🇪🇨 Équateur en état d’urgence et de «conflit armé interne» (revue de presse et premières analyses)


Depuis l’évasion le 7 janvier d’un chef de gang lié au narcotrafic, qui a déclenché des mutineries et des prises d’otages, l’Équateur, jadis réputé pour sa tranquillité,  est en proie à une crise sécuritaire sans précédent. L’état d’urgence a été décrété pour soixante jours dans tout le pays qui a été déclaré en état de «conflit armé interne». 

Après l’évasion d’Adolfo Macias, chef du plus grand gang criminel, et des soulèvements dans des prisons en Équateur, le président Daniel Noboa a décrété, lundi 8 janvier 2024, l’état d’urgence dans le pays. L’armée peut opérer dans les rues et les établissements pénitentiaires. Un couvre-feu a été institué. Le lendemain, des hommes armés et encapuchés faisaient irruption en direct dans le studio principal de la chaîne de télévision TC à Guayaquil et prenaient en otage le personnel. L’Équateur a été déclaré en état de «conflit armé interne» : il vit une des pires périodes d’insécurité de son histoire récente. Revue de presse.

Équateur, le 8 janvier 2024: déploiement de forces de sécurité devant la prison El Inca de Quito d’où s’est évadé Jose Adolfo Macias, dit Fito, le chef du gang mafieux des Choneros. REUTERS – Karen Toro

L’Équateur face aux gangs du narcotrafic : «C’est un pourrissement de la situation» (Entretien avec Jean-Jacques Kourliandsky / France 24) 

Tirs en direct sur un plateau de télévision, gardiens de prison ou policiers pris en otages, écoles et magasins fermés: l’Équateur est plongé, selon son président, dans un «conflit armé interne» avec les gangs de narcotrafiquants qui a déjà fait au moins dix morts. M. Noboa, 36 ans, plus jeune président de l’histoire du pays et élu en novembre sur la promesse de rétablir la sécurité, avait décrété lundi l’état d’urgence pour soixante jours dans tout le pays, au lendemain de l’évasion d’un chef de gang redouté.

Le décryptage de Jean-Jacques Kourliandsky, directeur de l’Observatoire de l’Amérique latine pour la Fondation Jean Jaurès.

Analyse de Jean-Jacques Kourliandsky / France 24

Équateur : prise d’otage en direct et crise sécuritaire sans précédent (France 24)

Le président de l’Équateur Daniel Noboa a déclaré mardi son pays en état de «conflit armé interne» et ordonné la «neutralisation» des groupes criminels impliqués dans le narcotrafic, au troisième jour d’une crise sécuritaire sans précédent qui a fait au moins dix morts. Des hommes armés ont fait irruption sur le plateau d’une télévision publique dans la ville portuaire de Guayaquil, prenant brièvement en otage des journalistes et des employés de la chaîne.

Reportage de France 24

Reportage de France 24

Équateur : les narcos ont pénétré la justice, la politique, l’administration pénitentiaire (France 24)

Dans un décret signé mardi, le chef de l’État a reconnu «l’existence d’un conflit armé interne» et ordonné «la mobilisation et l’intervention des forces armées et de la police nationale (…) pour garantir la souveraineté et l’intégrité nationale contre le crime organisé, les organisations terroristes et les belligérants non-étatiques».

Après avoir déjà décrété l’état d’urgence lundi, Daniel Noboa, trente-six ans, plus jeune président de l’histoire du pays, a ordonné cette fois la «neutralisation» de tous ces groupes criminels, dont il a fourni une liste exhaustive, tout en soulignant la nécessité pour les forces armées d’agir «dans le respect des droits de l’Homme».

Ces bandes criminelles, pour la plupart de simples gangs de rues il y a encore quelques années, sont devenus les acteurs sanglants du narcotrafic aux tentacules internationales, à mesure que l’Équateur s’est imposé comme le principal point d’exportation de la cocaïne produite au Pérou et en Colombie voisines. Autrefois un havre de paix, le pays est aujourd’hui ravagé par la violence de ces gangs.

Ennemi public numéro un, le chef des Choneros (l’un de ces gangs comptant environ 8.000 hommes, selon les experts), Adolfo Macias, alias «Fito», s’est volatilisé dimanche de la prison de Guayaquil (sud-ouest). Mardi, un des chefs de Los Lobos, autre puissant gang de narcotrafiquants, s’est lui aussi évadé.

Le Pérou voisin a par ailleurs annoncé mardi soir avoir déclenché l’état d’urgence dans l’ensemble des régions frontalières de l’Equateur, longue de plus de 1.400 kilomètres, et qu’il va renforcer la surveillance en envoyant des effectifs policiers et militaires supplémentaires.

De son côté, la Chine a interrompu mercredi les activités consulaires de son ambassade en Équateur ainsi que celles de son consulat. «La réouverture au public sera annoncée en temps voulu», précise l’ambassade dans un communiqué en espagnol publié sur le réseau social chinois WeChat.

