando Villavicencio, en août dernier. Ce qui fait aussi penser à la Colombie des années 1990 avant la chute de Pablo Escobar. (…)

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Les narcos peuvent-ils prendre le pouvoir en Équateur ? (Les mardis de l’IRIS / Pascal Boniface / Christophe Ventura)

Pourquoi une telle dégradation de la situation sécuritaire en Équateur? Qu’en est-il du phénomène du narcotrafic dans ce pays et en Amérique latine ? L’éclairage de Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS en charge du Programme Amérique latine/Caraïbe.

Émission de l’IRIS

Comment l’Équateur a sombré dans le combo cartels, cocaïne et armes à feu (Cécile de Sèze / 20 minutes)

Des images de chaos dans les rues équatoriennes. Après l’évasion du narcotrafiquant Fito et la spectaculaire prise d’otages en direct sur un plateau télévisé, l’Équateur a basculé dans un « conflit armé interne », a déclaré mardi 9 janvier son président Daniel Noboa. Pourtant, il y a moins de dix ans, le pays était encore paisible, comparable à une oasis de tranquillité au milieu du violent désordre semé par les narcotrafiquants au Mexique et en Colombie voisine.

Des soldats patrouillent le périmètre de la prison Inca pendant l’état d’urgence à Quito, en Équateur, le mardi 9 janvier 2024, à la suite de l’évasion de Fito, un puissant chef de gang de la prison. Photo : Dolores Ochoa /AP / SIPA

Comment les villes équatoriennes et leurs banlieues ont-elles été à leur tour gangrenées par l’argent sale de la drogue et la violence des armes à feu, et surtout en si peu de temps ? De nombreux facteurs se rejoignent pour expliquer ce renversement. Parmi eux, ce constat établi par Christophe Ventura, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste de l’Amérique latine sur le problème de la guerre contre la drogue : « Le mal s’aggrave à mesure qu’on lutte contre lui. »

Rien de nouveau sous le soleil de l’Amérique latine. La drogue, son trafic, ses cartels, ses armes empoisonnent la région depuis des décennies. Mais si les assassinats dans les rues ont augmenté de 800 % entre 2018 et 2023 en Équateur, c’est parce que le pays, épargné jusqu’ici par le crime organisé, est devenu le principal point d’exportation de la cocaïne d’une part vers les États-Unis et d’autre part vers l’Europe.

« Un phénomène qui remonte à cinq ou six ans », explique Christophe Ventura, encouragé par plusieurs éléments qui en font un territoire de choix pour les narcotrafiquants : la dollarisation des années 2000 a facilité le blanchiment d’argent et y a attiré les acteurs du crime organisé, un emplacement géographique frontalier avec la Colombie, premier producteur de cocaïne, et le Pérou, deuxième pays producteur du stupéfiant, selon les données de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) qui en fait le hub de mise en circulation du psychotrope et, enfin, le développement d’une dizaine de groupes sous-traitants contrôlés par des cartels mexicains poussés à élargir leur territoire d’activités par les politiques de guerre contre la drogue.

Après la crise économique qui a touché l’Équateur à partir de 2016, la politique drastique d’austérité mise en place par Lenín Moreno – jusqu’à la suppression du ministère de la Justice – a mis en berne les services publics, rappelle Lucie Laplace, chercheuse en science politique à l’université Lyon-2 et au laboratoire Triangle. Une aubaine pour les narcotrafiquants qui ont su profiter « du dépérissement des services de sécurité, notamment la police » et qui sont venus boucher les trous, développe Christophe Ventura. Et la crise sanitaire du Covid-19 a été un accélérateur du délabrement des services de l’État. « Les narcotrafiquants sont alors devenus des criminels protecteurs qui pallient l’absence des politiques publiques, pointe encore le directeur de recherche. En offrant du travail, en garantissant la sécurité, ils ont, de fait, remplacé l’État. » (…)

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Équateur : Los Choneros contre Los Lobos… ou les « gangs of thrones » de la cocaïne (Cécile de Sèze / 20 minutes)

Deux principales fédérations de gangs criminels liées au trafic de cocaïne sévissent en Équateur où les assassinats dans les rues ont augmenté de 800 % entre 2018 et 2023.

Une peinture murale sur un mur de la prison Guayas 1 à Guayaquil, Équateur. Photo : Stringer / AFP

L’ego, l’argent, les armes. Trois éléments explosifs au fondement des rivalités entre les gangs criminels. L’Equateur ne fait pas exception. S’il y a, selon les experts, une vingtaine de groupes liés au crime organisé qui sévissent dans le pays, deux principaux se disputent aujourd’hui le trône de fer de la cocaïne. La ville de Guayaquil, port stratégique dans l’export de la drogue livrée depuis la Colombie et le Pérou voisins, est devenue le hub principal d’Amérique latine pour l’exportation de drogues.

Avec l’explosion de la consommation et de la production de cocaïne, l’Equateur a vu son niveau d’insécurité exploser jusqu’à « la mobilisation et l’intervention des forces armées et de la police nationale » décrétée par le président Daniel Noboa mardi. Le résultat d’une guerre sans merci entre Los Choneros et Los Lobos pour devenir les rois de la coke.

