🇪🇨 Équateur : crise sécuritaire. Le point sur la situation (revue de presse)


Face à une vague de mutineries dans les prisons, à une spectaculaire prise d’otages en direct sur un plateau de la télévision publique et aux meurtres et aux enlèvements de membres de forces de sécurité, le président Daniel Noboa a estimé le 9 janvier que le pays faisait face à un « conflit armé interne ». Il a décrété l’état d’urgence pour soixante jours et ordonné la « neutralisation » des groupes criminels. Le pays d’Amérique du Sud, qui a longtemps fait figure de havre de paix dans une région tourmentée, est en effet devenu une proie des cartels de la drogue. Où en est-on, dix jours après l’évasion le 7 janvier du pénitencier de Guayaquil (sud-ouest) du redouté chef du gang des Choneros Adolfo Macias, alias « Fito » ?

Des soldats patrouillent dans les rues de Portoviejo à bord de véhicules blindés, le 11 janvier 2024. Le président équatorien Daniel Noboa a décrété l’état d’urgence national en raison d’une vague de criminalité qui sévit dans le pays. AP – Ariel Ochoa

Plus de 22 400 militaires ont été déployés, avec des patrouilles terrestres, aériennes et maritimes. Des perquisitions et des opérations ont été menées dans les prisons. La procureure générale a annoncé « la plus grande opération jamais menée dans l’histoire du pays contre la corruption et le narcotrafic » : l’opération « Métastase ». Parmi les magistrats déjà arrêtés figure Wilman Teran, le président du Conseil judiciaire, un organisme en charge des affaires en lien avec le trafic de drogue et la violence criminelle, justement.

Revue de presse (les articles les plus récents sont en haut de page).


Voir aussi sur notre site : Crise sécuritaire en Équateur : quelques analyses / Équateur en état d’urgence et de «conflit armé interne» (revue de presse et premières analyses/ 10 janvier)


Équateur: désinformation et rumeurs attisent la panique face aux gangs (TV5 Monde / 16 janvier)

Des étudiants se réfugient dans une salle de cours et bloquent la porte face à l’irruption apparemment imminente d’assaillants. Ce type de scènes alimentées par des rumeurs et de fausses informations se répandent dans un Équateur terrorisé après le chaos récemment semé par les bandes criminelles.

Des membres des Forces armées fouillent des hommes lors d’une opération à Quito, en Équateur, le 10 janvier 2024  AFP/Archives STRINGER

Une vidéo de la scène tournée dans la principale université de Guayaquil, grand port sur le Pacifique où les gangs sont tout puissants, a été partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux depuis le 9 janvier et le début d’une crise sécuritaire sans précédent qui a fait au moins 19 morts. Tirs en direct sur un plateau de télévision, gardiens de prison ou policiers pris en otages couteau sous la gorge ou pistolet sur la tempe : l’Équateur a plongé, selon son jeune président Daniel Noboa, 36 ans, dans un “conflit armé interne”. Moins de deux mois après son entrée en fonction, le chef de l’État s’est ainsi engagé dans une confrontation ouverte avec les gangs criminels.

Une autre vidéo partagée des milliers de fois également montre une bousculade entre étudiants paniqués de cette même université. Mais ce jour-là, personne n’a tenté de s’en prendre à eux. “C’était une crise de panique générale”, explique à l’AFP Héctor Hugo, l’un des professeurs de l’université. “Il y a eu du bruit à l’extérieur, des gens sont entrés en courant et le message a été déformé par le bouche-à-oreille. Sur les réseaux, on a même parlé d’un enlèvement, mais il n’y en a pas eu”, assure-t-il.

Dans un communiqué, l’université a fait état de “fausses informations diffusées” sur internet. Mais la désinformation a trouvé un terrain fertile dans un pays autrefois havre de paix, ravagé par la criminalité liée au narcotrafic avec 46 meurtres pour 100.000 habitants en 2023.

Dès le début de la crise, déclenchée par l’évasion d’Adolfo Macias, dit Fito, chef du gang des Choneros, les réseaux sociaux ont été inondés de fausses informations qui ont alimenté la peur. De vraies images, comme celles du raid armé contre une chaîne de télévision à Guayaquil, se sont mélangées à d’autres fausses, comme un prétendu enlèvement de masse dans le métro de Quito ou une poursuite spectaculaire avec coups de feu devant l’ambassade d’Israël, en réalité des exercices de simulation organisés respectivement en 2023 et 2018. (…)

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Équateur: un pays en état de « conflit armé interne » raconté par le correspondant de RFI (Éric Samson / 16 janvier)

Des hommes armés qui font irruption sur le plateau d’une télévision publique, et qui prennent brièvement en otage des employés de la chaîne, c’est ce qui s’est passé le 10 janvier 2024 à Guayaquil, dans le sud-ouest de l’Équateur. Un épisode qui illustre la crise sécuritaire dans laquelle le pays est plongé et qui lui vaut d’être aujourd’hui placé par son président en état de « conflit armé interne ».