Dernier et spectaculaire épisode, des hommes armés ont fait irruption mardi après-midi sur le plateau d’une télévision publique à Guayaquil, prenant brièvement en otage des journalistes et des employés de la chaîne. (…)

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Équateur : le président Daniel Noboa déclare son pays en état de « conflit armé interne »

Des hommes armés ont fait irruption en direct sur le plateau d’une télévision publique, mardi après-midi, avant d’être arrêtés. Depuis dimanche et l’évasion de prison d’un des principaux narcotrafiquants du pays, mutineries et prises en otage de gardiens se multiplient. Au moins dix morts, dont deux policiers, sont à déplorer.

Des soldats équatoriens devant les locaux de la chaîne TC Televisión après que des hommes armés ont fait irruption dans les studios, à Guayaquil, le 9 janvier 2024. MARCOS PIN / AFP

Des hommes armés et cagoulés ont fait irruption, mardi 9 janvier dans l’après-midi, sur le plateau de TC Television, une chaîne publique à Guayaquil (sud-ouest de l’Equateur), prenant en otage des journalistes et d’autres employés, selon les images diffusées en direct par cette chaîne. Les motivations des assaillants sont, pour l’heure, inconnues.

« Ne tirez pas, s’il vous plaît, ne tirez pas ! », crie une femme pendant que des coups de feu retentissent, tandis que les assaillants, munis de pistolets, fusils à pompe et, pour certains, de grenades, forcent les personnes présentes, terrorisées, à se mettre au sol. « Grâce à l’intervention [dans les locaux] de TC Television, nos unités de police ont réussi jusqu’à présent à arrêter plusieurs sujets et [à saisir des] éléments de preuves liés au crime », a communiqué la police équatorienne sur X, après avoir déclaré qu’une évacuation des travailleurs de la chaîne de télévision était en cours.

Sur les images diffusées, l’un des assaillants est encagoulé, d’autres portent capuches ou casquettes. D’autres encore ont le visage découvert ou se filment avec leur téléphone portable, tandis que plusieurs d’entre eux forment avec les doigts des deux mains les habituels signes de reconnaissance des bandes criminelles liées au narcotrafic qui font régner la terreur en Equateur. Des plaintes sont audibles en bruit de fond.

Au milieu des coups de feu, la diffusion de ces images surréalistes s’est poursuivie en direct pendant de longues minutes. Jusqu’à, apparemment, l’intervention des forces de l’ordre, aux cris de « Police ! Police ! ». Personne n’a semble-t-il été tué ou blessé dans le raid, et treize assaillants ont été interpellés, a indiqué la police.

Dans le même temps, le président de l’Équateur, Daniel Noboa, a déclaré son pays en état de « conflit armé interne », au troisième jour d’une crise sécuritaire sans précédent. Daniel Noboa a ordonné la « neutralisation » des groupes criminels impliqués dans le narcotrafic, dont il a fourni une liste exhaustive, tout en soulignant la nécessité pour les forces armées d’agir « dans le respect des droits de l’homme », selon un décret rendu public mardi. Ce texte présidentiel ordonne « la mobilisation et l’intervention des forces armées et de la police nationale (…) pour garantir la souveraineté et l’intégrité nationale contre le crime organisé, les organisations terroristes et les belligérants non étatiques ».

Des policiers équatoriens et des suspects arrêtés après l’assaut dans les studios de la chaîne équatorienne TC Televisión, à Guayaquil, le 9 janvier 2024, alors que le président a déclaré l’état d’urgence. STRINGER / AFP

Avec ce nouvel incident retentissant sur le plateau de TC Television, culmine une crise sécuritaire que rien ne semble pouvoir endiguer. Selon un premier bilan de la police mardi soir, les violences ont fait au moins dix morts. Huit morts et trois blessés ont été recensés dans la ville portuaire de Guayaquil (sud-ouest), fief des gangs de narcotrafiquants, a déclaré un chef de la police locale lors d’une conférence de presse. La police a indiqué sur le réseau social X que deux agents avaient également été « vicieusement assassinés par des criminels armés » dans la ville voisine de Nobol.

Mardi soir, le chef de la diplomatie américaine pour l’Amérique latine, Brian Nichols, a, lui, déclaré sur X que les États-Unis étaient « extrêmement préoccupés par la violence » et que son administration était « en contact étroit avec le président Noboa et le gouvernement équatorien (…), prêt à fournir de l’assistance ». Le Brésil, le Chili, la Colombie et le Pérou – qui a déclenché l’état d’urgence dans l’ensemble des régions frontalières de l’Equateur – ont également exprimé leur soutien à Quito, disant leur rejet de la violence. La Chine a, elle, annoncé suspendre les activités consulaires de son ambassade en Equateur ainsi que celles de son consulat.