Aujourd’hui, les Lobos semblent dominer le jeu de la drogue. Pourtant, ils ne sont au départ qu’une émanation des Choneros. Ces derniers ont été créés en 1998, selon Lucie Laplace, chercheuse en science politique à l’université Lyon-2 et au laboratoire Triangle. « Il s’agit au départ d’une bande de délinquants, de petits trafiquants de drogue » qui ont saisi des opportunités de développement plus ambitieuses en « collaborant avec des cartels mexicains mais aussi d’anciens membres dissidents des Farc colombiennes,  notamment le Frente Oliver Sinistera », explique encore notre chercheuse. « En raison de la fragmentation du paysage criminel à la suite de la démobilisation des Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia (Farc) en 2016, [le trafic de cocaïne] implique désormais des groupes criminels de toutes tailles, structures et objectifs », note en effet l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC).

Los Choneros monteront alors en puissance, soutenus par le cartel mexicain Sinaloa. Ce dernier est forcé de diversifier son activité, principalement d’un point de vue géographique, poussé à élargir son territoire par la lutte armée engagée par l’armée colombienne et les États-Unis contre la drogue. Los Choneros prospèreront ainsi sur la côte équatorienne, géographiquement stratégique dans l’import-export de la cocaïne depuis la Colombie et vers les Etats-Unis et l’Europe. Mais plus il devient important, plus le gang est le théâtre de rivalités internes. C’est après l’assassinat du chef Jorge Luis Zambrano Gonzalez, dit Rasquiña, en 2020 que certains membres vont ainsi quitter la formation pour créer « une fédération de groupes criminels Nueva Generacion, dont l’organisation dominante s’appelle Los Lobos », précise Michel Gandilhon, chercheur associé au Conservatoire national des arts et métiers, au département sécurité défense. 

Los Lobos vont finalement trouver le soutien d’un autre cartel mexicain : Jalisco Nueva Generación. Ce dernier étant le principal rival de Sinaloa au Mexique, et partout où ils sont implantés. Cette opposition va logiquement se développer en Equateur : « la rivalité des deux gangs y est une manifestation de cette rivalité entre cartels », résume Lucie Laplace. Désormais, ces formations de groupes criminels telles que les Lobos et les Choneros « ressemblent de plus en plus à celles des cartels mexicains, en ce sens qu’ils forment une alliance de différents gangs avec toujours l’un d’eux qui domine », développe Michel Gandilhon. (…)

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L’Équateur au défi du crime organisé (éditorial Le Monde)

Le pays d’Amérique du Sud, qui a longtemps fait figure de havre de paix dans une région tourmentée, est devenu une proie des cartels de la drogue. Des réponses étroitement nationales sont illusoires. L’Equateur a besoin d’une aide sécuritaire à l’échelle du continent.

Des policiers interviennent à la télévision TC après une intrusion d’hommes armés en pleine émission, à Guayaquil en Équateur le 9 janvier 2024 / AFP/ Stringer

L’Équateur est-il en passe de devenir un Etat failli ? La question se pose plus que jamais, depuis la déferlante de violences qui a suivi l’évasion d’un baron du crime, Adolfo Macias, alias « Fito », révélée le 7 janvier, du centre de détention de haute sécurité où il purgeait une peine de trente-quatre ans de prison. Adolfo Macias était soupçonné d’avoir ordonné l’assassinat, le 9 août 2023, d’un candidat à l’élection présidentielle, Fernando Villavicencio, qui dénonçait la corruption et le poids gran­dissant des cartels de la drogue. Cette exécution constituait déjà un signal alarmant de la dérive équatorienne.

Face à une vague de mutineries dans les prisons, à une spectaculaire prise d’otages en direct sur un plateau de la télévision publique et aux meurtres et aux enlèvements de membres de forces de sécurité, le président Daniel Noboa a estimé le 9 janvier que le pays faisait face à un « conflit armé interne ». Il a ordonné la « neutralisation » des groupes criminels, mais en a-t-il les moyens ?

L’Équateur, qui a longtemps fait figure de havre de paix dans une région tourmentée, est devenu une proie pour le crime organisé, à la faveur de la réorientation du trafic de la cocaïne produite chez ses voisins vers ses ports donnant sur le Pacifique. Mais l’essor de gangs locaux, l’irruption des cartels mexicains, qui y ont transposé leurs guerres meurtrières pour le contrôle de ce marché, comme l’arrivée de la mafia albanaise ont aussi été facilitées par une série d’initiatives funestes dont les Equatoriens paient aujourd’hui le prix.

De la décision du président Rafael Correa (2007-2017) de mettre en concession les ports équatoriens à celle de son successeur, Lenin Moreno (2017-2021), de supprimer le ministère de la justice et de confier à une agence qui en a rapidement perdu le contrôle un système carcéral théâtre de plus de 400 assassinats au cours des trois dernières années, tout semble avoir été involontairement fait pour faciliter l’ancrage du crime. Ce dernier a bénéficié en outre de difficultés économiques lancinantes, accentuées par la pandémie de Covid-19 et par des politiques réduisant fortement les dépenses sociales, sur fond de dette abyssale. (…)

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Infographie (Le Monde)


Voir également ces articles réservés aux abonné.es :
Comment l’Équateur a basculé dans le chaos (Romaric Godin / Médiapart)
Pour l’ancien ministre de l’économie : « L’Équateur est un véritable paradis pour la criminalité internationale » (Luis Reygada / L’Humanité)

Trafic de drogue : «L’Equateur est devenu le maillon le plus important dans la chaîne de commercialisation de la cocaïne» (Benjamin Delille / Libération)
En Équateur, le président Daniel Noboa déclare la guerre aux gangs (Angeline Montoya / Le Monde)


Voir également nos revues de presse :
Équateur en état d’urgence et de «conflit armé interne» (revue de presse et premières analyses) (10 janvier 2024)

Équateur : crise sécuritaire. Le point sur la situation (revue de presse) (16 janvier 2024)