Un membre des forces armées équatoriennes patrouille dans la zone portuaire commerciale à Guayaquil, le 15 janvier 2024. © Reuteurs/Ivan Alvarado

Dans cet épisode, Éric Samson, le correspondant de RFI dans le pays raconte le pourquoi de cette situation et la manière dont il travaille. (…)

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En Équateur, avec la libération d’otages et les prisons sous contrôle, la situation se normalise (Le Monde avec AFP / 15 janvier)

L’armée et la police équatoriennes ont repris, dimanche 14 janvier, le contrôle de plusieurs prisons et ont libéré plus de 200 fonctionnaires de l’administration pénitentiaire pris en otages. Selon le général Pablo Velasco, « le contrôle a été rétabli dans six centres » de détention, et une opération est « en cours » dans une dernière prison de la province méridionale de Cotopaxi. « [Il n’y a pas eu] d’accord (…), l’intervention militaire a été postérieure à la libération » des otages, a affirmé le général Velasco.

Vue de la prison de Turi, alors que les forces armées équatoriennes participent à une opération visant à en prendre le contrôle, à Cuenca, en Equateur, le 14 janvier 2024. Stringer / REUTERS

Cette opération à l’échelle nationale, déclenchée quelques heures après l’annonce de la libération de 136 gardiens et d’autres fonctionnaires pris en otage par les mutins, a ramené le pays à une certaine normalité après une semaine de chaos.

Sur fond de « guerre » ouverte ces derniers jours entre les bandes criminelles liées au trafic de drogue et les forces de sécurité, l’armée a diffusé des images montrant des centaines de détenus alignés mains sur la tête, torse nu ou en sous-vêtements, tenus en joue par des militaires. Strictement encadrés par les soldats, les prisonniers devaient chanter l’hymne national, en rangs serrés au pied du drapeau équatorien.

L’administration pénitentiaire (SNAI) avait annoncé que « l’action commune de la police et de l’armée a permis la libération de tous les otages qui étaient retenus dans différentes prisons du pays ». Mais, selon le dernier communiqué dimanche soir, le nouveau bilan de prisonniers libérés s’élève à 201.

Le président, Daniel Noboa, s’est félicité sur X de « la libération » des otages et dit « continuer à travailler pour rétablir la paix ».

Les images diffusées par la police ont montré les gardiens, parmi lesquels de nombreuses femmes, en pleurs, épuisés et soutenus par leurs collègues, peu après leur libération. « Grâce à Dieu, nous nous en sommes tous bien sortis. Nous sommes en bonne santé », ont déclaré dans une autre vidéo sur les réseaux sociaux les otages libérés de Cotopaxi, brandissant un drapeau équatorien. (…)

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Fin de la mutinerie en Équateur : le point sur la situation, après une semaine sous haute tension (Le Point / 14 janvier)

Depuis une semaine, 136 personnes étaient retenues en otage dans des prisons équatoriennes, après l’évasion d’un puissant narcotrafiquant.

Des parents d’agents pénitentiaires pris en otage par des détenus attendent la libération de leur proche, à l’extérieur de la prison de Machala, samedi 13 janvier. (Ariel Suárez/AFP)

L’interminable attente, enfin, s’achève. Après une semaine de calvaire, tous les otages, soit 136 personnes, retenus par des mutins dans les prisons équatoriennes ont été libérés dans la nuit de samedi 13 à dimanche 14 janvier, a annoncé l’administration pénitentiaire.

« Cette nuit, les protocoles de sécurité et l’action conjointe de la police et de l’armée nationale ont permis la libération de tous les otages qui étaient retenus dans différentes prisons du pays », indique ce communiqué.

Au cœur de ces mutineries et prises d’otage : l’annonce de l’évasion, le 7 janvier, du pénitencier de Guayaquil (Sud-Ouest) du redouté chef du gang des Choneros Adolfo Macias, alias « Fito ». Cette évasion a provoqué une vague de mutineries avec prises d’otage dans au moins cinq prisons, des attaques contre les forces de l’ordre et d’autres actes visant à semer la terreur. Au moins dix-neuf personnes ont été tuées, selon le dernier bilan officiel actualisé.

Le jeune président Daniel Noboa a décrété l’état d’urgence et ordonné à l’armée de neutraliser ces bandes criminelles, désormais considérées comme « terroristes ». Plus de 22 400 militaires ont été déployés, avec des patrouilles terrestres, aériennes et maritimes. Des perquisitions et des opérations ont été menées dans les prisons, tandis qu’un couvre-feu a été imposé.

Depuis une semaine que durait leur détention, des otages, sous la menace des mutins armés de couteaux ou d’armes à feu, appelaient régulièrement les autorités à l’aide et à la retenue, sur des vidéos diffusées régulièrement sur les réseaux. Au moins deux d’entre eux, dont l’un a été pendu, ont été exécutés par les mutins, comme des images atroces ont pu le montrer.

Ce sont près de 175 personnes, gardiens et fonctionnaires de l’administration pénitentiaire, qui ont été pris en otage en fin de semaine dernière. Une quarantaine d’entre eux avaient été libérés samedi dans la journée, les autorités évoquant une médiation de l’Église catholique.