Ces trois derniers jours ont été marqués notamment par l’évasion de dangereux chefs de gangs, des mutineries en cascade dans les prisons, la proclamation de l’état d’urgence et l’enlèvement de policiers. « Ce sont des jours extrêmement difficiles », l’exécutif ayant pris « la décision importante de lutter de front contre ces menaces terroristes », a commenté mardi le secrétaire à la communication de la présidence, Roberto Izurieta.

Les images diffusées sur les réseaux sociaux ces derniers jours, difficiles à vérifier, donnent une idée de ces violences et alimentent l’impression d’un chaos qui s’installe progressivement dans certaines localités du pays : attaques au cocktail Molotov, voitures incendiées, tirs au hasard sur des policiers, scènes de panique… Dans le grand port de Guayaquil, de nombreux établissements hôteliers et restaurants ont fermé leurs portes au public, tandis que des véhicules de l’armée patrouillent dans les rues. Dans la capitale Quito, magasins et centres commerciaux fermaient également prématurément. Le ministère de l’éducation a ordonné dans la soirée la fermeture provisoire de toutes les écoles du pays. (…)

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L’Équateur en proie au chaos des gangs de narcotrafiquants, l’état d’urgence décrété (Hayet Kechit et Luis Reygada / L’Humanité)

Après six ans de descente aux enfers résultat d’un démantèlement de l’État orchestré par les conservateurs, le pays sud-américain est en proie à une crise sécuritaire sans précédent. 

Des soldats équatoriens arrivent à la prison de Guayaquil, le 7 janvier 2024. Vicente Gaibor del Pino / REUTERS

Une prise d’otages en direct sur le plateau d’une télévision publique par des hommes encagoulés et armés de pistolets, de fusils à pompe et de grenades, frappant et forçant les journalistes et les autres employés de la chaîne terrorisés à se mettre au sol. La prise d’otages surréaliste qui s’est produite mardi après-midi à Guayaquil (sud-ouest de l’Équateur) marque le paroxysme de la crise sans précédent à laquelle le pays est en proie depuis trois jours. 

Si l’incertitude demeure encore autour de cette irruption spectaculaire et violente, après l’intervention apparente de la police au milieu des coups de feu et des cris, l’événement est clairement attribué aux bandes criminelles liées au narcotrafic, à l’origine de cet état de chaos inédit en Équateur. 

L’évasion de prison, le 7 janvier, d’Adolfo Macias, alias « Fito », le chef du plus grand gang criminel lié au trafic de drogue (environ 8 000 hommes), considéré comme très dangereux, et les soulèvements qui ont suivi dans plusieurs prisons ont fait basculer le pays dans une spirale de violences que rien ne semble pouvoir endiguer.  

Mutineries en cascades, prises d’otages, enlèvement de civils et de policiers, exécutions sommaires, le tout relayé par d’effrayantes vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrant les captifs menacés par les couteaux de détenus masqués ont conduit le président Daniel Noboa à proclamer dès le lendemain l’état d’urgence pendant 60 jours dans tout le pays. L’armée est ainsi autorisée à assurer le maintien de l’ordre dans les rues (avec un couvre-feu nocturne) et les prisons. 

Le chef d’État, un multimillionnaire âgé de 36 ans, élu en octobre dernier sur un programme néolibéral, a par ailleurs déclaré son pays en état de « conflit armé interne » et ordonné la « neutralisation » des groupes criminels impliqués dans le narcotrafic, ainsi que « la mobilisation et l’intervention des forces armées et de la police nationale (…) pour garantir la souveraineté et l’intégrité nationale contre le crime organisé, les organisations terroristes et les belligérants non-étatiques ». 

Devenu depuis quelques années une importante plaque tournante régionale du trafic de cocaïne, notamment en direction des États-Unis et de l’Europe, le pays a basculé dans une violence inouïe, miné par les exactions de bandes criminelles chevillées à de puissants cartels colombiens et mexicains, se disputant le contrôle du territoire et les trafics en tout genre. (…)

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Comunicado de la CONAIE


Más informaciones en español : Crisis de inseguridad en Ecuador


Contrôle de sécurité près de la prison de Guayaquil, en Équateur, le 14 avril 2023.  REUTERS – Vicente Gaibor del Pino

Pour rappel, voir :
Équateur: le nouveau président abroge la dépénalisation de la possession de drogue (RFI) (novembre 2023)
Néolibéralisme autoritaire et narcotrafic : l’Équateur au bord du gouffre? (Vincent Arpoulet / Le vent se lève) (octobre 2023)
Équateur. Vers le deuxième tour de la présidentielle sous état d’urgence (revue de presse) (octobre 2023)
La crise en Équateur ne se termine pas avec les élections (Santiago Ortiz Crespo / Jacobin América Latina / Traduction Contretemps) (septembre 2023)
Équateur : douze morts dans des affrontements dans une prison de Guayaquil (Le HuffPost avec AFP / RFI) (avril 2023)
Équateur : état d’urgence après une flambée de violence (Le Monde / TV5) (novembre 2022)