« Félicitations au travail patriotique, professionnel et courageux des forces armées, de la police nationale et du Snai […] pour avoir obtenu la libération des gardiens et du personnel administratif détenus dans les centres de détention d’Azuay, Cañar, Esmeraldas, Cotopaxi, Tungurahua, El Oro et Loja », a réagi dans la foulée sur le réseau X (anciennement Twitter) le président Daniel Noboa. Les images diffusées par la police ont montré les gardiens, parmi lesquels de nombreuses femmes, en pleurs, épuisés et soutenus par leurs collègues peu après leur libération. (…)

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Équateur: le président Noboa affine sa stratégie sécuritaire ( Éric Samson / RFI / 13 janvier)

Cela fait des années que les prisons équatoriennes sont sous le contrôle des gangs armés qui s’y livrent régulièrement à des massacres entre bandes rivales. Ces prisons sont de véritables écoles du crime car les nouveaux détenus doivent s’intégrer à ces structures criminelles pour survivre.

Des soldats patrouillent dans les rues de Quito, le 9 janvier 2024. «Les réactions violentes des criminels dans les prisons et les rues montre leur peur des mesures de sécurité que nous mettons en place», a déclaré le président Noboa. REUTERS – KAREN TORO

Entre les patios transformés en piscine dans la prison de Turi ou les fêtes d’anniversaire avec feux d’artifice du leader des Choneros Adolfo Macias qui s’est évadé le dimanche 7 janvier, les gangs faisaient la pluie et le beau temps dans les prisons de l’Équateur dont les gardiens et autorités étaient achetés ou menacés. Une situation que le président Daniel Noboa a l’intention de changer.

Lorsqu’il a présenté les plans des deux nouvelles prisons de sécurité maximale dont la construction va commencer dans des zones rurales des provinces de Pastaza et Santa Elena, Daniel Noboa n’a pas parlé de centres de réhabilitation sociale mais bien de centres de privation de la liberté. Une nuance qui n’est pas que sémantique pour les futurs détenus : « Ces prisons compteront des pavillons de “super maximum”, “maximum” et haute sécurité, avec blocage de signaux de portables et téléphones satellitaires, des contrôles d’accès renforcés, trois murs d’enceintes, des constructions blindées et des gardiens anonymes aux visages couverts ».

Outre trois prisons flottantes qui devraient arriver dans sept ou huit mois, ces nouveaux centres seront construits par la même compagnie qui a édifié la méga prison de plus de 40 000 places du président Bukele au Salvador. En Équateur, les centres seront beaucoup plus petits avec 224 cellules pour 736 prisonniers chacun, ce qui laisse penser que ces deux prisons seront réservées aux prisonniers les plus dangereux. « C’est le début d’une opération urgente de dépuration du système pénitencier qui a été dominé pendant les années par les mafias. Les réactions violentes des criminels dans les prisons et les rues montre leur peur des mesures de sécurité que nous mettons en place sur le territoire », a encore déclaré Daniel Noboa. (…)

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Violences sans précédent en Équateur : premier bilan des opérations de l’armée (France 24 / 11 janvier)

Le président équatorien Daniel Noboa a déclaré mercredi 10 janvier le pays en “état de guerre” contre les bandes criminelles liées au narcotrafic. Le commando des forces armées a annoncé un premier bilan après 24 heures d’opérations : 329 supposés terroristes ont été capturés, cinq tués, 41 otages libérés, et 28 fugitifs recapturés. 


L’Équateur en état de « guerre interne » (Décryptage / Anne Corpet / RFI / 11 janvier)

L’Équateur est en état de « guerre interne » contre les bandes criminelles. Le président Noboa l’a annoncé mardi 9 janvier 2024. Depuis l’évasion dimanche 7 janvier du leader du gang des Choneros et d’un autre délinquant accusé d’avoir planifié l’assassinat de la procureure générale du pays, des troubles violents ont éclaté dans les prisons et dans de nombreuses provinces.

Quito, Équateur, le 14 août 2023 : l’armée est mobilisée pour sécuriser le pays. Plusieurs régions sont sous état d’urgence et l’Équateur est sous grande tension en raison de la violence à quelques jours des élections générales du 20 août. © Henry Romero/REUTERS

Explosions, voitures incendiées, échanges de tirs dans les rues… Les écoles, les commerces sont fermés. Vingt-deux bandes armées ont été qualifiées de terroristes par le pouvoir, qui tente de reprendre la main sur les événements.

L’éclairage de Emmanuelle Sinardet, professeure de Civilisation latino-américaine à l’Université de Nanterre, responsable du Centre des études équatoriennes. 

Podcast de l’émission à écouter ci-dessous ou ici


L’Équateur, nouvel épicentre du trafic de cocaïne (Guillaume Villadier / TV 5 Monde /10 janvier)

En quelques années, l’Équateur est devenu l’un des centres névralgiques du trafic de cocaïne venu du Pérou et de la Colombie. Les derniers déchainements de violence en Équateur jettent une lumière crue sur l’ampleur du trafic de drogue en Amérique Latine. La liste est longue, du Salvador à l’Équateur en passant par le Mexique, le Pérou et la Colombie.

Reportage de TV5 Monde